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Au Fil du Temps, Des Mots Luc
 

Ce sont des Mots qui continueraient à me bruler de l'intérieur
si je ne les criais pas quelque part, ici.
Ils viennent un peu chaque jour, suivant un fil inconnu.
Je les dédient à ma fille, à mon fils, qu'ils ne soient pas sans histoire.
Qu'ils soient lus, m'encourage à oser, à continuer, même si ce n'est pas essentiel.
" Dire", "se dire", pourrait-il servir à mes enfants, aussi à cet autre, "Vous" ?

Un jour comme un autre, au Brésil.
 

Voilà, ce que je suis me colle à la peau, j'ai toujours le sac sur le dos,
Celui qui contient mes peurs, mes désirs, toutes mes contradictions.
Je suis arrivé au Brésil, mais le sac a suivi.
Pendant vingt jours à Piracanga, je n'ai rien saisi des mains tendues :
« vous pouvez venir avec nous placer les pierres de la spirale » ; j'y suis pas allé.
« ce soir on fait un feu pour la nouvelle lune »  ; j'y suis pas allé
« on fait les éco-games à Itacaré » ; j'y suis pas allé
Je suis allé à Itaparica, rencontrer Sandra, et raccompagner Henriqueta vers son avion.
Et voilà, elles sont parties, et je suis resté là, vide.
Toujours à la recherche d'une âme sœur, d'une mère, d'une amie, d'un amour, ................ et.............. rien.
Mais bon, je les ai eues avec moi, ces âmes sœurs, ces mères, ces amours, Danielle, Françoise, Sophie, Claudine, Marguerite, Christine, Marie-Estelle, Marie-ange, Claire, Jacqueline, Jeanne, Mariane, Monique, Edwige, Agnès, Marie-Christine, Claude, Anne, Danielle, Ariane, Michèle, Héléna, Carmen, Pascale, Béatrice, Corine .
Je vous ai toutes aimées un peu, beaucoup, je vous ai pris ce que je croyais pouvoir prendre,
Je vous ai donné tout ce que je suis, et puis je suis parti, où c'est vous qui êtes parties.
En fait, j'ai eu bien plus de relations sympathiques que je n'aurais pu l'imaginer.
Adolescent, j'étais timide, incapable d'aller vers qui que ce soit, et puis ça c'est amélioré un peu, enfin, peu importe.
Le résultat est le même. Je suis là, sur le bord du chemin à regarder passer la vie.
Ça fait combien de temps déjà ?
À 10 ans quand j'ai appris que mon père, c'était pas celui qu'on m'avait dit, je me suis refermé dans ma coquille.
Enfin, aujourd'hui, j'écrits "refermé dans ma coquille", alors que j'en sais rien, c'est maintenant que j'ai conscience d'être enfermé dans quelque chose, mais jeune , je ne l'aurais pas dit ainsi.
Enfin..........
Depuis, je suis toujours à coté.......
Très vite, j'ai eu envie de mourir, depuis mes 15ans, car c'était déjà insupportable d'être à coté des autres, et de ne pas être vu, comme transparent. Alors, oui, mourir, plutôt que cette vie à moitié.
Mais mourir c'est difficile, et puis c'est pas ça qu'on veut, c'est pas ça que je veux.
...............Je ne le savais pas avant........, avant cet accident..............
Je veux dire, que j'ai vécu 40 années en croyant que je voulais mourir, 40 années à alterner les envies de mourir et les passions.
Mais là, sur la plage à Piracanga, après avoir demandé à Alberto qu'il fasse « quelque chose » pour me convaincre qu'il y a une « communication autre », qu'il y a autre chose au delà du visible , je suis allé me baigner, et j'ai failli me noyer.
J'étais allé un peu plus loin que les vagues, cette ligne au delà de laquelle il n'y a plus de vagues qui éclatent, et où on peut nager tranquille.
C'est pour ça que j'étais allé "si loin", d'ailleurs, pour nager un peu sans être dérangé par ces rouleaux qui éclatent.
Puis il y a eu un moment où je me suis senti entraîné au large, un moment où j'ai eu tout d'un coup le sentiment que je ne maîtrisais plus la situation.
J'ai essayé de nager pour revenir vers le rivage, mais je n'y arrivais pas.
J'ai forcé un peu plus, et j'ai pris conscience petit à petit que j'avais un problème.
J'ai nagé encore plus fort, autant que je pouvais, pour revenir vers la terre, mais je n'arrivais à rien de mieux.
J'ai lutté et je sentais que je m'épuisais, alors je me suis dit, « c'est parti ». c'est maintenant, ça va finir, et puis j'ai crié, Oh, Oh,Oh,.......fort.
Il y avait quelqu'un sur la plage, mais elle ne m'entendait pas, j'ai fait des signes.
Mais je m'épuisais encore plus à lever les bras, à crier, alors je me suis dit, il faut que tu te reposes.
J'étais pas énervé, ni en colère, j'ai fait la planche, retrouvé mon souffle, et j'ai essayé de rejoindre l'endroit ou les vagues éclataient, en espérant que l'une d'elle allait me ramener vers le sable. Mais je n'y arrivais pas.
J'ai crié encore, et je me disais, c'est difficile d’appeler à l'aide, ça me gène, ça me dérange.
J'avais conscience que c’était la première fois que j'appelais à l'aide.
C’était pas très difficile, mais très nouveau. Je me sentais appeler à l'aide, comme si j'étais un nouveau « moi » qui........ ....….accepte......
Un quelqu'un d'autre qui appelle, "un quelqu'un d'autre qui peut appeler". Car ce n'est pas le « moi » que je connais.
Celui que je connais, c'est pas qu'il soit fort, mais il montre rien de ces faiblesses.
Il rase les murs, il fait semblant que tout va bien.
Et puis je faisais la planche pour me reposer, et j'essayais encore d’attraper une vague. Je n'y arrivais pas.
J'étais pas résigné, ni en colère.
Et puis pendant un moment de pose, une vague m'a roulé et rapproché du bord.
J'ai pas compris, car je savais que je n'étais pas là où les vagues éclataient et où elles auraient pu me ramener.
Mais bon, cette vague m'a rapproché, et alors je savais que ça irait.
Je n'avais plus qu'à attendre la vague suivante, et celle d'après encore m'a ramené sur le sable. Trois vagues pour revenir, épuisé physiquement, essoufflé et plein d'une expérience riche, nouvelle .
Pourquoi j'écris tout ça ; j'écris, ou je cris . Je sais pas ?
C'est Anne qui de loin, depuis La France, alors que j'arrivais à Rio, m'a invité à raconter mon voyage, parce que, elle aime bien lire des histoires vraies.
