Transat à la Voile , Embiez, Baléares, Canaries, Cap Vert,
La Martinique

 


Décision
Eh bien,voilà, après avoir tourné en rond ici au Brésil pendant deux mois, je rentre en France, et je repars à la voile début Novembre, direction Canaries, Cap vert, Antilles, Brésil. Dépèchez vous de vous inscrire, j'ai déjà pas mal de demandes d'équipiers/ères.
Bon, ça fait un moment que je rêve de partir,il y a eu le Niger, puis la Mauritanie, Le Mali, et à nouveau le Niger dans le Ténéré.
Quel plaisir de se balader presque seul dans les dunes.
Partir à la voile, ça fait longtemps que c'est un peu là, dans un petit coin de la tête, j'osais pas, et puis j'avais pas les moyens.
Et puis un jour, merde, je vends un appart, et j'achète un bateau, c'est simple, facile comme une signature.
Ben, je l'ai acheté ce voilier, un peu ancien, pas mal de travail à faire dessus,le moteur a été changé en 2003, depuis 2006 j'ai tout refait à neuf, haubans,genois,grand-voile, frigo,guindeau, VHF,Blu,ligne d'arbre,Hélice,Girouette,
anémomètre,sondeur,pilote automatique,étai largable, Ordi portable,panneaux solaires,mouillage,Etc...
Ensuite, maison vendue, et prêt à partir, enfin,presque;
impossible de décoler,il y avait encore des amarres invisibles.
Eh bien ces amarres,elles ont laché ici, au Brésil, ici j'ai appris une autre langue, c'est pas si difficile, pourtant j'avais tellement, ancré en moi, la certitude que ça me serait impossible.
J'ai vu et senti tellement d'autres "choses",si loin de notre pensée.
J'ai repris confiance en ma capacité à ouvrir les portes.
Alors j'ai repris le gout de marcher, de bouger,d'aller voir à coté...

Les amis,

"oui j'ai bien lu et en fait je suis à la fois très envieuse de cette forme de liberté que tu as choisie, mais aussi très en colère
parce que c'est sans préavis et "violent"
...tu sais...mais je te souhaite une belle et lumineuse transat...bises "
Vio a dit:" j'peux venir ? "
j'ai aussi lu:
"Bien que tu saches ce que j'en pense -co équipiers/ères ou pas...- et que je sais que tu es têtu comme un âne, je salue ton projet car après tout il t'appartient. Bon, dis un peu quand tu reviens que je vois un peu ton Navire (...) et ta tête de baroudeur brésilien.
Bises !
"



-Départ des Embiez entre le 1er et le 10 Novembre,
-Descente assez directe vers les Canaries, visite de quelques iles.
-Le Cap Vert, visite des iles autour
-Puis traversée vers les Antilles, reste à savoir où,
-Ensuite descente vers le Brésil

Le bateau,
Un quillard de 1973, Kirk des chantiers Amel, 10m75,coque solide épaisse, un peu lourd, tient bien sur l'eau, remonte bien au vent, profite mal des vents faibles
au portant.


 

Départ prévu début Novembre, entre le 1er et le 10,
aussitot que possible, pour éviter le froid qui arrive.
Je rentre du Brésil le 1er Octobre,et je me donne un mois pour finir de préparer le bateau.
Ensuite, le choix de cette période, pour une transat, est lié à la présence régulière et connue,
de vents, les alizés, qui ont tendance à s'établir de Décembre, à Avril, dans cette zone,
entre les Canaries,le Cap Vert, et les Antilles.
Plus tard, l'été, il y a des risques de cyclones.
Mais je présente des généralités pas tout à fait exactes,
d'autres écrivent vraiment sur ce sujet, voir "Banik"

 
L'équipement de Skokian

Coté voile:
-GV
-Genois à enrouleur
-étai largable
-genois double, c'est à dire qui s'ouvre en papillon
(surface d'un spi)
-tourmentin
-drisse de spi
Coté moteur:
-35cv, nanni diesel
-ligne d'arbre
-hélice tripale
-Moteur d'annexe , Yamaha, 2,5cv
Coté électronique:
-Ordi portable - logiciel lecteur de carte - antenne gps Usb
-pilote automatique
-girouette anémometre
-sondeur
-détecteur de radar
-Vhf
-Blu
-Gps à main en dépannage
-deux panneaux solaires
-chargeur de batteries
-trois batteries


Coté vie à bord:
-Eau froide 250 L
-salle d'eau, wc, douche
-lavabo
-plaque de cuisson
-Frigo
-douchette de pont
-pompe eau de mer
-2 cabines, avant 2pl, arrière 1pl
-carré couchage 3pl
Coté Sécurité
-radeau survie 4 places
-annexe 4pl
-gilets harnais de sauvetage automatiques
-Ligne de vie
-longe d'accrochage
-trois ancres, deux mouillages complets


à faire pendant octobre avant de partir

Skokian est équipé d'une GV presque neuve, d'un genois à enrouleur récent, étai largable, un tourmentin neuf:
-J'ai un genois double qui a besoin d'une petite réparation.
-et je voudrais partir avec un Spi assymétrique neuf, à commander tout de suite. (quinze jours de délai de livraison)
-Le radeau de survie doit subir sa révision normale
-Au niveau communication, il y a une vhf et une blu récente, mais j'ai un doute sur la possibilité de bien capter la météo en plein atlantique, et aux Antilles, donc:
-Je vais m'équiper d'un telephone satellite qui sera branché à l'ordi.
-Coté navigation, il y a un ordi portable, avec un logiciel de lecture de carte et toutes les cartes . Une antennes Gps en USB, un Gps à main de secours. Il y a aussi un petit portable de secours, que je vais compléter par une deuxième antenne Gps. Et j'ai commandé toutes les cartes papier pour cette traversée, Canaries,Cap Vert,Antilles et Brésil.
-Il faut ajouter cinq jerricans d'eau, et cinq de gasoil, et prévoir leur fixation.
-Installer,et apprendre à se servir du tel satellite.

 


l'équipage
En même temps il faut trouver, choisir des équipiers.
Pour l'instant les propositions les plus toniques, engagées, sont celles de jeunes filles qui semblent avoir une sacrée énergie, qui ont fait des formations voile,et qui en plus ont des projets super sympa en Amérique du Sud, donc de "vrais" raisons d'y aller.
Mais bon; ce moment, ou des équipiers se présentent, sans être complètement décidés, et ou moi aussi j'ai des choix difficiles, c'est un moment un peu pénible, chacun évaluant l'autre, dans les deux sens, laissant planer un flou d'une consistance indéterminée; bref.
Il y a deux soeurs qui paraissent déterminées, mais une des deux s'est blessée à la cheville. Les propositions des mecs sont sympa aussi, mais moins toniques. Aujourd'hui, 28/09,il n'y a qu'une équipière potentielle qui est très décidée. Les autres propositions sont plus hésitantes et restent en attente de mon retour en France.
Mais,bon, les personnes qui restent en attente d'un "bus" pour les Antilles, sans participer, ni poser de questions, ça me laisse un peu perplexe, ou en attente moi aussi. J'ai l'énergie pour partir, mais j'attends déjà l'énergie d'équipiers.
Le 4/10 je reçois un mail de Jean Baptiste, qui veut faire cette transat avec arrêt aux Antilles.Il a l'air bien décidé, et telephone le lendemain pour dire qu'il pourrais venir vers le 17/10. Ok pour moi.
Le 6/10, il rappelle pour me poser la question des assurances,j'avais un peu oublié. Je suis passé à la Matmut, mon contrat est correct, et couvre les équipiers, assistance, monde entier, rien à changer.
7/10 nouvelle demande d'équipière,je sais pas quoi répondre; on est complet ? mais un désistement est toujours possible ? des jeunes qui ont de l'énergie, ça fait plus plaisir que des gars qui attendent que je les rappelle ?
- Lundi 10/10 Julie est venue " voir" le bateau, et le "capitaine", Sentir un peu l'air de la mer.
Nous nous sommes mis d'accord pour tenter l'expérience. Rendez vous est pris pour début Novembre.
-Jean Baptiste confirme sa visite pour Lundi 17, décidément, Lundi est jour de réception.

Ce que je sais faire:
-Barrer
-régler les voiles
-Changer les voiles
-Naviguer au pilote automatique,
-Faire une route sur ordi,
-Suivre une route,
-Gérer toute la partie voile,
-prendre la météo méditerrannée
-Les mouillages
-la vaisselle

 

Ce que je ne sais pas faire:
-prendre la metéo pour l'atlantique, avec un tel satellite, sans que ça coute une fortune.
-je ne sais pas bien cuisiner .
-Je ne sais pas quelles provisions il faudra emporter, et quoi choisir.

En cours:
-les cartes papier sont commandées
-recevoir les fichiers météo, ça y est , c'est fait
-Lundi 3/10,Julie a téléphoné et rdv lundi,
- Mardi 4/10 j'ai mené les voiles à vérifier
- Mercredi 5/10 j'ai reçu les cartes
-Jean Baptiste a appellé aussi et viendra vers le 17
Octobre
-j'ai commandé Spi , Tel satellite, dessalinisateur,pilote auto de rechange
-6/10 reçu pilote auto de rechange,
-les trois jerrican d'eau sont en place.J'en prend pas plus puisqu'il y aura un dessalinisateur.
-8/10 le tel satellite est arrivé, la pose de son antenne n'est pas simple.
-J'ai changé les joints des capots de cabines et coffre moteur.