Au début, je l'ai fait pour lui faire plaisir, j'ai raconté le voyage, sur mon site, et puis, j'y ai pris plaisir, ça donnait une autre dimension au voyage. Et aussi, ça m'a permis de garder un peu de lien, et j'en avais besoin, les rendez vous avec l'ordinateur pour "raconter" sont devenus une part importante du voyage, rendez vous avec Anne, Danielle, Bernard, Magali, qui au loin, lisent un peu. J'ai finalement besoin d'eux, de leurs yeux sur ces mots, parfois de leurs mots sur un mail.
Mais là, il se passe autre chose. Je crois que j'écris parce que j'en ai marre de faire semblant, d'être invisible, ou transparent, d'empêcher « l'autre » de me connaître, de m'approcher.
Et puis aussi, je viens de lire : « et Nietzsche a pleuré » de Irvin Yalom, et je me sens très proche de ce Nietzsche, et de Breuer, Ces deux hommes à la fois dépressifs et plein d'un désir de vivre autrement .
Grâce à cette expérience de presque noyade , c'est la première fois que je sais que j'ai envie de vivre.
Mais à l'heure du repas, aller seul au restaurant est une épreuve qui me renvoie au désir d'en finir, que tout ça s'arrête, plutôt que de sentir cette solitude, qui me fait penser que je ne vaux pas un moment d'attention, un sourire, quelques mots inutiles autour d'une table. Mais c'est moi qui ne vais pas les chercher ces quelques mots. Impossible d'inviter qui que ce soit pour partager ces moments. Et quand ça arrive, que je suis accompagné, il y a une part de moi qui juge ces moments comme dérisoires, ces mots comme inutiles, et ça recommence, la boucle se referme et fait naître à nouveau ce désir de mourir.
Comment ferez vous, mes amis, ma fille, maintenant que vous avez lu, que vous savez, pour me regarder, ou me parler ?
Est-ce que ce sera encore plus difficile, ou est-ce que vous serez délivré de ma bizarrerie, peut-être serez vous soulagés de savoir enfin ce que vous pressentiez.
Ou alors, peut-être, pourrez vous à votre tour, partager des états d’âmes que vous taisiez ??????????????
ça me fait peur d'être à nu, mais tant pis .

Être à nu ? devant qui ? il n'y a personne qui va lire ces quelques mots , sur un site "perso", comme on dit, quelques mots perdus "sur la toile". Cette immense toile, ou finalement on peut se mettre à nu sans que personne ne le voit, un anonymat d'autant plus grand que "la foule" est immense.
Et puis, je sens au fond de moi une petite voix qui a envie de crier, de témoigner, de dire qu'il faut faire attention à nos enfants, savoir qu'il y a des blessures anodines qui s'incrustent et qui pourrissent la vie. Et aussi, il y a deux amies qui m'ont dit que j'écrivais bien .............J'ai beaucoup de mal à le croire, j'étais nul "en français" à l'école.
Du coup j'ai envie de continuer, un peu comme j'ai commencé ce voyage au Brésil, en acceptant de ne pas trop savoir où ça me mènera. Là, ce serait "écrire sans savoir ce qui va venir".
C'est vrai, c'est en "écrivant" que l'on écrit.
Oui, d'accord, ça parait une idiotie à dire. Peut-être ce serait plus clair de dire: c'est en marchant que l'on chemine, que l'on parcoure un certain chemin. On peut alors se retourner et voir le chemin derrière soi. Peut-être qu'écrire c'est pareil, on met des mots les uns à coté des autres, et ............ils prennent sens.........peut-être......
Un jour, il y a très longtemps, ma fille avait 6 ou 7 ans, elle "boudait", ça n'allait pas, et je n'arrivais pas à lui faire dire ce qu'il se passait. Alors, je l'ai invité à me dire des mots, "au hasard", et elle a dit, ".....veut ........voir .............maman.......". Elle s'est rendue compte de ce qu'elle avait dit, quelques instants plus tard, lorsque j'ai répété ses mots. Elle savait que ça ne me faisait pas plaisir qu'elle veuille voir sa mère. Alors c'était difficile à me dire.

Ma première petite amie............................. non, c'est con à dire..................... ma première "Nana"..... ....... je sais pas si c'est mieux dit, comme quoi, moi et les femmes ...............C'est tout juste si je sais les nommer, et pourtant " elles sont toute ma vie" ou presque.
Bon, enfin.......... Pour "la première", j'avais déjà 17 ans, c'était tard, et elle, "Danielle", elle avait 21 ans, on était vierge tous les deux, et on l'est resté, on est jamais allé plus loin pendant les trois ans que ça a duré, que des baisers et des orgasmes, clitoridiens pour elle. J'étais très amoureux, sans savoir ce que c'était bien sûr. "J'étais très amoureux" est le sentiment que j'avais;, aujourd'hui je dirais que ça n'avait pas de sens. A l'époque, j'avais passé un Bac E, math et technique, une voie très scientifique, j'allais vers Math Sup, ou une école d'ingénieur. En fait j'ai suivie une préparation à l'école de géomètre. Et Danielle était en dernière année d'école d'éducatrice.
Je partais de Nimes en train, pour la retrouver à Aix, quelques heures, et rentrais par un train de nuit. J'observais les clochards dans les salles d'attente, il y en avait une grande à St Charles. Je les aimais bien les clochards, même si je ne leur parlais pas vraiment. A cette époque ils n'étaient pas dehors, ils n'étaient pas exclus de tous les lieux publics.
Je me sentais pas bien dans le "matériel", à mesurer des terrains, les maths, et elle a dû m'influencer pas mal, Danielle.
Alors je me suis inscrit à l'école d'éduc, et celle d'assistant social. Chez les éduc,ils m'ont refusé.
Bien sûr, lors des tests, quand on m'a demandé de dessiner un homme, j'ai dessiné un Clown, d'abord, puis je lui ai fait des griffes, des poils. C'est devenu un monstre mi clown, mi singe.
Quand on nous a demandé de dessiner une femme, j'ai dessiné une petite fille en jupe plissée, et queue de cheval, sans rien d'une femme. Et pour l'arbre, j'ai dessiné un cyprès ???? C'est sûr que je pouvais pas être éduc, tenter de transmettre une image parentale de remplacement avec une telle image inconsciente du père et de la mère......???
J'ai été accepté chez les assistants sociaux.
L'été , les vacances, je les passais comme moniteur dans un camp d'ados, en montagne.