 

-J'ai trouvé un logiciel de lecture de carte open source "Opencpn". il semble moins lisible que celui que j'ai, mais je l'ai installé,et avec l'habitude on s'y fera.
-10/10 antenne satellite enfin posée.
-11/10 je commence l'installation du tel sat, mon vieil ordi déconne, je le change,
les notices d'emploi du tel sont en anglais, j'échange des mails incendiaires avec le service après vente de "E SAT",
ils ne veulent pas fournir de notice en français. Heureusement, il y a des passionnés de voile qui ont mis en ligne des tutoriels très détaillés sur l'installation d'iridium et PC, et skyfile,
-le 12/10 au soir je parviens enfin à envoyer un premier mail d'essai, par satellite. C'est pas trop tot, deux jours de galère,
en relation avec un SAV qui ne fait son boulot qu'à coup de pied au cul.
-13/10 mon voisin de ponton m'a proposé une canne moulinet d'occasion pour la pêche à la traine;
j'y pensais depuis un moment, mais j'hésitais à me mettre sur le dos et les mains, un matériel de plus, dont il faudrait
que j'apprenne le maniement,plus tous les petits accessoires, hameçons,appats artificiels,.......etc....
Et puis ce serait trop bête de ne pas pêcher un peu au cours d'une traversée comme celle là; d'autant plus qu'on aura rien
de frais à manger, et que le poisson cru avec quelques sauces japonaises, c'est délicieux.
Donc j'ai craqué, et nous voilà équipé pour la pêche "au gros". J'espère qu'on n'en ramènera pas de trop gros.
c'est tellement triste de voir ces bêtes mourir sur le pont du bateau, et c'est en même temps tellement bon dans l'assiette.
-14/10Le pilote automatique avait une panne aléatoire, j'ai changé son compas électronique, fait un essai en mer ce matin,
refait les réglages, il marche bien de nouveau.
Puis rangement du pilote de rechange, de la canne, du dessalinisateur, ...etc....
- Plus la préparation du bateau avance, plus j'accumule du matériel de sécurité, et plus je me dis qu'on peut pas partir à quatre, on serait trop serrés, ça me contrarie, j'ai des demandes de personnes sympathiques, avec des projets au Brésil ........mais bon, il va falloir que je me fasse une raison , trois c'est bien .
-Du 20 au 30 /10, J'ai reçu le spi asymétrique, rose fuschia et jaune, placé une protection d'étrave, qui sert de renfort pour le "bout dehors" que je vais fabriquer et installer sur le davier, j'ai préparer des ferrures pour poser les poulies de renvoi de l'écoute de spi. Le tangon était foutu, il m'a fallu en faire un neuf.
La GV et le booster ont été révisés et ramenés sur le bateau.
Toutes les voiles sont enfin à bord, et ça sent un peu plus le départ, presque tout est près.
il me reste à réviser le moteur d'annexe; je ne suis pas parvenu à démonter son rotor de pompe à eau de mer, je l'ai donc confié au chantier des Embiez. D'habitude je préfère faire moi même, pour savoir comment réparer en cas de problème. On verra .
J'ai finalement réussi à démonter les feux de routes pour en refaire l'étanchéité, et pour au moins savoir quelles ampoules il y a à l'intérieur.
29 /10, Aujourd'hui, j'ai enfin ramené l'outillage à la voiture, fini la soudure, etc.......
-30/10 après plusieurs jours de recherche, j'ai trouvé comment avoir une alarme moteur audible en cas de manque d'eau ou d'huile. Deux buzers de plus et je suis sûr que mes équipiers entendront s'il y avait un problème moteur.
-le bout dehors pour le spi est installé ,ainsi que les poulies de renvoi d'écoute. Premier essai dans le port:

4-11- le bateau et moi sommes prêts ou presque; les voiles sont toutes revenues à bord, ainsi que le radeau de survie, après révision. Je me suis à nouveau familiarisé avec la BLU, cette radio bizarre qui permet de capter des messages textes météo via un logiciel de décodage. J'avais "Mscan météo ", mais ces enfoirés s'arrangent pour que l'on soit obligé de payer à nouveau pour des logiciels compatibles avec les nouveaux windows 7. c'est sans fin leur système. Alors j'ai trouvé ,grace aux passionnés de voile qui ont cherché avant moi, et qui surtout ont pris la peine d'écrire leurs solutions sur leur sites persos, j'ai donc trouvé un logiciel de décodage pour RTTY, "navtmsgs" gratuit, et associé à un autre "Seatty"qui lui coute 40€. Et voilà ça marche aussi bien que "mscan meteo" qui lui coute 260€, et pour lequel il faudrait continuer à payer chaque fois que microsoft changera son OS . Qu'ils aillent se faire .............................. toute cette bande de racaille. Et merci encore à ces citoyens du "monde" qui continuent à être solidaires et à partager.
Le créateur de ce logiciel de décodage est un gars qui a aujourd'hui 75 ans.Il a arrêté de navigué depuis cinq ans, mais aujourd'hui je lui ai envoyé un mail, pour préciser quelques détails; il m'a répondu une heure après, très sympa et efficace : merci ,Gerard Hageman, pour ce coup de main.
- Il y a eu quelques démarches administratives, assurances, banques, transfert de courrier , un dernier déjeuné à terre avec les amis, petit à petit toutes ces amarres invisibles cèdent la place à l'excitation du départ, l'angoisse du départ ................. Dire que ce petit bateau va se trouver dans quelques jours au milieu de l'atlantique, cet océan assez grand tout de même. On évoquait ces pensées avec mon amie de Lisbonne, pour dire finalement qu'un bateau de 10m c'est petit, mais un de 20m c'est tout aussi insignifiant par rapport à la taille de ce désert d'eau..
-Aujourd'hui, essaie du moteur d'annexe; essence changée. Ménage et rangement dans le carré histoire de faire une bonne impression aux équipiers qui arrivent demain. Le temps est instable, pluie, vent fort en rafales d'est. Moi qui avait imaginé larguer les amarres sous un soleil flambloyant, j'ai l'impression que le départ va être mouillé. On verra...............le temps peut encore changer.

 

Samedi, Jean Baptiste arrive avec son père, Ils font le tour du bateau,....................
Julie arrivera plus tard, elle reste avec ses copains de La Seyne, pas la peine de venir plus tot, vu le temps.
Pas la peine non plus d'investir le projet apparemment ............J'ai un peu l'impression d'avoir vendu un voyage clef en main, à deux jeunes en mal de sensation, et à un prix défiant toute concurrence: juste leur présence....et participation à la "bouf". C'est "internet" et "l'immédiateté".
Après une demi journée à prévoir la "bouf" pour deux mois, on décolle faire les courses Lundi matin, puis après midi rangement, pendant que je vais me chercher une veste de quart étanche, et ramener quelques denrées oubliées.
En revenant au bateau, je suis interpellé dans la nuit qui s'installe; c'est J.B qui m'appelle, Julie c'est blessée; elle arrive derrière en clopinant; on discute ,qu'est-ce qui c'est passé; chaussée de sandales, elle s'est enfoncé une ferrure de coffre dans l'orteil. Elle fini par accepter que je l'accompagne jusqu'à la pharmacie, de là chez le médecin. Il y a du monde, je la laisse.
Elle retrouvera ses copains de La Seyne le soir,et on la voit arriver le lendemain, avec un pansement, pas de points, une ordonnance, des antibiotiques. ça me plait pas cet accident, il y a quelque chose qui cloche. Je lui demande d'y réfléchir un peu; mais dit-elle; non rien, un accident ça arrive; oui, bien sur, mais en sandale sur un bateau, c'est dangereux : bof! il y en a qui font de l'escalade pieds nus ; oui bien sur, mais ils ont un degré extrèmement élevé de conscience de leur corps, de leur mouvement, alors s'il te plait, je voudrais que tu t'engages à faire attention, mettre des chaussures .
à part moi, "Je sens bien que c'est pas gagné, tête de mule" . ça continue de m'inquiéter .
Du coup on reporte le départ; pas plus mal, la météo est mauvaise et le sera encore deux jours.

Finalement, on part le 9/11, Mercredi , juste quand la tempête s'apaise, en début d'après midi, avec un ris, un peu de genois; il reste de la houle et entre 15 à 18 noeud de vent, nous avançons à 7 noeuds de moyenne pendant un moment, puis une nuit avec moins de vent mais assez pour marcher entre 6 et 7 noeuds.
Je ne me souvenais pas d'avoir vu Skokiaan aller si vite . Quel soulagement d'arriver à décoller , nous sommes bien d'accord la dessus ; avec ce temps pourri, on avait l'impression que ça n'arriverai jamais . Après une nuit rapide, le vent se calme , on avance sous quelques rayons de soleil.
Je n'arrive pas encore à réaliser qu'on est parti pour ......deux ou trois mois .........de l'autre coté vraiment,......les Antilles, Le Brésil .........
On passe une deuxième nuit en mer, et deux oiseaux nous rendent visite dans la nuit.ils viennent se reposer. l'un d'eux vient picorer ma sangle, et je me dis qu'il a faim. Il se jette sur les miettes de pain que je lui envoie, et apprécie encore mieux l'eau que je renverse sur le pain. alors là ,c'est sur , j'ai un copain. Puis une deuxième journée, c'est long pour parcourir 200 miles, le vent tourne au sud , et faire du prêt par 5 noeuds, on avance pas.Julie profite du calme pour jouer "petite fleur" à l'acordéon, c'est ma chanson préférée. Cette musique à l'acordéon, c'est fou ce que ça va bien avec la mer, le bateau....Finalement on décide de mettre le moteur pour atterrir à Mahon avant la nuit, et se reposer un peu.
Accueil sympa à Mahon, on vient nous placer aussitot arrivé, un zodiac, ils peuvent car la place est chère, 37 € la nuit avec réduction parcequ'on a un peu "pleuré" !!!!!
On fait quelques courses, les jeunes vont balader, et je reviens vite au bateau me reposer.
Je suis un peu tendu, les jeunes ont l'air bien, mais un peu trop décontracté à mon gout; on ne se prépare pas vraiment à une transat: Julie est novice ou presque et Jean Baptiste très théoricien de la voile. J'ai essayé de faire comprendre à Jean Baptiste moniteur de voile, que ce serait important d'apporter à Julie les bases indispensables pour qu'elle puisse être un équipier efficace rapidemment, sans ce perdre dans de la théorie complexe, et superflue. Je me suis pas bien fait comprendre; lui argumente, disant que Julie veut apprendre le détail, et moi terminant sur : c'est moi qui commande ici, et j'insiste sur la nécessité de prendre des raccourcis. Compréhension impossible.
J'ai deux gamins entêtés, une qui refuse de mettre des sandales, alors qu'elle s'est déjà blessée, et l'autre qui veut faire "école de voile".
Lendemain, on décolle tôt direction Carthagène. Un petit vent nous rejoint à la sortie de Mahon, et on aperçois au loin un voilier qui semble faire la même route.
On essaie pour la première fois le spi assymétrique, le bout dehors est utile, les points d'écoutes sont bien placés et ont marche à près de huit noeuds avec 10 noeuds de vent apparent. Cette voile mauve fait un effet ........................

Il nous faudra la journée pour reprendre les quelques 5 ou 6 miles d'avance qu'avait le voilier devant. On a fait tout ce qu'il fallait pour le doubler, pensant que se serait une super victoire à l'arrachée sur un bateau plus grand, plus beau, etc.........et bien non; c'était un bateau un peu plus petit qui allait drolement bien sans spi. Quelle déception........Nuit en mer sans problème, à part mon manque de sommeil, et le pilote qui tient pas, les batteries sont vides. Dans la matinée suivante le vent fraichi un peu, le pilote continue à montrer ses limites dans une allure grand largue et une houle assez forte.
Jean Baptiste barre longtemps avec le gênois qui fasseye. J'essaie de lui expliquer qu'on ne doit pas naviguer comme ça. Les voiles doivent être gonflées, si non elles s'abiment vite.
Il continue à faire ses essais, à chercher; je ne dis rien, mais ça m'énerve . Je ne suis pas un bateau école, et j'ai bien envie d'avoir encore un gênois entier pour cette transat; "oh mais t'inquiètes pas, c'est costaud un gênois, c'est fait pour ça". Je baisse les bras, et je me dis que nous sommes dans une dimension d'incompréhension totale. Puis Jean Baptiste émet l'hypothèse de rejoindre la cote espagnole au plus court, en tirant plus à l'ouest !!!!!
Je ne comprends pas bien l'intérêt, puisque ça nous ferait suivre une route presque aussi longue, mais sans nous avancer dans notre direction qui est Sud. Bon, on ne change rien. Un peu plus tard, pour essayer de satisfaire à sa demande, je lui propose de s'arrêter à Formentera qui est presque sur notre route ; c'est une opposition nette que je reçois de sa part. Bon, je fini par insister, car je ne me sens pas de faire une deuxième nuit en mer, je n'ai pas encore trouvé un rythme de sommeil convenable, et je commence à être fatigué par une opposition que je ressens comme un peu systématique. On fait route vers Formentera par le Sud. Au bout de quelques miles, Jean Baptiste propose de passer par le Nord de l'ile, et insiste car on aura une "meilleure allure" : je l'invite à vérifier sa proposition sur la carte . J'avais éliminé cette solution, car par le Nord, il y a un passage étroit et peu profond entre des petites Iles, et celà ne me paraissait pas très sûr. A distance égale , autant prendre une voie sans problème. Il confirme son idée, d'un air très professionnel, et je décide de suivre ses instructions; on verra bien, laissons le assumer jusqu'au bout ses choix. Quelques minutes plus tard, Julie, qui a pris la peine de regarder le pilote cotier, signale un passage difficile par cette voie Nord. C'est bien ce que j'avais vu sur la carte. Je dis rien, mais ,bon......... merci Julie.