C'est là que je suis tombé amoureux d'une fille avec qui il ne s'est rien passé, à part quelques baisers. Mais ça m'a suffit pour décider d'arrêter la relation avec Danielle.
Par une sorte d'honneteté intransigeante. "Si j'avais envie d'une autre, c'est que je ne l'aimais pas". Puis, il y a eu Sophie, quelques jours, une monitrice.
Je me sentais toujours seul, et engager des relations était difficile ; jamais de copains vraiment. Je n'étais capable que d'un seul mode relationnel, "être amoureux". Comme j'étais amoureux de ma mère, ou des amies de mes parents. Quelle tare. Si je croisais quelques fois le regard d'une fille, ça commençait, j'étais déjà "amoureux", je faisais des plans sur la "comète".
Des films sans fins dans ma tête. D'ailleurs ça n'a pas vraiment changé, à part un peu de conscience de mes états, et de recul.
Et puis, j'ai croisé le regard de Marguerite un peu trop souvent, dans le train que nous prenions pour aller suivre les cours à Marseille. Je montais à La Ciotat, et elle à Cassis; à l'aller, elle parvenait à m'éviter, mais au retour, je faisais tous les wagons pour être à sa proximité. Un jour, sur les escaliers de la gare Saint Charles, on s'est embrassé. Elle dira plus tard en riant qu'elle m'avait embrassé pour éviter de croiser "quelqu'un". C'est fort possible que ce soit vrai. Enfin, on s'entendait assez bien, elle extravertie , moi introverti complet, on participait ensemble à une "AEP", association d'éducation populaire, qu'on avait créé avec Alain, et d'autres. Alain, le seul copain, ami, de cette époque. L'association, c'était club de majorette, on organisait des WE famille/enfant, des balades toutes simples dans la colline, avec des couples, des enfants, et aussi des spectacles de marionnettes pour Noël.
On croyait à quelque chose, à la gauche, qui n'existait pas encore comme plus tard.
Et puis un jour, Marguerite me pose une question:
" si j'attendais un enfant, ça te ferais plaisir"
Je n'étais pas très futé, mais bon, après presque trois ans d'études d'assistant social, j'avais dégrossi un peu mon esprit très immature. Bref, je me suis dit que ce n'était pas vraiment une question, j'en étais sûr tout de suite, Marguerite était en train de me dire qu'elle était enceinte, et je n'avais qu'une réponse possible: " Bien sûr, je serais très heureux", et même si ça passait pas bien, au milieu de la gorge, c'est ce que j'ai dit.
Car le fait qu'elle pose cette question signifiait à mes yeux qu'elle n'attendait que cette réponse. J'étais sûr de casser notre relation si j'avais dit autre chose, mais, bon, tout ça est loin, alors, des bémols sur les certitudes. Enfin, c'est parti comme ça. Les parents ont essayé de me faire comprendre que je faisais une bêtise, mais ils en faisaient tellement eux, des bêtises, alors comment , et surtout pourquoi les écouter, ou seulement entendre ???
Six mois plus tard, j'étais marié en grande pompe, à l'église, j'avais un beau père adorable, casse couille, gaulliste, élu conseiller municipal et moi plutôt très à gauche. J'échouais brillamment à mon diplôme, et cherchais rapidement à travailler. Premier boulot , au chantier naval de La Ciotat, comme échafaudeur. Moi, le gamin mal dégrossi, j'allais grimper sur des tubes, pour les fixer, à 10, voir 20 m de haut. Je crois que ça été les pires moments de mes débuts de vie d'adulte. Un bébé à la maison, une femme sans formation, ni boulot, et moi sans diplôme, j'avais une trouille pas possible, à 20 m sans protection, sous la neige, ou la pluie, avec des gars plutôt très frustes, des immigrés largués, prêts à faire n'importe quoi . Ils avaient du mal à comprendre ce que je foutais là, car même pas très intelligents, ils sentaient bien que ce n'était pas ma place. Dans le même temps, on prenait plaisir à se retrouver avec mon cousin Michel, qui était un peu comme un frère. On allait ramasser des champignons le WE . Lui , revenait à peine du Maroc où nous avions passé nos enfances. Il était un peu paumé. La meilleure amie de Marguerite a été sa première femme. Une fille très sympathique, Solange, qui avait déjà vécu des violences conjugales.
Avec bébé "Jean" ça allait bien, biberon, etc........Jean , parce que prénom de Jean Eyméoud, un gars, un montagnard qui dirigeait le camp d'ados et avec qui j'avais travaillé pendant les vacances scolaires de trois années consécutives.
Trois années qui avaient marqué ma vie, le chalet "les Abeilles", les ados, les ruches qu'il élevait, ......
Jean a été une image parentale de substitution, mais bon, un peu dur lui aussi, droit comme un I, sensible aussi, etc... un camp d'ados avec que des jeunes de la DDASS, 80 gars et filles de 13 à 20 ans qu'on emmenait à 2300m passer des cols dans le Queyras, alors qu'ils n'étaient jamais sortis de leur "ville", Paris, Rouen, Le Havre, Lille . Une ambiance incroyable, faite de chaleur humaine, et d'une certaine violence potentielle. On était sur le "qui vive" en permanence. Ils arrivaient en grognant, râlant, pestant, et repartaient les larmes aux yeux, conscients souvent, que c'était la première fois de leur vie qu'on les avait écoutés, regardés, vus. Bref, Jean , un homme important pour moi, et donc le prénom de mon fils sera "Jean". Après le chantier naval, ce fut la caisse d'assurance vieillesse, puis, tout à coup, je sautais sur l'occasion d'un emploi d'ouvrier agricole chez un apiculteur. Jean, mon mentor, apiculteur lui même, m'avait initié, et cette annonce d'un apiculteur qui cherchait un ouvrier, ça a fait "tilt". Et me voilà apprentis apiculteur. Il offrait un logement. Les débuts furent un enfer. Les premières piqûres d'abeilles faisaient mal, mais les suivantes faisaient enfler au point que j'avais du mal à enlever les bottes.