On arrive à Formentera, je mets les pares battages assez tot, demande une fois de plus à ce grand dadet de Jean Baptiste de se placer sur mon coté ou derrière moi, mais pas devant moi ,quand on rentre dans un port, j'ai besoin d'une bonne visibilité.
Une fois amaré, ils veulent me parler ; ils me trouvent pas très sûr, assez stressé, et ça ne les rassure pas. Et puis refuser de descendre direct sur Carthagène, c'est mauvais signe pour eux, pas assez préparé, "on te sent pas sûr" . Je suis un peu choqué, et fatigué, et un peu marre d'une légère tension qui s'est mise en place. Je réponds à Jean Baptiste que je le sens en opposition systématique avec moi, et vu ce qu'il m'a dit de ses rapports conflictuels avec son père, je lui signifie que je n'ai ni capacité, ni l'envie de le laisser rejouer avec moi les comptes qu'il a à régler avec son parent. La dessus il s'énerve, refusant mon interprétation de la situation . Ils vont partir, il me propose de m'accompagner vers un port, ce à quoi je réponds que je n'ai pas besoin d'eux, merci.
Et voilà, ils sont partis, bateau vide tout d'un coup. Moi aussi, j'avais des doutes sur notre capacité à continuer. Et ce pilote qui ne m'inspire pas confiance.
Le rêve s'arrête là....!!!!!!! j'ai besoin de quelques minutes, quelques heures, pour digérer la situation.
Non, ça s'arrête pas là; il me faut un pilote fiable, et un radar pour ne plus être dépendant d'équipiers. J'en emmènerais si possible, mais dès le départ carte sur table:
On essaie de faire une croisière, pas une école de voile, on apprends autant qu'on peut, chaussures aux pieds, pour éviter de s'arracher un orteil dans les bouts. Que de bonnes résolutions........c'est pas facile.......je le sais, depuis cinq ans, il en est passé des équipiers et équipières, je ne crois pas qu'il y ai une recette. Il y a des personnes avec qui ça marche, d'autres moins bien, d'autres pas du tout.
Le lendemain je reste à Formentera, ville fantome l'hiver, tout est fermé, ou au ralenti.
Une journée de réflexion pour décider que je reviens aux Embiez pour changer ce pilote, et installer un radar. Une journée pour voir si les équipiers ont quelque chose de plus à dire...! Non, je ne les revois pas. Donc direction Majorque dès le lendemain, je passe ,au moteur, par le chemin étroit, au Nord, pour voir comment c'est,et file ensuite vers Cala Bona, un petit port de Majorque ou j'arrive après 24h de nav, crevé, j'amarre, et je m'endors aussitot.Trois jours plus tard je suis aux Embiez, après une arrivée de nuit, sous des rafalles de 30 à 35 noeuds et au près. Je terminerai au moteur, pas envie d'arriver à trois heures du mat'.
Remettre en place les amarres ,que j'avais coupées à la disqueuse avec beaucoup de plaisir, est assez désagréable. Ce retour est une forme d'échec ; j'ai beau me dire que je repars dès que les nouveaux appareils sont placés, ça ne me console pas vraiment.
Enfin, c'est comme ça !!!!!!! J'ai appris qu'il fallait que j'aille au bout de l'équipement de ce bateau, et en passer par le changement du pilote, et l'installation d'un radar, et aussi, emmener des équipiers désireux de m'accompagner, mais en sachant que je ne suis pas un vieux marin qui sait tout, ou qui va tout leur apprendre en quinze jours. Je découvre moi aussi certaines facettes du voyage. Il faut concevoir la navigation vers les Canaries et le Cabo Verde comme période d'essai ou chacun peut revoir sa position........

Après 15 jours de bricolage non stop, le pilote avec vérin hydraulique sur barre franche est installé, et le radar aussi.
Alors un petit compte à régler avec les sociétés "E Sat, AD pour Accastillage Diffusion ,et Raymarine, Tous trois vendent ou participent à la vente de matériel électronique, et ne fournissent que des notices papiers en Anglais, pour du matériel vendu en France . Ainsi on peut noter que les dirigeants de ces sociétés sont ,il faut le dire, des "connards". Impossible d'obtenir ces fameuses notices ou guides de paramétrage en français sur papier. Après bien des recherches, pour le pilote raymarine Smart pilot X5, j'ai pu les trouver auprès d'autres "Voileux", les voici donc en accès libre pour ceux que celà pourrait intéresser.

Ce qui reste assez étonnant ,c'est que ces modes d'emplois en Français existent, sans doute produits par Raymarine, mais qu'ils refusent de les fournir à leurs clients. J'ai bien l'impression qu'il s'agit là d'une "nouvelle" pratique commerciale illégale et particulièrement dégueulasse.
" Raymarine, Accastillage Diffusion, etc.......Sacré bande de Connards ".

Enfin,le départ est pour bientot

11 / Décembre, Deuxième départ pour Canaries, Cap Vert et, si tout va bien, Antilles, Brésil.
Départ matin de bonne heure, nuages, pas de vent, on profite pour faire le réglage du pilote, grace au mode d'emploi que j'ai pu imprimer la veille seulement. Puis nous profitons de 10 noeuds de travers et on avance à 5/6 N. Au large on voit quelques dauphins qui accourent vers Skokiaan, en faisant des bonds comme ils savent faire, puis ils nous accompagnent à l'étrave et repartent vers d'autres amusements.

Ils ne lassent pas de m'étonner ces dauphins; ils arrivent, viennent jouer un peu , et s'en repartent.
Qu'est-ce qu'ils font ????? J'aimerais bien croire qu'ils viennent communiquer, je le crois un peu même.
Pourtant ???? je m'invente une communication meilleure qu'avec les humains ?? en tout cas c'est plus beau, et tranquille . Dans la nuit, Baptiste en a vu à nouveau , il y avait une superbe pleine lune.
Ensuite , plus de vent, et obligé de mettre le moteur, car pour la nuit suivante, on s'attend à du vent fort sur Minorque, et de face.
On a rallié Minorque Lundi soir, arrivé de nuit vers 23h à Ciutadella . Il a fait très froid
et j'attends avec impatience que la température se réchauffe, mais c'est sûr qu'il faut être réaliste,
c'est pas pour tout de suite.
Le nouveau pilote marche bien (sous peu de vent pour l'instant), le radar aussi.
Baptiste, mon nouvel équipier à l'air d'être content d'être à bord, il se régale en mer.
Un jour de pose ici, trop de vent, et contraire.
Le lendemain, on repart en espérant avancer au près bon plein, mais en fait on a 15 à 20 noeuds,
de secteur Sud; on fera 6 heures de près serrés, pour finir avec trois heures de moteur, et arriver
nuit tombante, épuisés, à Cala Bona, sur Majorque. Petite ville balnéaire pas jolie du tout.
On ne pouvait pas continuer à faire du près toute la nuit.
Le lendemain, on repart avant l'ouverture de la capitainerie, comme ça, incognito, pas de frais de
port pour cette nuit. Oui, pas très élégant ...............................
Nous trouvons un vent sympa, 10 noeuds entre bon plein et travers, et du soleil. On arrive vers 15h
à Puerto Colonia Sant Jordi, en face de Cabrera, pour nous mettre à l'abrit, car le vent se lève fort dans la nuit et toute la journée de demain 30 à 40 noeuds attendus . à 21h on revoit l'amarrage, car un gars de la capitainerie viens nous voir pour nous prévenir que ça va souffler, puis c'est un voisin Anglais qui nous alerte aussi, et on fini par se dire que le port n'est pas très protégé, et que si les "indigènes" sont si prévenants et stressé, c'est qu'il doit y avoir des raisons; nous avons été bien "boulégués" toute la nuit, les drisses qui claquent, etc ...Nous sommes le 16 de "deciembre", journée de repos, douche, et lessive. Lendemain, encore coincé ici, trop de vent, puis ça se calme en fin d'apm, donc c'est sûr on reprends la route demain pour deux jours, deux nuits vers Cartagène, ou il faudrait faire réparer la GV.