Après quelques jours, la moindre piqûre déclenchait des réactions immunitaires assez violentes. Puis, c'est allé en diminuant, jusqu'à ne plus provoquer aucune réaction. Jean avait un an, et je ne supportais pas qu'il "sorte du tapis", je devenais violent avec lui, et c'était comme si je devenais un inconnu. Je n'arrivais pas à me dominer, je lui frappais les fesses pour l'empêcher de sortir de ce fichu tapis. C'était l'hiver, il fallait éviter qu'il n'attrape froid. Les "violents " ont toujours de bonnes raisons. Je me voyais comme un monstre, enfin, une lueur assez faible de conscience, suffisamment pour me culpabiliser, mais pas assez pour susciter un changement de comportement. Juste entre deux, inadmissible intellectuellement, par rapport à une certaine idée de soi, de moi, mais........... Enfin, insupportable. Heureusement, je n'étais pas souvent à la maison. Marguerite travaillait chez les compagnons d'émaus (l'abbé Pierre ) . Quelque part les apparences étaient sauves. Est-ce qu'elle rachetait quelque chose ??? Ces questions resterons sans réponses, il est trop tard pour les poser. Elle était "la pureté" , aidait "les autres", moi j'étais "le monstre". Une année d'apiculture, et mon beau père, le mari de ma mère, me fait entrer à la SNCF. Mon grand père travaillait à la SNCF, mon beau père , le père de marguerite, aussi, mon oncle, mes cousins de Miramas, etc ..... à croire que tout le monde en france travaillait à la SNCF. Qu'est-ce que je me suis fait chier là. A la maison, c'était moins pire, j'avais mes premières ruches. Je travaillais à la caisse des retraites, et on nous disait , "si certains retraités ne connaissent pas leurs droits, vous ne leur dites rien, surtout ceux qui ont fait partie des résistants, des FFI, FFL et autres groupes, qui ont fait le STO " !!! C'était aussi d'anciens communistes. Ah bon ??? Alors, je leur envoyais un courrier anonyme pour les informer de leurs droits, et un double au syndicat des retraités. Il y avait à l'époque des "positions" comme ça, inadmissible, le petit peuple était considéré comme de la merde.
Je m'amourachais de toutes les filles qui passaient à coté. Même s'il ne se passait rien, j'étais ailleurs.
C'était pas super avec Marguerite. Je reprenais mes études d'assistant social, je ratais encore l'examen, l'année suivante aussi, en me trompant de jour d'examen. On a beaucoup dit que certains immigrés élevaient leurs poules et tuaient l'agneau dans la baignoire. Moi, je commençais à fabriquer mes premières ruches dans le nouveau HLM de Cassis. Je faisais ma petite menuiserie dans une des chambres.Je déplaçais les ruches avec une 2cv, puis avec une Ami6 break, et ensuite avec une remorque.
Au bout de trois ans Marguerite demanda le divorce; ok . Notre relation était assez nulle, mais je tombais des nues tout de même...
Aussi vite mariés, aussi vite divorcés, et puis après tout, ma mère avait commencé très tôt, divorcée au bout d'un an ????
Je réussissais à mon diplôme d'assistant social en même temps que le divorce, étonnant !! j'allais travailler à Avignon, service de sauvegarde de l'enfance. Je me perdais dans une gestion difficile des contradictions de la vie adulte. On plaçait des enfants chez des familles d'accueil, qui parfois étaient aussi maltraitantes que leur famille naturelle. J'allais chercher Jean les WE, jusqu'au jour ou il me demanda si j'allais "être gentil".
Je faisais des efforts pour étouffer "cette violence" qui était en moi, rien ne sortait plus, ou aussi peu que possible, mais ce n'était pas suffisant, puisqu'il me demandait si j'allais être gentil ?? Tous les efforts que je faisais étaient donc insuffisants. C'est alors que j'ai décidé de ne plus venir le chercher pour les WE, ni jamais plus. L'opinion que j'avais de moi même en a pris un coup. C'était une torture moralement.
J'étais envahit par la culpabilité, mais coincé. Si je ne le prenais plus avec moi, au moins les dégâts seraient minimisés. J'imaginais que ça irait, avec sa mère, elle avait un compagnon, une famille .
C'est ce que je croyais, j'étais convaincu que c'était la meilleur solution pour lui, mais aussi pour moi, car tout était trop compliqué, et notamment les relations avec "la belle famille".
Et puis je suis à nouveau "tombé" amoureux, vraiment, enfin plus.
Christine était mariée depuis cinq ans, un mari gentil. Quand nous avons eu notre premier rapport sexuel, je découvrais qu'elle était vierge ????? après cinq ans de mariage !!!! Aussi notre relation a t-elle pris pour moi une dimension très mythique, le prince charmant qui réveille la belle au bois dormant....... Oui, vous souriez, vous pouvez, mais moi, je suis entré dans une dimension quelque peu irréelle. On a vécu un an ensemble, et puis elle m'a jeté, et je suis resté là sans comprendre. J'avais écrit "je t'aime" à la peinture à l'huile sur toutes les fenêtres de son appart. Peut-être qu'elle m'a jeté à cause du chat que je ne supportais pas. C'était un concurrent trop doué. Je n'ai jamais compris vraiment d'ailleurs.
On a continué à se voir pendant quatre ou cinq ans, je passais toute mon énergie à essayer de la retrouver, de la garder, de vivre à nouveau avec elle, et puis ça paraissait possible, nous sommes allé à Venise, quand j'ai eu une autre relation avec Mariane. Christine l'a senti. J'étais incapable de cacher quoique ce soit. Alors je le lui ai avoué, et ça été terminé.
Entre temps j'avais bénéficié des câlins de Marie Estelle, de Marie Ange, de Jacky, de Claire, la solitude m'était insupportable, je la meublais au prix d'efforts incommensurables. Les ruches, un peu de menuiserie.
Puis, Mariane s'est fait virer par son mari qui s'est aperçu de .........et voilà, elle a frappé à ma porte en me demandant "qu'est-ce que je fais ?", et j'ai dit , "eh bien viens". J'étais heureux , et malheureux. Christine m'avait trop fait attendre, trop difficile, mais qu'est-ce que je l'aimais .... Mariane avait de beaux yeux bleus et des cheveux noirs, un fils, .............
Je travaillais dans un CAT, La Gauthière à Aubagne, ou c'était un bordel pas possible. Un centre géré par l'ARAIMC, association régionale d'aide aux infirmes moteurs cérébraux. Ils voulaient du personnel corvéable à merci, et jetable à volonté; de fait leur démarche abusive conduisait à une institutionnalisation d'une maltraitance évidente contre laquelle ils s'insurgeaient, et ils se refusaient à voir, et à admettre qu'ils étaient responsables de cette situation de crise, de lutte.
Mitterrand venait d'être élu, et j'espérais comme tant d'autres qu'on allait pouvoir faire le ménage chez ces méchants connards. Le ménage a été fait, mais pas tout à fait selon mes et nos espoirs. J'étais délégué syndical, et du personnel, Mariane prenait parti contre moi, pour le directeur de ce CAT. Quelque chose se "brisait" déjà entre nous. Mais bon, on a continué, et j'avais envie d'un enfant ??? Hum,!!! J'avais toujours l'impression que mes compagnes s'intéressaient plus aux autres qu'à moi. Alors faire un enfant c'était faire plaisir à Marianne, et renforcer mon "image". Comme ça n'allait pas super bien avec Mariane, je recommençais à rêver de retrouver Christine, et entrais chez les "Francs Maçons" du G.O. à Aubagne. Je pensais y trouver un engagement entre le politique et le syndicalisme ..... On prenait nos agapes dans un restaurant tenu par une vieille prostituée, à coté de la gare SNCF d'Aubagne. Cette vieille "Dame" nous accueillait avec un baiser sur la bouche, enfin c'était un rituel auquel j'ai toujours réussi à échapper. Elle était très attirée par nos jeunes chairs fraîches. Ils m'avaient reconnus pour frère, mais ça n'a pas été réciproque . Je les trouvais trop intellectuels, bourgeois. ......Mon engagement syndical me conduisait au licenciement, avec autorisation du premier ministre du travail socialiste. Quelle déconvenue. Une grande claque j'ai reçu là.. Nous avions été deux à être licencié; moi, et Georges, mon meilleur et seul ami de l'époque. Ce Georges !!!!! on faisait de longues parties d'échec chez lui. Sa compagne Marie Reine était adorable, on s'appelait petite soeur et petit frère, car elle portait le même nom que moi. Georges avait d'autres relations, pour lui, tout pouvait être sujet à expérimentation. Un jour, il m'avait accompagné pour déplacer des ruches, et au moment d'aller dormir, il me demandait pourquoi je ne m'approchais pas plus de lui. Il n'était pas contre les expériences homosexuelles. C'était une attitude qui me révulsait. Je ne portais pas de jugement sur les pratiques des uns et des autres, mais je ne supportais pas que l'on vienne me proposer des relations qui sortaient de ma "norme".
Je quittais assez vite le G.O. pour le "Droit Humain", obédience mixte, où je tombais cette fois très amoureux d'une "soeur", Ariane . Pas question de vivre de manière "incestueuse". Donc une relation seulement sublimée. C'est sans doute pour cela que j'y suis resté assez longtemps, amoureux, et au DH. Grâce à ça que je suis toujours resté un peu à coté de cette démarche "maçonnique".
Avant cela, Magali était née, ma fille, du prénom d'une femme qui a été une amie très chère, d'une époque difficile. Une amie qui a été un peu comme "Jean" , lui une image paternelle, elle une image de "femme" complète, à la fois femme et mère.
J'ai eu deux enfants, et c'est moi qui ai choisi leurs prénoms.
J'ai pas réussi à être un "bon père", pourtant à travers les choix de leurs prénoms, j'avais beaucoup investi leur " arrivée ".

Après avoir été licencié, je décidais de me mettre à mon compte, comme apiculteur. J'en avais marre du social, un salaire minable, et je voulais que mon travail me profite directement. Faire rentrer "des sous" et réinvestir sans cesse. Je proposais à mon frère Patrick une association, et nous avons donc démarré ensemble. Il m'a appris la menuiserie, moi je lui apprenais l'apiculture que je pratiquais en amateur depuis 10 ans déjà, et avec 50 ruches. Nous avons loué un hangar à La Bédoule, et j'habitais à coté. Nous fabriquions nos ruches, et travaillions "au noir" pour des travaux de menuiserie. On arrêtait pas de bosser, et c'est à ce moment là que je me suis coupé deux doigts de la main gauche. Le travail, mes pensées qui retournaient vers Christine, dont je ne parvenais pas à me détacher mentalement. Bien au contraire, je faisais vivre son souvenir, et le nourrissais de pensées. D'où l'accident sans doute. Et aussi, bizarrement, mon père, que je n'ai pas connu, s'était coupé le même doigt, à la même main. Magali est née un peu plus tard, Je crois que j'étais heureux, mais le travail prenait toute mon énergie. Patrick n'était pas vraiment là, et je mettais un terme à cette association, pour pouvoir aller de l'avant, plus vite, acheter un terrain, développer mon entreprise d'apiculture. Je vivais au rythme des saisons, mais à la maison, j'étais insupportable. J'avais l'impression de ne pas être aidé suffisamment par Mariane. De son coté, secrétaire médicale, elle était venu vivre avec "un assistant social", et en quatre ans , elle se retrouvait avec un paysan Apiculteur, qui bossait comme un fada, construction de ma première maison, planter des arbres, ..... Je crois qu'elle ne s'y est pas retrouvée, et surtout, j'étais toujours en colère, contre le chat, contre Natacha, une petite trisomique que Mariane gardait ( nous étions devenus famille d'accueil ) , contre les enfants . La même violence qu'avec "Jean" revenait. Rien n'avait changé.
Je ressassais beaucoup l'abandon de mon fils, et cette "histoire à répétition", avec le sentiment de n'avoir pas de libre arbitre. Je n'ai pas connu mon vrai père, j'en ai souffert, et je ne trouve rien de mieux que de m'empêtrer dans une relation pas très claire, avec une femme qui me fait "un enfant dans le dos" comme on dit. De son coté, elle avait un demi frère que son père avait abandonné aussi. Et donc, nous nous retrouvions tous les deux à reproduire, chacun à sa façon, une situation où nous étions les acteurs impuissants d'un "film" qui avait déjà été tourné dans notre passé. C'est à cette époque seulement que je pris conscience de la force des névroses, des liens qu'elles sont capables d'initier, au delà de nos désirs profonds, réels. Je n'avais jamais voulu d'un premier enfant de cette façon. Et encore moins, sentir en moi cette violence que je ne maitrisais pas .
Et cette fois, pour moi, avec Magali, il était hors de question que ça recommence. J'avais un peu mieux identifié ce qui se passait en moi . En "Mariane", "la mère" prenait le dessus, la mère protectrice, qui quoique je fasse, me faisait toujours passer pour le mauvais objet, le méchant homme.