Au passage, un peu de pub pour ce logiciel de navigation gratuit, OpenCPN, qui marche bien, juste l'essentiel, pas compliqué, et un grand merci aux concepteurs qui rendent ces services super, gratuitement, quand les "commerçants" font payer cher des merdes sans mode d'emploi, et avec un mépris plus qu'abusif envers nous, les clients, " les cons" aussi sûrement. Mais bon, avec mes projets maintenant, plus de temps à perdre en procès. C'est dommage car c'est le seul moyen de calmer ces connards qui prennent le pouvoir et l'argent partout sans donner en échange, ce pour quoi on a payé.
Après deux jours de repos forcé, nous reprenons la mer avec 2O noeuds prévus pour deux jours et une nuit.
En fait de vent on aura plutot entre 12 et 17 N, travers ou grand largue, avec du soleil. il fait très froid, ce vent du Nord-ouest a fait descendre la température. Vers 20h nous sommes encore à deux heures de Cartagena. J'ai toujours autant d'appréhension à l'idée d'arriver dans un port la nuit, à plus forte raison un grand port. On opte pour un changement de cap vers un petit port très proche. On a du mal à trouver les bouées d'entrée du port, le chenal d'accès ....Tout se passe bien , on arrive vers 22h dans un canal d'accès au port " Thomas Maestre" (20 miles avant Cartagene), mais on ne pourra y accéder car le canal d'accès est barré par un pont qui ne s'ouvre que la journée. Que faire??? nous sommes dans un endroit protégé de digues, pas de port, des constructions en cours, des immeubles au bord du canal. Difficile de distinguer de nuit ,ou nous sommes vraiment, quel genre d'endroit. Finalement, bien fatigués, la réflexion ne se prolonge pas longtemps, je décide de mouiller à l'entrée du canal, un endroit assez large, ou certaines maisons semblent disposer de bouées de mouillage pour de petites embarcations. C'est assez bizarre comme impression; de mouiller là , prêt de maisons, et d'autres zones indéfinies, comme un terrain vague ......? De nuit on ne sait pas ou on est. Celà me rappelle un peu quand je transportais mes ruches,une cinquantaine sur le camion,et qu'au petit matin, après les avoir déchargées, éreinté,je me couchais dans l'herbe, avec mon duvet, et j'avais cette même impression d'insolite à être dans "l'inconnu", et de découvrir mon environnement avec surprise en me réveillant le lendemain,parfois avec un crapaud sur moi.
Dès le matin, Baptiste se met en quête d'un moyen pour entrer dans ce port, et d'une voilerie pour faire réparer la grand voile. En fait, on trouve une voilerie à Cartagena, et donc on repart aussitot vers ce port. Arrivé vers 16h, à 17h Mr Ruiz vient voir notre voile et l'emmène pour la réparer. Lendemain, repos, laver linge, trouver internet et prévision météo, balade dans la ville pour Baptiste, moi control huile moteur, niveau inverseur, pilote, bref les vacances habituelles. Vers 15h notre voile reviens réparée, un peu baclée peut-être la réparation: toujours l'inquiétude à fleur de peau, ..........enfin, incorrigible ce vieux moi.........
Lendemain , route vers Alméria, une belle traversée au vent, on a pêché notre première Bonite, en une demi heure de traine. Soleil,vent modéré, on sort le spi qui se met en "soutient gorge" gonflé en haut et en bas, avec un tortillon au milieu. Impossible de résoudre ça à l'amiable, obligé de l'afaler et de recommencer. Le deuxième envoi est réussi.On navigue un moment comme ça, tellement calme, que je laisse Baptiste seul dans le cokpit, et j'essaie de dormir; j'y arrive un peu, mais le bruit augmente avec le roulis, et me réveille, Baptiste ne dit rien, mais, ça c'est accéléré le vent. Je l'engueule, Baptiste, je voulais être un peu tranquille pour dormir. Il remet le pilote, et je vois depuis le carré son visage inquiet. Qu'est-ce qu'il y a ? Euh ?????? Baptiste, paralysé ,dit que le spi c'est enroulé autour du genois, qu'est-ce qu'on fait ? J'en sais rien, je regarde le désastre, me dit qu'il va se déchirer si on ne fait rien. Je m'habille en vitesse, surtout remettre le gilet harnais , s'attacher.J'essaie de remonter au vent pour qu'il se déroule tout seul. Mais sa prise au vent est encore trop forte et fait abattre Skokiaan. Pour moi ce spi, c'est nouveau, et ces problèmes là sont ....Il faut faire quelque chose, mais "on m'a dit " que c'était difficile d'afaler un spi comme ça, qu'il allait partir à l'eau. et que ce serait très difficile de le remonter alors. Bon, il y a 15 nds, c'est pas la tempête, même si ce grand "machin" m'impressionne. Je m'attache, vais à l'avant et j'afale tout en ramenant frénétiquement cette voile, qui n'en fini pas, vers son sac, j'y arrive à peu près, mais il résiste, une partie de la voile a encore prise au vent, j'appelle Baptiste à la rescousse, mets ton gilet, je gueule, attache toi, il faut tout lui dire, même dans les cas d'urgence. Car, que faire d'un équipier, qui, en venant m'aider, tomberais à l'eau. ça m'épuise de devoir tout faire et penser, et dire. Bon, il vient et m'aide à dégager l'écoute de spi pour le libérer et le désenrouler du genois. Il est juste allé un peu à l'eau, le spi, pas Baptiste. Rien de cassé, ni déchiré. J'ai fait une bêtise: laisser Baptiste, seul avec le pilote en route, et le spi à surveiller, et le vent. Je surestime ses capacités d'analyse des situations, ses capacités d'attention, et son irrésistible envie de s'amuser à la barre chaque fois que c'est possible. Il dit rien, fait ce qu'il veut, prend la barre et ne se rend pas compte ,que barre à la main, il n'a plus aucune capacité de réaction, ni d'analyse de ce qui se passe. Bref, ça va pas ; c'est un peu ma faute, j'ai trop de mal à préciser les limites, et imposer des ordres clairs. Après ce coup de chaud, le jour tombe et avec, le froid. Nous arrivons de nuit dans ce grand port commercial d'Alméria. La marina indiquée par notre carte n'est pas là ou nous l'indique le GPS. Après deux tours du port, Baptiste repère des mats qui indiquent la présence de voiliers et donc du port de plaisance, qui, en fait, se trouve à l'entrée tribord du port de commerce. On s'engueule copieusement, enfin !!! je l'engueule, parcequ'il "bade" aux corneilles, pendant que je me démène à la barre pour accoster,calculer une approche parfaite,on touche doucement le quai; mais qu'est-ce qu'il attend ? il n'a encore pas la gaffe à la main, reste dans mes pattes dans le cokpit. J'ai fait une approche réussie, et il semble attendre que le bateau s'éloigne du quai pour essayer de s'amarrer, ne pas y arriver, et rester là, pantois, les bras ballants. Bon dieu, Baptiste,bouge, je suis crevé, et j'ai pas envie de refaire dix fois la manoeuvre. Il a peu d'attention pour les efforts que je fourni, se vexe quand je le bouscule avec peu de ménagement, il est vrai. Et alors là, impossible d'en tirer quoique ce soit. Un gamin, je mesure mal à quel point c'est un gamin, et à quel point je n'ai pas eu une grande capacité dans le passé, à être un père, un éducateur. C'est de tout ça dont il est question, encore et encore. ça n'en finira donc jamais ?? Amarrage terminé, on fera croire que nous sommes arrivés à 6h pour ne pas payer la nuit.
Une demie journée de course après une connexion internet pour la météo, puis énième tentative pour réparer les feux de route, en prévision d'une arrivée de nuit à Gibraltar.
On décolle le 24 décembre avec un super petit vent au portant; Noel en mer, ça fait assez "décalé" d'être au milieu de l'eau tandis que là, sur les cotes illuminées, un peu partout des milliers de gens, "l'humanité" se prépare à fêter le "sauveur" qui n'a rien sauvé, mais a provoqué tant de haine, de conflits armés .......!!!
La société de consommation récupère tout ce qu'elle peut, les mythes, les espoirs, les illusions...
Enfin, ici, en mer, surtout en ce jour , je suis là ou je dois être , éventuellement spectateur, mais pas participant de cette mascarade, cette duperie héontée. Après une nuit de navigation fraiche, entre le calme et un début de houle,dans la journée,le rythme s'accélère avec un vent qui monte un peu entre 15 et 20 nds, puis ça se complique d'une houle courte, et croisée, et dans l'après midi, avec l'approche de Gibraltar, on voit de plus en plus de gros boats que l'on doit éviter, avec des virements de bord de plus en plus compliqués par un régime de rafales entre 25 et 30 nds . Certains de ces gros tonnages montrent des routes d'évitement, pas si méchants que ça ces mastodontes. Vers 17h nous entrons dans la baie de Gibraltar, de nombreux cargos sont là en attente. On ne sait pas ou aller, ou y a t-il un port de plaisance???on reste coté anglais pour des achats hors taxes ; on va voir du coté d'une marina "de la reine"; accès fermé par une ligne de bouées; à coté on trouve une zone ou sont accostés plusieurs navires de la police anglaise, un voilier nous donne l'impression qu'on pourrait se mettre là nous aussi .....!!!! Bon, il y a cette possibilité, mais on va chercher plus loin ;il faut faire vite car le jour tombe,il semble y avoir une ouverture plus loin direction NE , un vent violent, et un port de plaisance direction N, on ne trouve pas l'entrée, mais en remontant vers ce que l'on découvrira plus tard,être le terrain d'aviation, on aperçois un port de plaisance. Baptiste essai la vhf sans résultat, on tente un accostage près d'un superbe voilier de course tout neuf de 60 pieds, le vent rend l'approche difficile, on touche la "perle", et on se fait copieusement engueuler en anglais par des gars du port; Baptiste en lâche la gaffe à l'eau, qui flotte un moment, puis s'éloigne hors de portée. Visiblement, on peut pas se mettre là. Ils nous invitent à faire le tour, essaient plusieurs possibilités, pendant que je tourne en rond au milieu des pannes et ce vent qui nous pousse ; marche arrière, avant, demi tour, fatigué; au lieu de nous laisser remonter le vent en marche arrière pour nous amarrer correctement par l'arrière, ils nous obligent à entrer dans une place étroite ou le vent nous pousse avec force , au risque de faire faire un accostage musclé par l'étrave. Ces Anglais pas très intelligent, de vrais "C" ; car les deux jours suivants la place que nous avions suggéré est restée inoccupée. Donc amarrage par l'avant, et ma passerelle n'est pas vraiment adaptée pour ça. Bon, on est content d'être amarré. Lendemain, de Noel, ville morte, pas d'achat possibles, on manque un peu de calcul fin ....

 

Enfin, ça y est, Gibraltar, la porte vers l'autre monde, l'atlantique et l'autre coté.
Demain, nous levons l'ancre pour traverser ce fameux détroit, avec des vents et des courants contraires, au milieu des ferrys, porte containers et autres pétroliers, gros bateaux au milieu desquels on se sent tout petit. Déjà en arrivant à Gibraltar par grand largue et 25 Noeuds de vents 30 dans les rafales, il y avait quelques cargos qui se sont déroutés pour nous laisser tranquilles. On en avait une dizaine autour et j'en avais jamais vu se dérouter pour une petite coque de noix. Mais, bon, pour eux, couler un petit plaisancier, le jour de Noel , ça n'aurait pas été "top". Il y en a un qui nous a claironné dans les oreilles ; on a pas su si c'était un "coucou" sympa, ou un "dégage de la connard". Bon, on l'a pris pour un salut "marin", et on a salué de la main. Oui, on avait pas les mêmes moyens question sonorisation.