Pour elle, les enfants devait avoir toute la place, et quand j'essayais maladroitement de prendre la mienne en tant que père, ou en tant que mari, ça ne marchait pas, je me sentais toujours exclu. Pour être inclus dans cette famille, il fallait que je fasse à "sa façon", Aucune transaction possible . Par contre , l'apiculture, le jardin, elle s'en foutait. Elle faisait son chemin seule. Alors, moi aussi, j'ai décidé de faire mon chemin seul, et parvenir à une relation normale avec ma fille. Je ne voulais pas qu'il se passe la même chose qu'avec Jean . C'était devenu une obsession . Chaque fois que je m'adressais à Magali, Mariane, sa mère, s'interposait, comme s'il n'y avait qu'elle qui pouvait valablement entrer en relation avec sa fille . Je m'échappais dans le boulot, d'autres relations, Danielle, Edwige, Claude, des rêves, et finissait par décider de divorcer. Enfin, je pouvais avoir un peu ma fille avec moi, même si c'était difficile. Trop difficile, un chemin d'embuches, avec Magali qui avait du mal à être séparée de sa mère plus de quelques heures, et que je sentais tellement dépendante d'"elle", ça me faisait enrager cet attachement fusionnel avec "sa mère". L'apiculture, j'en pouvais plus non plus, des abeilles, des piqûres, des kilomètres à courir sur la route de rucher en rucher, de la solitude, de cette envie d'en finir, qui était là, prête à ressurgir aux moindres soucis du quotidien. J'avais bien encore, difficilement, une nouvelle amie, Agnès, Marie Christine. Mais quinze ans après, "Christine" occupais toujours mes pensées, mes rêves de perfection, de relation idéale. Je cherchais dans tous les sens, astrologie, stage d'énergétique, yoga, qi gong, reebirth, etc.... Relaxation à haute dose. Un jour j'ai fumé un joint, et je me suis parlé devant la glace, pendant quelques secondes. J'ai eu peur de cet état, j'ai pas aimé du tout. Un autre jour, j'avais atteint un état extrêmement agréable : tout à coup après des heures de relaxation, mon mental s'était comme déconnecté, il n'y avait plus aucune pensée, et c'était vraiment extraordinaire, et agréable. ça n'a duré qu'une seconde, le temps de m'en rendre compte et de me dire "qu'est-ce que c'est bien". Quelques temps plus tard, je suis entré dans un état particulier. J'avais enfin décidé d'en finir, et de me tirer une balle dans la tête: tout était programmé à partir de ce jour, et j'étais bien, serein. Je continuais à aller vendre mon miel sur le marché. Mais je ne souffrais plus. "Demain", j'irais acheter un pistolet- "après demain", je l'essaierais - "le surlendemain" je tirerais dans ma tempe. C'est ce que je fis exactement, sauf que, comme pistolet, je ne trouvais qu'un pistolet d'alarme, dont le vendeur m'avait garanti que c'était un objet dangereux, qui pouvait faire très mal. Je l'essayais comme prévu, sur une planche d'épicéa de 2 cm, à laquelle il ne fit qu'une égratignure. Découragé, je l'essayais sur une plaque de bois compressé qu'on utilisait pour les ruches. Là j'étais satisfait à peu près, la balle de grenaille avait fait un trou. Est-ce que ce sera suffisant ? J'acceptais de penser que "oui ! ", même si j'avais un petit doute. J'avais décidé, et donc il était hors de question de renoncer , d'autant plus que cette décision avait apaisé ma souffrance qui d'habitude était constante.
Je me sentais bien, comme sur un nuage, tranquille. Et le surlendemain, je m'allongeais sur mon lit, et tirais dans ma tempe......... et là ..........
J'ai eu mal, j'ai été sonné, même pas évanouis, mais très mal, de plus en plus. Il fallait me résoudre à une évidence, j'étais encore vivant, et la meilleure preuve, c'était la douleur, puis je vomissais, je saignais, Il fallait bien reconnaitre qu'une autre souffrance était là, de nouveau, et il fallait la faire cesser, car de toute évidence, je n'étais pas en train de mourir, non ! C'était raté, ça aussi je l'avais raté. J'appelais Mariane, et les pompiers furent bientôt là.
Moi j'étais ailleurs, en vie, et me réveillais à l'hopital.
Combien d'années pour exorciser cette histoire, l'extirper, la faire se diluer ou s'éteindre .....vingt ans déjà...... et je suis toujours là ........ tandis que tant d'autres sont morts, de mort naturelle, ou de suicide réussi, laissant des familles brisées par l'incompréhension, la douleur.................
Une part de moi avait voulu mourir, mais avec le temps, je ne suis plus dupe, une autre part de moi avait voulu vivre, voulait vivre, et c'est elle qui a été la plus forte. Même lors de cette presque noyade, vingt trois ans plus tard, alors que c'est toujours difficile, que j'étais presque prêt à laisser aller, à couler, et bien non ! j'ai fait la planche, me suis reposé, et voilà, toujours là. J'ai dû faire, sans le savoir, les seuls gestes qui pouvaient me sauver ......!
Va-t-il falloir continuer comme ça jusqu'au bout, et au bout de quoi ???
Peut-être faire confiance à cette part de moi qui veut vivre ?
Mais qu'est-ce qu'elle veut celle là, je la connais si peu ! ?
Peut-être que c'est elle qui tente d'émerger quand je ressens des choses sympas autour de moi, comme par exemple cette femme dans une gargote de restauration rapide, qui se montrait très prévenante avec tout le monde. Je perçois des différences avec cette France d'ou je viens, ou tout semblait insipide, les gens peu amènes, jamais le sourire. Est-ce moi qui change de regard, ou le monde autour ?

Cet acte, et son dénouement a marqué une étape, un virage, j'ai arrêté l'apiculture.
Pourtant les abeilles, les ruches, avaient rempli ma vie pendant quinze ans, j'avais pris un certain plaisir à vivre au rythme de la nature, des saisons. Des activités l'hiver, d'autres, l'été. La vie des abeilles avec leur comportement "social" , inscrit dans les gènes et complètement régit par des productions hormonales, les saisons. Les contacts avec les paysans un peu partout, pour placer les ruches. Tout ça, fini, d'un coup. J'ai vendu toutes les ruches et le stock de miel, et plus rien. Sans transition, je suis revenu au travail social. Pendant longtemps j'ai rêvé de ruches que j'avais ici ou là, qu'il fallait que j'aille voir. Des rêves réalistes dont je sortais, le matin, prêt à remettre la salopette blanche de travail pour aller voir mes abeilles.
Mariane m'a foutu la paix et nous avons divorcé sans complications.
Je travaillais dans un centre de soins pour toxicomanes, et je rencontrais Anne, avec qui j'ai commencé à vivre différemment. Sortir un peu, un restau de temps en temps, un voyage, presque le premier. La découverte des Etats Unis, mes premières galeries d'art, le musée d'art contemporain de New York, et la découverte de Miro..
Le peintre que j'adore................................................................. ........................
Et donc , c'est ça la vie ??? ma vie ?? bouger, changer, de lieux, de femme, d'amours, de maison ?
Mais j'aime pas tout changer comme ça, j'ai jamais voulu cette vie de bouleversements,
jamais rien en place, toujours tout à recommencer, et pourtant je fais tout pour que ce soit comme ça.
" Une maison, trois en location, un bateau, une place dans un port."
Et bien non, c'est pas top, pas suffisant, vendu la maison, parti avec le bateau, voir ailleurs, "faire tourner des ballons sur son nez". Et Ariane qui me rappelle que j'aurais beau partir, je traînerais toujours mon sac.
Oui, bien sûr, et bien tant pis, j'essaie quand même.
Et voilà, je suis dans cet ailleurs, avec mon sac, et maintenant j'écris ces mots, sans savoir à quoi cela peut servir. C'est mon chemin visiblement, de marcher sans boussole, juste marcher pour ne pas tomber, comme l'équilibriste pour qui le mouvement est plus facile que l'immobilité.
Est-il possible de vivre avec une boussole ? Personne n'en a vraiment, et ceux qui croient en avoir vivent dans l'illusion, car personne ne sait ou on va, non !!!!!! ???

Pourtant, moi....... Oui...... j'ai toujours cru que je savais ou j'allais. Enfin , une part de moi pensait ainsi, et décidait ceci ou cela. C'est assez contradictoire, ce que j'exprime là, avec l'histoire que j'ai raconté. Cette histoire où il apparaît clairement que je n'ai jamais rien maîtrisé, toujours du hasard ?..Non, des rencontres névrotiques....En tout cas, un chemin sans direction visible, même pas des signes. Pendant toutes ces années, j'avais l'impression de décider; en tout cas, c'est le discours que je tenais. Je savais bien, par ailleurs, en d'autres moments, d'autres états, que ce n'était pas vrai, que je me débattais tout le temps pour arriver à autre chose, à une autre vie. Mais ces deux états de conscience ne cohabitaient pas vraiment, ils avaient leurs moments, des lieux différents, des interlocuteurs différents. Il y avait quand j'étais seul, et aussi quand j'étais avec ma famille, quand j'étais sur les colonnes du temple maçonnique, et quand j'étais au contact d'inconnus, pour travailler, ou m'adonner à un certain nombre d'activités. C'est très étonnant pour moi, ce que je suis en train d'écrire. En commençant cette "page", je voulais juste évoquer une presque noyade, parce que cet événement a été très étonnant, fort, riche d'enseignements, puis j'ai eu envie d'écrire une sorte d'autobiographie, que j'imaginais s'étaler en un ouvrage complet, et doucement, je dérive vers une sorte de prise de conscience nouvelle, par ce présent raccourci.
Tout ce qui se passe aujourd'hui a commencé avec l'acquisition de ce bateau, un voilier, un rêve d'ailleurs. Je vivais avec Pascale, une relation qui fonctionnait bien, ou presque.
C'était une vie un peu rangée, beaucoup de "famille", mais une part de moi allait assez mal. Toujours un peu en colère contre tout. J'étais parti en Mauritanie, seul en 4X4, plusieurs fois.
Toujours ces rêves d'ailleurs, puis j'ai joué au peintre, au galeriste, pour meubler ce temps ou je ne faisais rien, puisque je ne travaillais plus depuis quelques années. Après avoir dépensé tant d'énergie dans la construction de ma cinquième maison. Un grand plaisir de "faire". Et puis le vide encore, car tout ce matériel n'a rien rempli.
Alors, un voilier, un vieux rêve aussi, de désert, de mer, d'ailleurs. Cinq ans à le faire tout neuf, prêt à partir, apprendre à naviguer, seul ou avec Pascale, ou avec d'autres équipiers. Et puis Pascale ne partirait pas, jamais. Pour elle, la vie c'est plutôt la famille. Alors je cherche des équipiers, puis des équipières, puis une équipière qui partirait. Et je crois trouver. Alors on se sépare , brutalement, je suis pressé de partir. Mais je veux pas partir seul, j'ai peur de cette éventualité qui je le sens me "pends au nez". Je recule encore quelques mois. Une amie me convainc de venir au Brésil.
J'y passe une semaine de rêve, et je me vois acheter une "pousada". N'importe quoi, mais ces rêves me font tenir, et avancer. Je vends la maison pour acheter quelque chose là bas, avec une associée. Je me retrouve seul avec de l'argent. D'accord, je vais le poursuivre seul ce projet, et partir ça me plait, même si j'aurais jamais eu le courage de l'envisager seul. De loin en loin, j'avance sur un chemin ou les autres me servent d'appuis, de béquilles. Maison vendue, j'habite sur mon bateau, autant de situations dont je ne voulais pas. Je voulais pas continuer seul. Je voulais un projet à deux. Et bien, non, c'est pas comme ça, ma vie. Je trouve assez d'énergie pour partir seul au Brésil, avec déjà un visa permanent. Je découvre un pays qui me plait beaucoup, des gens sympas, étonnants. De nouveaux amis, des moments particuliers, jusqu'à cette presque noyade, qui me dit "ai confiance", "ai confiance en la vie", "quoiqu'il se passe, ce sera de la vie". Alors voilà, j'ai décidé de continuer mes rêves, de réaliser celui pour lequel j'ai acheté ce voilier, partir avec, pas seul, mais tant pis, "faire une transat", j'ai pas encore complètement réalisé que je l'ai fait. Il faut encore que je l'écrive un peu plus.
Il y a quelques années, j'ai découvert que je pouvais dessiner. J'ai commencé à faire des traits sur des post-it. Un trait en appelant un autre, dans une recherche d'équilibre des espaces, et des mouvements, un point ici, une courbe là ..... jusqu'à ce que l'oeil soit content. C'est clair que ma vie s'écoule comme ça, un pas ici, un autre là, comme je dessine.
Ariane me dit à propos de "partir": "ce que tu fais c'est quelque chose que je ne sais pas faire, j'essaye de chercher le sens là où je suis...avec obstination et parfois dans la douleur et la solitude la plus totale ...". Nous avons "la solitude la plus totale" en commun, même si on emprunte pas les mêmes chemins.
Comment peut-on espérer se trouver "soi", en vivant dans le secret, une certaine forme de mensonge, à soi, aux autres, comment rassembler ces morceaux éparpillés sans "dire",
ou "écrire", "crier" peut-être, que l'on "est" ainsi, s'accorder un peu de marge, de tolérance, de respect de soi.
Bon, demain sera un autre jour, d'autre mots émergeront, peut-être ?