Je calcule qu'il doit nous falloir partir à marrée haute, ou une heure après pour laisser le temps au courant de s'inverser. La fille de la capitainerie nous confirme cette idée, précisant que l'idéal c'est de partir deux heures après la pleine mer. On devrait partir à six heures du mat, trop top, trop nuit, trop froid, encore beaucoup de rafales, je suis réveillé, et j'attends ,au chaud , le courage d'y aller. Vers 7h30 on démarre, vent fort en rafales d'E, puis dès la sortie de la baie, ça se calme, 15 nds d'E , on s'y engage avec un ris, inquiets de voir le régime de rafales recommencer; mais non, alors on envoie tout le genois et comme on marche déjà à six noeuds avec un ris, je trouve que ça va assez vite, et puis, on va avoir a slalomer entre les deux couloirs de cargos. Finalement, seul le couloir d'entrée vers la méditerrannée est emprunté ce matin. Nous avons le couloir de sortie pour nous seuls, grand largue, et marée descendante, quoi de mieux. Ce sera une super traversée tranquille en fait, même si à l'intérieur de la cage toracique, je suis toujours assez tendu. Vers 16h ,on passe le cap Espartel après Tanger, et voilà c'est fait, nous sommes vraiment en Atlantique . Quelle déception, moi qui apréhendait ce passage, et qui m'attendait à un monde différent; on passe les doigts dans le nez, et l'atlantique est bleu aussi, avec de la houle, des moutons sur le dos des vagues. Bon, on avait bien calculé le coup , avec la chance d'un vent super favorable.
Trop facile, du coup, j'ai du mal à me rendre vraiment compte que c'est fait . En fait, je suis inquiet de la suite, car le challenge suivant pour moi, c'est de passer plusieurs nuits d'affilées en mer, et de voir comment je vais gérer le sommeil, la fatigue qui s'accumulant, le rend plus difficile à trouver . Première nuit, pas dormi. Baptiste barre la nuit , et je suis pas tranquille. J'essaie de lui faire comprendre qu'il me faut de la tranquilité : je dis les choses à demi mots, en lui laissant le loisir de comprendre par lui même. ça ne marche pas.
Quelques photos pêle mêle depuis les Embiez

 

Deuxième jour, bizarre,je vois des écailles de poisson sur le pont ??? y a un truc que je comprends pas....... j'y reviens, quand même, !!!!!!! et puis le pare battage, qui nous sert de siège, roule, et laisse voir un poisson mort sur le pont, de grandes nageoires, comme des ailes ; oui, j'ai lu quelque chose sur les poissons "volants" qui viennent échouer sur les bateaux, prêts à cuire,ou presque.
Baptiste le prépare pour le frigo, et plus tard dans la matinée, je fais un tour du bateau en me disant, s'il y en a eu un, il y en a peut-être deux; pourquoi pas; bingo, j'en trouve un autre. Eh bien voilà, de quoi améliorer le menu du jour.

Apm, j'arrive enfin à dormir un peu . Faut dire que ça a chauffé encore, j'ai mis les points sur les "i" avec Baptiste . C'est moi qui commande, et quand je dis on calme la navigation pour se reposer, c'est clair; je veux plus que tu prennes la barre la nuit ou le jour, pour se reposer, tu laisses le pilote travailler, tu surveilles les environs, les voiles , qu'elles ne battent pas. Il ne veut pas comprendre que lorsqu'il est à la barre il n'a plus capacité à gérer les écoutes de GV et Genois .
Lui: " Ouais, alors je peux plus prendre d'initiative". non, tu fais ce que je te demande.
Alors il fait sa gueule d'enfant torturé.
"Tu me fais pas confiance"
ça n'est pas la question ; sur un quillard, ce n'est pas un dériveur, tu peux pas tenir la barre, l'écoute de GV, et en même temps celle de gênois, et regarder autour, et avoir l'oeil sur la girouette, et l'anémomètre, et je devrais ajouter, surtout quelqu'un d'aussi étourdi que toi. Donc, quand je suis pas avec toi dans le cokpit, vous êtes quand même deux; le pilote auto, et toi. Le pilote auto ne sais faire que barrer, toi, tu fais le reste ; surveiller devant , autour, l'anémomètre, et la GV, et le gênois. Les voiles ne doivent pas battre, c'est ça ton boulot, d'abord pour ne pas abimer le matériel, et ensuite,pour que je puisse me reposer. Car une voile qui bat, fait battre l'écoute, la poulie, et ça fait un vacarme dans le carré ....
Le vent est stable, mais assez faible, le gênois bat un peu, et on fini par le rentrer. Avec grand voile seule, on marche à 5,5 nds, donc, c'est super. Pourquoi aller plus vite, avec du soucis , du roulis, un grément qui souffrirait plus, tout va bien, on reste comme ça . Je sens Baptiste qui trépigne un peu; il aime la glisse, un surfer, alors évidemment, se trainer à 5 nds c'est moyen .
Deuxième nuit, je parviens à dormir un peu en changeant mon horaire de quart; je fais le premier, de 21h à 2h , et là, un peu plus fatigué, je m'endors. ça me rassure, je craignais d'entrer dans un cycle d'insomnies qui est difficile à cesser ensuite, car celà ajoute du stress.
Lendemain,29 décembre, on croise un oiseau mort qui flotte, j'ai un petit temps d'arrêt,et puis tout à coup, je me sens heureux, je suis dans mon monde, à ma place, pleinement, oui, une évidence; dans ce monde où un oiseau peut mourir de mort naturelle, dans ce monde où il n'y a pas trace des "hommes", pas de chef, de politique, d'administration, d'immeuble; il me vient cette certitude d'être là ou je dois être, là ou je peux être. Cet oiseau, il était tranquille, là étendu sur l'eau, rien à voir avec les oiseaux mazoutés des reportages télévisuels. En général, je n'aime pas croiser la mort, quelle que soit son apparence, et pourtant "là", il y avait quelque chose de beau, de simple, de vrai. Je suis un peu étonné tout de même, quelques heures plus tard du grand écart entre les faits, et les sentiments ou ressentis générés. Cet oiseau mort au milieu de l'océan est devenu ,en quelques secondes, le symbole de la nature sous forme d'une mort naturelle, et du coup le symbole d'un monde naturel où je suis bien à ma place. Enfin, un vécu vraiment "symbolique" pour la première fois ? ? ?????. Bon, c'est comme ça, j'avais des doutes sur le chemin que je parcours, et là, plus aucun.
Troisième nuit sans problème. Au petit matin, surprise; impossible de démarrer le moteur pour charger les batteries. Je suis inquiet, ça ne m'est jamais arrivé de me trouver sans moteur, comment entrer au port, se dépanner, etc....Je focalise sur la batterie moteur, dont je sais qu'elle est en fin de vie. Je la débranche, place une des trois batteries de service à la place ; rien de mieux, ça pouvait pas être si simple. Et puis le moteur, en fait, il démarre 4 secondes et s'arrête, et ainsi de suite. Serait-ce un problème d'électro vanne de l'arrivée gas oil ? je sais pas ou elle est ? ça ressemble un peu à une panne de gas oil. Je vérifie la jauge, ça va. Je desserre le purgeur du filtre, et pompe à main, ça semble arriver aussi. Pas de piste . Je débranche le gros cable électrique du moteur, un peu de dégripant sur les cosses, rien de mieux. Je veux pas toucher au filtre car la purge est ensuite difficile.
Une heure à gamberger, et je vois rien ? Je démonte le filtre décanteur tout propre, change la cartouche filtre, remonte . J'essaie de purger. La petite pompe à main ne parviens pas à faire arriver le fuel; dehors c'est le bordel, pétole, les voiles battent, Baptiste les comtemple. Bon, on affale tout, ça "roulis" dans tout les sens. Je vais m'allonger, car ça fait quatres heures que je bricole,après mon quart,une nuit sans dormir, tourne en rond et rien. Après un quart d'heure de pose, je prépare un tuyau, pour brancher un jerrican en direct sur l'arrivée de gas oil; la pompe manuelle parviens enfin à remplir le décanteur, donc le gas oil arrive; j'essaie de démarrer, idem, rien de mieux. Je pompe, réessaie, rien, repompe, réessaie, ...ah, le moteur démarre et tiens quelques secondes de plus, et s'arrête ; bon c'est clair , ça va , il n'y a plus qu'à chasser tout l'air du circuit. Après quelques minutes de pompage, il fini par démarrer vraiment. Ok , mais je comprends rien ??????que s'est-il passé exactement ?? je rouvre le robinet gas oil du réservoir, et maintenant le fuel coule ??? Je le rebranche sur l'arrivée moteur normale, et tout va bien; ça fonctionne à nouveau normalement ?;;;..........Rien compris !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! ça peut recommencer n'importe quand ?? Bon, pétole toujours, on repart pour 4h de moteur et une arrivée de nuit à Agadir.
Et voilà, mon premier port sur l'atlantique, dix km de bord de mer éclairé, des cargos au mouillage, le port de commerce, celui de pêche, puis le port de plaisance, grand, mais peu de bateau. On nous attend ?
Un gars nous guide tout de suite vers une place, ils nous amarrent, à 22h, enroulent les amarres trop longues, sur les pontons. La police arrive aussitot, pour nous dire qu'ils vont revenir. La gendarmerie arrive, puis la police, la douane. Ils demandent poliment l'autorisation de monter à bord. On fait les papiers, semblant de control, discussion entre deux eaux, ça n'a pas changé. Il faut faire attention, garder un sourire sympa, benêt, répondre aux questions, en évitant de se contredire; ils sont fauxculs comme d'hab. Et repartent avec nos passeports et le carnet de francisation. Malgrè une amélioration ces dernières années, j'ai l'impression d'un retour en arrière, je me sens en prison ici. Le lendemain on récupère les passeports, mais ils gardent le carnet de francisation ???
J'ai suggéré à Baptiste de rejoindre ses amis marocains sans moi, j'ai autant besoin de rester tranquille, même un soir de jour de l'An. Je vais faire des courses au Souk, qu'est-ce qu'il est grand, une opulence manifeste de tout, fruits,fraises,orange, mandarines,framboises,mangues......, légumes, épices, viande (toujours conservées avec des étals sans réfrigération, ça n'a pas changé), poisson (idem). J'ai des caprices à satisfaire apparemment, et je m'en étonne; quoique, avec Baptiste qui fait les courses, c'est spartiate comme alimentation. Donc ,caprice alimentaire, framboise, crevettes. Un petit tour au bar wifi pour relever les mails, et surprise,...... ma nièce Violaine est à Agadir avec son compagnon, son bébé de trois mois, les beaux parents. Alors ça !! quelle coïncidence, à Gibraltar j'avais vu son annonce sur face-book disant qu'elle passait Noel au Maroc, mais j'avais pas pu la joindre pour savoir où. C'est pour faire plaisir à Baptiste qu'on s'est arrêté à Agadir, plutot qu'à Essaouira, comme ça, il a pu retrouver ses amis, et du coup, je passe le réveillon avec Nièce et gamins, beaux parents, ambiance sympa, sauf à l'hotel, ou ils refusent de me laisser les rejoindre dans leur chambre. Toute une histoire pour pas grand chose.
Super réveillon sympa .........inatendu.....
Par contre, je suis extrèmement déçu par l'ambiance d'ici, au Maroc. Après y être né et parti ,j'y suis revenu quelques fois, et il semblait qu'il y avait une évolution vers une certaine décrispation, des policiers moins soupçonneux avec les étrangers, et peut-être les français en particulier. Mais là entre les difficultés à l'hotel, la confiscation des papiers, et des regards dans la rue !!!!!!, une ambiance désagréable. Bon, j'ai pas suivi les infos depuis longtemps, mais il semble que le mouvement de quête d'identité à travers un retour à des pratiques traditionnelles, telles que le port du voile, qu'on voit revenir en France, se produit ici aussi. Il y a plus de femmes voilées qu'avant, des jeunes autant que des femmes mûres. Enfin, La France évolue très mal, avec l'augmentation du racisme, et celà entraine des réactions chez nos voisins. Les peuples réagissent aux peuples. Je me sens de nulle part, mais ils ne le savent pas, et j'ai l'impression de "payer l'addition" pour d'autres. On fait " partie" malgrè soi.
Bon, allez , on se tire d'ici aussi vite que possible, direction les Canaries, demain 3 janvier 2012.
Il a fallu accepter des procédures compliquées pour récupérer l'acte de francisation, et pouvoir décoller du Maroc.
Le vent n'est pas encore là. Il se lèvera dans l'apm .

Hier nous avons croisé une tortue de 80 cm qui nageait à la surface en direction opposée, vers Agadir, tandis que nous voguons vers Lanzarote. Nous n'allons pas vite à la voile. Elle faisait sa brasse tranquillement sans sembler se soucier de l'énormité de la distance à parcourir pour ses petites pattes. C'était très émouvant .
Avec Baptiste, ça ne s'améliore pas. Ce garçon très gentil, qui fait la cuisine par tous temps, continue à oublier tout ce dont il se sert, les haussières trainent à l'avant et l'arrière, avec le risque qu'elles partent à l'eau et se prennent dans l'hélice, la gaffe reste posée sur le pont, je me sens en danger avec ce gamin que je dois surveiller en permanence, comme du lait sur le feu. "Et il y a longtemps que je n'ai plus fait chauffer du lait".
Nous arrivons dans la nuit à Lanzarote, et j'ai de moins en moins d'apréhension à arriver de nuit dans les ports. Baptiste a fait les deux quarts et me réveille à l'entrée du port. Ici, pas de pontons, pas de corps morts, juste un mouillage au fond du port de pêche, bien abrité. Je n'ai montré qu'une fois, à Baptiste, la procédure d'envoie de l'ancre, alors on n'est pas vraiment prêt à ce mouillage à 5h du matin . Bon, on y arrive après quatre reprises.
Nous repartons aussitot pour un autre port, une marina avec des bars autour des pontons. Ici tout est fait pour nous inciter à venir consommer "la société" dont je ne veux pas vraiment. Lendemain départ pour Las Palmas, 24h de navigation, 10 N de travers ou grand largue. On arrive sous des nuages noirs. Vers 9h on est au port de Las Palmas, amarrage encore un peu hésitant.
Cet équipier, gamin, ne lasse pas de m'étonner par son manque d'énergie, d'écoute, d'à propos, etc........Est-ce que ce sont des équipier que nous trouvons ??? Non, ceux sont surtout des jeunes qui cherchent à vivre des rêves, voyager gratuitement, un peu en parasite, et ça ne correspond pas tout à fait avec la réalité du voyage à la voile, qui est très exigeant en terme d'énergie, de connaissance, d'investissement financier et psychologique. Un propriétaire de bateau, n'est pas forcément un "capitaine", au sens du marin confirmé, qui maitrise tout et capable de former.
Oui, j'ai un bateau,
Oui, je sais naviguer,
Oui, avec une expérience suffisante,
Mais non, j'ai pas tout vu,
Non, je ne sais pas commander, et ne le veux pas forcément,
Et non je ne veux pas de charge supplémentaire en la personne de "pseudos" équipiers qui ne savent rien faire par eux même.
Alors , j'avais un peu peur d'être en décalage,à cause de mon age, et donc, avec une analyse de la situation un peu faussée. Heureusement, j'ai rencontré autour de moi, dans les ports, des jeunes qui ont des bateaux et qui font la même analyse; il y a de nombreux demandeurs d'embarquements qu'ils n'emmèneraient pas.
Enfin, !!!!! ici, c'est un grand port de plaisance, au milieu du port de commerce, la porte du grand voyage vers les Antilles. Ici les bateaux arrivent, se posent quelques jours, et s'envolent vers le grand large; Ici vous trouvez "The led Shop" , où un Alsacien (Marc Miliani, tel 034648038342) qui vit sur son bateau vous propose à l'achat des ampoules "leds" pour économiser l'énergie électrique dont nous avons tant besoin pour faire fonctionner un pilote automatique pendant cette traversée de l'atlantique. Car sans pilote, barrer en permanence est une épreuve physique difficile.
Ici, on voit aussi des "bateaux stopeurs" qui cherchent un "cap'tain" qui traverse, un bateau pour surfer sur l'atlantique. On se croirait sur les routes de France en 68, des autostopeurs tous les 500 mètres. Ici, ils dorment sur la plage, ils ont 20, 23, 25 , 30 ans,ou plus, ou moins, des dredes, des boucles, des guitares, harmonicas, ou mandolines. On peut les voir, enfin, leur sacs, leur duvets , abrités sous les barques , sur cette plage de Las Palmas.

La plupart n'ont jamais mis un pied sur un bateau, ni stage, ni intérêt pour la voile, ils veulent faire une transat, pour le "fun", sans doute. Ils ne se doutent pas que nous aussi, "Cap'tain" d'illusion, on en a rêvé d'être ici, à la porte du nouveau monde, que peut-être on s'est saigné pour l'acheter ce "boat", et l'équiper. Ils ne se doutent pas que, peut-être, on y connait rien, pas assez d'expérience, que le "boat" il est à deux doigts de couler ..........!!!!!! Une bande de gamins qui veulent partager nos rêves; non !!!! qui veulent accoler les leurs, aux notres. Qu'est-ce que ça peut faire tout ça ????? J'en sais rien. C'est marrant, étonnant, touchant................d'autres morceaux de vie, d'ailleurs.
On verra bien; j'embarque Jean Baptiste et Axelle, charpentier marine et infirmière. Ils ont un projet, et sont restés un mois ici, à faire "le tapin" sur les pontons, comme ils disent. Alors ,si je les emmène, après un mois de galère de pontons, ils seront peut-être contents de partir, même si, c'est sur un vieux bateau, avec un vieux con de "cap'tain" qui n'en est pas un, juste un gars qui a acheté un voilier et qui essaie de vivre ses rêves. Quelle alchimie pourrait faire que ça se passe bien ??? J'en sais rien, et d'ailleurs, je vous le demande, qu'en pensez vous ????
Aujourd'hui, les bateaux stopeurs se sont fait éjecter du bar le "Sailors", bar du port qui revendique être le lieu de rencontre des Captains et autre skippers, et des équipiers possibles.
Ces jeunes "soixant'huitards" des années 2000 dérangent la petite bourgeoisie voileuse de Las Palmas. En fait il s'agit d'un délit raciste; parceque ces jeunes dorment sur la plage, ne sont pas habillés selon la norme, ni rasés, ni peut-être lavés, ils dérangent, et peut-être font perdre des clients à ce bar /restaurant merdique. Car il faut bien le dire, ce bar, "le Sailors", sur le port de plaisance de Las Palmas, est un mauvais restaurant. On y mange mal, l'accueil y est désagréable, et en plus ils sont d'un certain racisme. Mais ils pourraient bien un jour , être assignés en justice pour non respect des règles d'accueil du public. Car ils n'ont pas le droit en tant qu'établissement public, de sélectionner leur clientèle du moment que celle-ci paie ses consommations. Enfin !!!!!! Europe !!!!!!! .....................................
Mercredi 18 Janvier, on a fait le plein d'eau, de gas-oil, de gaz, de légumes, fruits, pain, farine, etc.......
Vers 11h on largue les amarres, un petit tour à la capitainerie pour payer le séjour. Ce port était pas cher , 7€ par jour. C'est agréable d'être trois à bord,qui savent un peu, pour s'amarrer au ponton de la capitainerie. ça change d'ambiance, plus facile, moins de stress, j'arrive tranquille, pose Skokiaan contre le ponton flottant, ils sautent tous les deux, chacun une amarre à la main, et voilà, sans problème, ni gueulante. Port payé, on largue de nouveau; cette fois pour "La Gomera", une ile où faire étape, pour tester le nouvel équipage, pour qu'ils puissent prendre leurs marques sur ce vieux boat pas très pratique. Dehors beaucoup de houle, et 10 Nds, près bon plein, puis travers et grand largue. On avait pris un ris, on le largue. On file tranquilles balotés par la houle. Plus tard on continu avec GV seule, et bôme fixée. A l'approche du cap Nord de Tenerife, l'ordi n'affiche plus la vitesse, ni la position. Merde, il y a des rochers par là, et il vaudrait mieux savoir ou on est. Je débranche l'antenne Gps, rebranche, ferme le navigateur, le rouvre, rien n'y fait. On n'a plus de Gps . J'essaie l'antenne de rechange, pareil. Je sors l'autre ordi, le petit, et là, les antennes fonctionnent normalement. Bon c'est l'ordi qui déconne, mais c'est toujours dans des passages délicats que ces choses là arrivent. J'ai eu raison de préparer un ordi de rechange avec les logiciels dont on a besoin. On règle le bateau pour une nuit cool . Plus tard on se fera presque coucher par une vague avec 20 Nds, heureusement je venais de prendre un ris. Du coup on affale la GV et on continue avec un petit bout de genois qui nous tire à 5 Nds . On est pas pressés.
Puis le pilote nous chante "low battery", et voilà, le problème n'est pas réglé; malgrè l'éolienne, il manque encore des ampères ???? !!!!!!!!!! Nous arrivons vers 10h à La Gomera. ça à l'air sympa, une petite ville avec plein de maisons colorées, et toits plats. Chacun vaque à ses occupations ; eux, balade, courses; moi , soucis démarrage moteur, email, météo . Ils vont dormir dehors sous un ciel d'orage menaçant. Lendemain départ vers Cap Vert, pour une navigation sans escale, de 800 miles, à 100 miles au large du Maroc, puis de la Mauritanie et du Sénégal. On va avoir un petit vent régulier de largue. Et un regard un peu plus détaillé sur le mode d'emploi du pilote me permet de tenter des réglages différents, et de nous apercevoir qu'il travaille encore suffisamment bien, tout en consommant beaucoup moins d'énergie. Jean Baptiste barre plus souvent, moi ,un petit peu aussi, et on a plus besoin de mettre le moteur en route pour recharger les batteries. Bon, nos réserves semblent descendrent vers le rouge, mais ça tient. C'est un soucis de moins pour la prochaine étape de 2000 Miles au cours desquelles le recours au moteur sera impossible vu les faibles réserves de gas oil de Skokiaan.
Deux fois, les dauphins viennent nous rejoindre; c'est très touchant de voir ces poissons mammifères, changer de direction tout à coup, pour venir nager devant l'étrave du bateau, comme dans les films. La première fois que je les ai vus faire, je n'en revenais pas, car avant ,je croyais que ce n'était qu'un truc de cinéma. Eh bien !!!! non, ils le font aussi dans la vraie vie. Ils doivent entendre le bruit du bateau, arrivent en sautant, rivalisant de plongeons, et de couses poursuites, puis nagent de chaque coté de l'étrave. L'autre jour, ils devaient être une trentaine, ou plus, allant de bâbord à tribord , sautant, se croisant sous l'eau, ou traversant une vague avec le soleil en contre jour . Bref, un plaisir renouvelé de sentir la nature, là, tout prêt ; on entend leurs sifflets à travers la coque. Et puis, ils s'en vont , ailleurs, poursuivent leur chemin.
Le vent, régulier entre 10 et 20 noeuds, nous va bien, par contre une houle croisée nous ballote dans tous les sens ,et nous rend le sommeil difficile à trouver. Du coup, on multiplie les siestes,et les quarts de veille. Après quatre jours, nous sommes bien fatigués, Axelle tente malgrè tout de cuisiner un peu. Il n'y a bientot qu'elle qui a encore cette énergie.
Cette recherche du sommeil m'épuise, me décourage. J'ai l'impression de passer des heures les yeux fermés sans dormir vraiment, ou pas plus de deux heures coupées. Pourtant au bout de six jours, je suis fatigué, mais pas à plat complètement ???? !!! ... Je ne comprends pas bien comment se gère le sommeil sur ces longues navigations ???.
Aujourd'hui, capot de descente ouvert, j'entends arriver une vague qui éclate, et viens me mouiller à la table à carte. Tout est trempé, lecteur cd, tel satellite, ordi, etc ....
Je sèche rapidement, finalement seul le lecteur de cd a un problème.
Dorénavant, on navigue avec le capot fermé en permanence.
Il nous a fallu à peine 6j et demi pour parcourir les 800 miles ,soit une moyenne de 5 noeuds. Et nous avons navigué la plus part du temps avec la grand voile seule, car dans ces allures au portant,le genois était trop souvent déventé. Ce qui est évident dirait un spécialiste. Mais sur mon "boat", naviguer au genois seul, c'est assez instable, ou alors il faut tangonner. Et pour l'instant, je préfère "attacher " la bôme, ce qui marche bien par petit vent, mais est extrèmement dangereux par vent fort.
Arrivée Cap Vert, à Mindelo,vendredi 27 vers deux heures du matin. Nous tentons un amarrage sauvage sur le premier ponton accessible; des gars de la Marina veulent qu'on aille ailleurs. Mais, fatigué, je fais ma mauvaise tête, et Jean Baptiste obtient qu'on reste là jusqu'au matin.
à 9h nous avons trois visites successives, nous intimant l'ordre plus ou moins ferme de nous déplacer. Ils sont "chiant" de pas vouloir nous laisser reposer tranquille ??????
Skokian a recommencé ses caprices , avec un moteur qui démarre quand il veut, la même panne qu'à Agadir, donc mes "réparations" de Las Palmas n'ont rien changé. Après deux jours de réflexion, d'essai, je découvre qu'il y a un "truc" bizarre avec l'électrovanne de gas-oil. Elle semble se fermer intempestivement après démarrage, d'où l'arrêt immédiat du moteur.
Nous allons rester un peu ici, pour voir si on trouve des pièces de rechange, et aussi pour se reposer .
Nous n'avons pas trouvé pour réparer le moteur, tant pis, il démarre quand même, et on sait à peu près d'ou ça vient.

La Transat, "pour de vrai"
Comme prévu nous larguons les amarres le 3 Fevrier , vers 10h . nous partons "bille en tête" avec un vent encourageant, GV + genois . dans l'après midi il mollira, à notre grand désespoir, car la houle croisée, elle, est toujours là. On a sorti la canne de pêche au gros que Jean Pierre m'a vendu avant de partir des Embiez, quelques temps plus tard, je remonte le fil sans rapalla, perdu. Pourtant j'avais fait comme on m'a dit, j'avais mis du fil d'acier en bas de ligne. Je renvoie un autre rapalla, et je le remonte tout entortillé. "Le vent remonte en fin de journée, et tout le monde va se coucher sans diner. Dur dur les premiers jours" . C'est Axelle qui a écrit ça sur le carnet de bord. Axelle à qui j'ai demandé de s'occuper de la bouf, lors de notre première rencontre à Las Palmas, qui voulait être sûre que ce n'était pas une demande "machiste"; non, à bord, avec une petite équipe, il faut bien que chacun apporte ce qu'il sait faire . Moi j'apporte un bateau, toute la sécurité possible, et la charge des responsabilités , Jean Baptiste apporte ses compétences , il a fait de la régate, et quelques croisières, toi , Axelle, tu peux avoir le "soucis" de la bouff, d'autant que je n'y connais pas grand chose, et que je n'ai aucun goût pour la cuisine.
Je n'ai pas entendu de réponse, mais Axelle acceptant de monter à bord, celà valait accord sur les conditions. Alors , oui, premiers jours "durs durs " car personne n'a la "pêche" pour cuisiner, et Axelle qui a cette charge n'est pas "en conditions favorables".
-Samedi 4
Vent ENE toujours 10 à 15 N. On croise des globicéphales , dont un qui "dort" et un qui saute hors d'eau, massivement, comme un gros poteau de bois noir, debout au milieu de l'océan.
On a de la pluie, et des orages s'annoncent. On met une chaine sur le pataras pour le relier à l'eau et donc à la terre, en espérant qu'en cas de foudre sur le mat, toute cette énergie électrique voudra bien rejoindre l'eau sans passer par la coque et sans y faire un trou. Rien ne dit que ça serve à quelque chose ? mais bon, ça coute rien, à part un peu de stress et de conscience des risques.
Nous faisons nos prières d'incroyants et avallons notre premier et qui sait dernier cassoulet avant de couler. C'est très impressionnant l'orage de nuit et sur l'eau. On voit très nettement l'éclair qui se déplie en flèche zigzag, et descends vers l'eau.
-Dimanche 5
Nous avons pêché un poisson, une bogue ou une petite daurade. "C'était très savoureux au diner, au clair de lune" écrit Axelle qui l'a cuisiné . Petite houle croisée, qui m'a laissé dormir.
D'après Axelle, " Luc ne se tient plus de joie à l'idée d'avoir dormi. Il est tant reposé qu'il danserait le tchachacha".
Nous avons un roulis infernal toute la nuit.
-Lundi 6, à 10h 15 nous avons parcouru 350 miles en trois jours complets . Pas très rapide, 5 N de moyenne . Ce matin deux poissons volants, un dans la grand voile et l'autre me tombe dans les mains en entrant dans le cockpit.
Le jour se lève,je grignote un peu, quelques céréales. puis j'envoie la ligne avec un rapala tout neuf, au moment ou je règle le frein du moulinet, le fil se dévide tout à coup à une vitesse effrayante, ça tire . Nom de dieu, y a quelque chose. J'essaie de mouliner, mais c'est trop dur . Je me dis, première expérience à pas rater; alors qu'est-ce qu'il faut faire? qu'est-ce qu'on m'a dit déjà ????? laisser "la bête" se fatiguer. Ok je la laisse tranquille, vais chercher le harpon et l'épuisette, pour être prêt à .......tout. En plus tout le monde dors . Je reviens, réessaie de mouliner, ça viens un peu , j'arrête, je reprends, bon j'alterne comme on m'a dit , repos et reprise de fil. Je vois de loin quelque chose qui flotte par moment. Quand elle est dehors, j'en profite pour mouliner. La voilà à portée du harpon . Je la rate lamentablement, tellement je voulais justement pas la rater. Je réarme le harpon fébrile. "tu vas voir qu'elle va se décrocher".
La flèche fait mouche et me permet de sortir la bête sur le pont. Près d'un mètre, sans blague, ............... ..jaune et bleue, très belle , ça fait mal au coeur en même temps, je viens de devenir chasseur.
Je ne m'aime pas beaucoup dans ce nouveau statut. Bon ça suffit la philo. Je la vide, et la met aussitot au frigo.
 

-Mardi 7 à 10h20 (UTC) 483 miles. Nous mangeons nos premiers sushis de daurade cauriphène, car c'était ça ma première prise, délicieuse. Nous sommes toujours ballotés et nous installons dans un systeme veille/ sommeil pas très équilibré. J'ai enfermé mes équipiers dans leur cabine en fermant les WC,......Houps.............pardon, désolé.
-Mercredi 8 ,Jean Baptiste crevé, pas dormi,depuis cinq jours,à peine quelques heures par ci,par là. Je lui donne un somnifère vers 11h et il dort toute la journée. Bon, bien sûr ,c'est pas très "classe" ou "top", ou ......... Mais ,bon, pour veiller la nuit et aussi un peu le jour, il faut être reposé. Donc tant pis pour l'élégance des moyens. Moi aussi, je dors grace aux "benzo" que je me suis fait prescrire au Cap Vert. Comme j'en ai rarement utilisé, ça marche bien, et ça rassure.
Axelle a écrit: "Quelle journée, bon dieu de mes aïeux. Au moment du diner,nous retrouvons notre équipier clopin,clopan, ( le pilote auto). Aucun poisson dans la journée, sauf un petit bouquet d'algues rousses". En fait pas vraiment de diner, car notre économe/cuistot de service n'assure pas. Fatigue ?????? je ne sais pas.
Aujourd'hui on tangonne le gênois, mais c'est clair, on marche au minimum. Nous sommes incapables de faire ce qu'il faut pour aller plus vite. Skokiaan suporterais le spi, ou le genois double, mais nous manquons d'énergie pour la disperser.
-Jeudi 9 , à 9h40 nous avons parcouru 750 miles, Axelle a pêché une daurade de 5kg, environ. à l'approche du soir elle se lance dans la préparation de ces poissons . On la voit hésiter ; que se passe t-il ?? des vers, .....il y a des vers dans ces poissons, assez nombreux, petits,blancs, .......bref, ..... Dégoutés, on rejette tout à la mer. C'était bien la peine.....? Notre frigo tourne au minimum pour cause d'économie d'ampères, mais les aliments et boissons sont frais. je n'arrive pas à croire que ce soit à cause du frigo......??? peut-être ???? on trouve une info selon laquelle ces poissons seraient à consommer rapidement....... bon, il faudra s'informer mieux.
Pas de repas, ni midi, ni soir, ni d'ailleurs la veille; malgrè le soutient de Jean Baptiste, Axelle est en dessous de tout. Et , pas de repas, c'est pas bon pour le moral de l'équipage, mais Axelle semble s'en foutre, elle a juste assez d'énergie pour se faire ses petits plats à elle , petit dej, dej et diner . Et tant pis pour les autres . C'est un peu "un chacun pour soi" qui s'installe . à ce jeu je suis pas très bon, je mange plus et rumine une sourde colère. Je ne dis rien . Jean Baptiste très attentionné, gentil, fait de son mieux pour "arrondir les angles", et par respect pour sa bonne volonté , j'attends sagement une évolution favorable ......?????
Bref , JB fait des galettes de pain, avec une boite de poulpe à l'espagnole, ça ira.
Chacun semble se recroqueviller un peu sur soi, sans doute pour préserver le peu d'énergie que nous avons. L'adaptation à ces conditions de navigation houleuse nous pompe tout, il ne reste rien pour un zeste de convivialité. Bon rien de grave, on lit, on boit de l'eau, impossible d'avoir envie de la moindre goutte d'alcool. Il semble qu'on lutte contre un léger mal de mer qui est là ,à fleur de peau, sans se révéler vraiment.
-Vendredi 10, à 10h on a parcouru 884 miles, 7 jours à 5,2 N de moyenne.
à ce rythme, il nous faudra encore 9 jours et 14h pour Marin. Au total on a 2100 miles à parcourir.
Axelle a écrit: " Vendredi 10 a existé, mais on ne s'en souvient pas"..........??????
Ce matin là, Axelle n'était pas bien réveillée.
-Samedi 11, 1020 miles, vent égal de 12 à 20 N
Les jours et nuits s'enchainent, sommeil, lecture.............alimentation, enfin le minimum.
-Dimanche 12, 1154 miles
Est-ce que je vais avoir assez de livres.
Je passe beaucoup de temps à regarder la mer. Elle ne change pas beaucoup, mais moi oui.
C'est une surprise, un peu. Ce sont les changements d'état intérieur qui font que c'est toujours un plaisir de "bader" le fil de l'eau.
Rien ne change et tout est différent. J'ai dû lire quelque chose comme ça un jour. Désolé si celà ressemble à du plagia, je ne crois pas,
et c'est pas volontaire.
- Lundi 13, 1260 miles . J'ai encore enfermé JB sans le vouloir bien sûr. Quoique ........????????
- Mardi 14 , 1370 miles.
Axelle a écrit: "manoeuvre du jour...hissez haut la grand voile, qu'on vogue en ciseaux.....ça file et coyote le pilote ne tient pas.......On affale à 19h et 19h ....c'est l'heure du moteur, enfin....., pas de l'apéro...". et oui avec toutes ces émotions, j'avais oublié de noter qu'il nous fallait faire tourner le moteur une heure par jour pour compléter la charge des batteries ; deux panneaux solaires et une éolienne n'y suffisant pas.
On a doucement pris l'habitude de dormir pendant les quarts, on ne croise aucun bateau, jamais.
- Mercredi 15 , reste 600 miles, c'est long, et on en a marre. Pas de surprises au niveau météo. Un vent entre 12 et 20 N, toujours Est-Nord-Est. On vogue tranquille au genois seul, et tangonné. ça nous permet de nous reposer, de barrer un peu sans y être obligés. Les livres passent de main en main.
On sent venir la fin de cette "aventure". Et je me rends compte , ou prends conscience que ce n'était qu'une étape du voyage, même si il y avait ce coté " une transat à tout prix", pour le fun, l'expérience....
- Jeudi 16, Vendredi, Samedi 18, on a repris des quarts sérieux, car en approchant des cotes,
je me dis qu'on va croiser du monde. Un cargo, puis nous sommes doublés par deux voiliers dans la nuit. Piqués au vif, et le vent s'affaiblissant, on endraille "le genois double", et du coup on ratrape fièrement un des voiliers dont le spi flotte . Ce genois papillon est efficace, on marche entre 4 et 5 Noeuds avec 3 N de vent apparent, donc 8 N de vent réel . Il est tangonné d'un coté.
- Dimanche 19 ,
- Lundi 20,
le vent ayant faibli, on a pris du retard pour une arrivée lundi matin.
à 12h on est encore loin. Je renvoie le genois "papillon" sans tangon, pour voir, et je m'aperçois avec surprise qu'il tient aussi bien, dans des allures qui vont de 140° à 180° du vent, entre vent arrière et largue. Il reste bien gonflé.
Il est 15h, et plus rien, pétole,on fini par mettre en route le moteur pour ne pas arriver de nuit à "Marin", un port un peu compliqué.
"Terre", ça y est, on voit l'île de La Martinique, tout change en dedans de soi; on n'est plus en traversée, on arrive, la terre, le paysage change. Il y a longtemps qu'on avait plus eu cet élément terre sous les yeux, des lieux à voir, des arbres bientot, puis ce sera des "gens". Aie, ça va se gater, la douane, les flics.
En attendant, c'est bizarre, complexe, le plaisir de voir la terre, et en même temps, tout de suite, le sentiment que le voyage se termine, un certain voyage, ce rêve d'une transat. En écrivant celà, les larmes me viennent, c'est donc bien que ................complexe, des sentiments contradictoires ? peut-être, l'angoisse du vide déjà, qu'est-ce que je fais ensuite ? même si la suite est plus ou moins prévue.
17 jours et 11h pour traverser "t'en père peinard , la grande mare des canards".
Ben oui, désolé, ma principale référence poétique, c'est "Brassens".
- Mardi 21 ,Dans ce port de "Marin", on a un voisin qui va descendre vers le Sud, lui aussi, mais vers les Iles Kerguelen.
Trop froid pour moi. Il a l'air de bien connaitre la question que pose la descente vers le Brésil.
C'est pas si simple, courants forts.
Le soir je dinne au "Mango bay" une usine à repas, beaucoup de bruit, des serveuses qui courrent,et des voisins qui parlent des cotes de Guyane. Alors avant qu'ils ne disparaissent, j'engage la conversation sur ce sujet. Ils ont un livre de "Jimmy Cornell" sur les routes à la voile dans le monde. Super. Ils m'invitent à venir lire leur bouquin .
- Mercredi 22, JB et Axelle ont choisi de partir vers un camping tandis que je suis obligé de quitter le port (pas de place) pour aller au mouillage pas loin. JB m'accompagne, et je dis au revoir et bonne chance à Axelle. J'appréhende ce départ, et y aspire en même temps. Est-ce que ça va aller ????
Je vais faire des courses avant de partir pour le mouillage. Ici , pas question de chercher à y vivre, la vie est très chère.
Le soir arrive, eh bien ....oui, ce soir je peux dire tout va bien, je suis bien dans mes pompes et content d'être un peu seul. Bon, j'ai passé une bonne partie de l'apm à discuter avec d'autres voileux, une bière par ci, un verre de rosé par là , quelques infos qui me manquent.....??? je retrouve le couple rencontré la veille ; descendre vers le Brésil ??? il y a du courant contraire ???? mais c'est possible dit " Jimmy Cornell" en longeant la cote à distance raisonnable .......à voir........Il faudrait longer la cote à une distance de 30 à 50 miles qui correspond à la limite du plateau continental.
- Jeudi 23 Février,
Je retrouve le rythme terrien, courir chercher un nouveau contacteur pour le moteur, voir pour des poulies, un easy bag, le genois à réparer ? et puis "merde", ça ira.
Je commande sur internet le guide Imray Brésil ; quel con je suis , partir sans instructions nautiques , une préparation un peu hasardeuse ce voyage !!!!! Je me suis vertement fais "gronder" par mon voisin ; "il faut respecter les lois ", s'enregistrer auprès des douanes , c'est obligatoire, et grandement recommandé. Au Brésil on te prend le bateau si tu ne t'enregistre pas à l'entrée.
Oui, bien sûr, respecter les lois , "t'as raison ". Moi qui répond ça ?????? Ben oui, ça à l'air tellement massif chez ce gars, "le respect de la loi", une intransigeance que je ne peux concevoir, sauf à recouvrir un vécu particulier . Je dis presque rien, si non, il craque . On verra demain qu'est-ce qui a bien pu le rendre aussi ........ ....... rigide. J'ai l'habitude de la rigueur " maçonnique", enfin, de la connerie avec un grand "M", mais là, ..................je suis paralysé....................................?
Et mon bateau ? il va bien, mais qu'est-ce qu'il fait petit et vieux, parmis tous ces boats plus grands, plus neufs, plus quelque chose... 600 bateaux dans le port et plus encore au mouillage tout autour. Des coques acier, alu, bois, polyester, de tout. Des épaves aussi , des "fini le rêve", des quelque chose a craqué, les mecs aussi, des pêche d'enfer, et des barbes ridées jusqu'aux yeux.
Quel va être le mien, de chemin ?

J'ai trouvé un contacteur a clef tout neuf chez le représentant Moteur Nanni du Marin. Il semble que c'était bien ça qui déconnait.
Démarrage quart de tour ; enfin , "le normal". J'apporte les modifications conseillées par JB, une balancine de tangon, un crochet et pallan pour le régler vers le bas,
des écoutes pour le genois double, comme ça , pas besoin de les changer, chaque voile a son jeu d'écoutes. Et je trouve des poulies pour des écoutes de 19,
pour remplacer celle qui a cassé .C'est impressionnant comme le matériel s'use quand on navigue.
Même à 135€ pièce, je les prends,ces poulies,car ensuite, je ne sais pas ce que je vais trouver. Heureusement, en mer, on ne dépense plus rien ...!!!!!!
J'ai aussi trouvé sur internet un guide de navigation pour la côte brésilienne, et les instructions nautiques pour toute l'amérique du sud.
Commandé sur internet, ces livres n'arrivent pas, et je suis coincé ici par la grève de la poste.
Depuis mon départ, je n'ai encore pas trouvé moyen de me baigner, trop froide, puis fraiche, puis ici, un mouillage pas très propre ,trop prêt du port et de la ville.
Aujourd'hui, c'est décidé, je vais sortir de ce port. Aller faire un mouillage, pour me baigner. Pas très loin, le site n'est pas super, en plus l'ancre ne tient pas.
Je repars aussitot pour Ste Anne, un village à coté de " Le Marin". Il y a pas mal de bateau, mais c'est sympa, plus village, petite église,ruelles,café internet, petit resto avec "Wifi", mais un peu cher. Le moteur d'annexe s'arrête, je fini à la rame. Bon , plus d'essence. Je vais à pied chercher de l'essence, je prends ce qu'ils ont, "de la sans plomb". J'essaie, le moteur est bloqué, impossible de tirer sur la "ficelle" de démarrage. C'est foutu ,on dirait que le moteur a serré, "manque d'huile. Je rame vers Skokian, et m'aperçois que le moteur n'est plus bloqué . Mais ne démarre pas pour autant. C'est bizarre ça. C'est peut-être que la sans plomb ça ne convient pas.
J'arrive au bateau, mets le moteur sur cale, il y a de l'huile ???? C'est donc l'essence ?? Je sais même pas quelle essence il faut ?
Vraiment en dessous de tout; j'ai beau avoir appris pas mal de choses depuis 6 ans, il y a encore des lacunes. Je vide le carburateur, puis le réservoir, et rempli à nouveau avec de l'essence normale, "avec plomb", et ..............................................................ça marche !!!!!! ???????
Je me voyais déjà obligé de changer le moteur d'annexe ....... Ouf !!!!
Je regarde mes mails au cyber du coin. J'ai encore un locataire qui patauge avec des problèmes...........il y en a deux qui s'en vont, avec celui là qui menace de plus payer son loyer .....?? Super , Magali, ma grande fille, fait ce qu'elle peut pour me remplacer, mais, bon, elle a d'autres soucis, et puis elle est bien gentille de consacrer autant de temps à mes affaires. Cependant, bientot, plus aucun loyer !!! ça va être raide ...
Tout se déguingle, petit à petit, les relations avec les amis en France, s'estompent. Surtout depuis que la transat est faite. J'ai tout de suite senti que "la ligne était franchie". Une sorte de point de non retour. Un autre monde. Alors, pour les amis, ça y est, on est vraiment ailleurs, en plus, il s'agit du nouveau monde .
Alors je suis devenu inaccessible, c'était déjà un peu le cas, mais là , encore plus. C'est fini, je n'existe plus là bas.
Mais n'est-ce pas ce que je cherchais ?? Peut-être, .....Sans doute .......Mais quand ça arrive.......Bon.........
Bon, je vais clore cette page transat, pour ouvrir une nouvelle page sur la descente le long de la cote de l'Amérique du Sud. La Suite :Des Antilles au Brésil

 

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