Refermé dans ma coquille: cette expression m'est venue à l'esprit, comme ça, et je ne suis pas sûr que ce soit exact. Un jour, après avoir vu sur des registres scolaires qu'il y avait deux noms accolés me concernant. Je suis rentré à la maison, et j'ai demandé pourquoi à ma mère. Elle m'a répondu tout de suite, il me semble, je ne me souviens pas de ses mots. Je sais que j'ai appris ce jour là que "Guy" n'était pas mon père. Que ma mère m'avait eu d'un premier mariage. Et c'est tout . Ensuite, plus jamais parlé de ça jusqu'à mes 37 ans environ. J'avais un grand copain, Pierre, fils des voisins, et je passais souvent un WE avec lui et ses parents. On allait pécher des poissons chats dans des étangs de la région. Je crois que je ne parlais pas beaucoup. Souvent, je refusais de dire bonsoir. Mais bon, je crois que nous formions une famille juste normale, et bizarre.
Guy avait eu un père, médecin militaire, qui avait emmené sa femme un peu partout dans les lieux de conflits, tandis qu'il avait été placé chez sa grand mère. Il était atteint du "syndrome de Casanova". Il était viscéralement tourné vers les femmes, et d'une extrême jalousie, et faisait constamment des scènes à notre mère, alors que c'est lui qui avait d'autres relations . En fait il cherchait sa mère chez chaque femme qu'il croisait.
De fait notre mère n'avait aucun répit, et aucune énergie pour être vraiment une mère avec nous. Elle a fait partie de ces "femmes nouvelle génération" qui travaillaient et assumaient seules tout ce qui concernait le quotidien et quatre enfants à élever. C'est assez bizarre, car j'ai l'impression qu'elle ne nous parlait jamais. J'ai peur d'exagérer, et pourtant....... Mon adolescence, j'en passais une grande partie du temps dans une chambre noire de ma fabrication, ou je développais mes photos noir et blanc. Il me semble qu'à table, on avait pas trop le droit à la parole. Mais c'est un peu difficile à dire, ces souvenirs ont été usés à force de les évoquer si souvent depuis tout ce temps, et ils ont perdu de leur consistance. Est-ce qu'ils n'étaient qu'une illusion, ou une construction de mon psychisme. Pour exemple, je me souviens il y a assez longtemps d'avoir affirmé qu'à 13 ans, j'avais vu la télévision en "couleur" chez des voisins, et l'avoir soutenu avec véhémence, alors que c'était complètement impossible.
J'ai tellement ressassé ces souvenirs, à essayer d'ouvrir des portes, un chemin autre.
Un des premiers rêve dirigé dans le cadre d'une séance de P.N.L.: je descendais un escalier , et la thérapeute m'invitait à ouvrir la porte qui se trouvait en bas, et je lui disais, c'est impossible, car dans mon rêve éveillé , elle s'ouvre vers la dernière marche tout contre, et on ne peux pas l'ouvrir. Plus tard, elle m'invitait dans un autre chemin de rêve, à marcher dans la colline, je passais à coté d'une cabane, à l'intérieur se trouvait un ami qui s'appelait lui aussi "Guy" comme mon beau père. Il me remettait un paquet cadeau. Je l'ouvrais et y trouvais un pistolet, celui avec lequel quelques semaines plus tard, je tenterais de mettre fin à ma vie, ou cette vie. J'ai parfois regretté de n'avoir suivi à cette époque, que des démarches non conventionnelles : P.N.L., reebirth, sophrologie, Qi Gong, Yoga, stages d'énergétique, qui m'ont accompagné vers cette T. S.
Ce n'est pas bon de faire une tentative de suicide . Même si c'était raté, pendant longtemps, j'ai eu peur de cette partie de moi qui " me voulait du mal". Je me demande si ce n'est pas cet aspect là de l'acte, qui a été le plus toxique pour moi. Jusqu'à aujourd'hui, j'ai cru que je m'étais libéré de quelque chose, avec cet acte, que c'était comme si j'avais tué tout ce qui en moi ressemblait à mon beau père Guy. En fait, là, maintenant, en écrivant, je me demande si je n'ai pas plutôt détruit ce jour là, le peu de confiance que je pouvais avoir en moi et en la vie.
Ce qui me fait dire ça, ce sont les changements de conscience que je vis depuis cette presque noyade, de nouveaux "points de vue" sur le passé, et sur "Moi".
Lors de mon premier avion vers le Brésil, j'ai eu l'impression que tout allait bien, j'allais ailleurs, et je ressentais un grand soulagement dans cet éloignement de ma famille........et cela a persisté lorsque j'y suis retourné.
Cette noyade évitée, a redistribué les cartes, et une nouvelle confiance émerge chaque jour un peu plus. Bon, ce n'est pas une explosion, une délivrance totale, non, plutôt un apprentissage nouveau, progressif, et sujet à mouvements rétrogrades, des allers et retours, avant arrière, hauts et bas.

Rassembler ces morceaux éparpillés ? je me relis et je n'en reviens pas de ces mots que j'ai utilisé ici, et que j'ai déjà écrits sur la page d'accueil de ce site, mais que je pensais adresser aux visiteurs : "rassembler ce qui est épars, sans trop de concessions au pouvoir des uns, au silence des autres". Il serait temps qu'enfin j'applique ces mots " à moi même".
"Rassembler ce qui est épars", c'est aussi une expression présente dans un rituel maçonnique du G.O. , il me semble.

Jean, je l'ai revu seulement il y a deux ans, soit 34 ans plus tard. Je savais, je m'attendais à ce qu'il me cherche un jour. Moi aussi, j'avais cherché un peu, avec hésitation, à retrouver mon vrai père que je ne connais pas. Claude Lelouch a beaucoup tourné autour de ces histoires à plusieurs tiroirs, avec des liens étonnants, névrotiques, comme dans "Les Uns et les Autres".
Mon père, j'ai retrouvé sa trace quand il était déjà mort, j'étais en pleine crise, et je cherchais dans tous les sens, ailleurs qu'en moi.
Enfin, je ne l'ai pas connu, et personne n'a pu me parler de lui avant que je ne pose vraiment la question, à ma mère, à grand mère, à tante ....
C'était trop tard de toute façon, ma vie était sur ces rails, et j'avais déjà reproduis avec mon fils quelque chose comme une histoire inévitable. Mais je n'étais pas seul à reproduire un "schéma". Marguerite, avait un demi-frère que son père n'avait pas élevé, ni vu depuis très longtemps. Ainsi, nous avons chacun à notre manière reproduit une partie de l'histoire familiale de nos ascendants. Je l'ai senti tout ça quand j'ai eu 37 ans. C'était trop tard pour Jean, mais pas encore complètement pour Magali.
Donc, Jean m'a appelé un jour sur mon portable, en me demandant si c'était bien moi qui avait été marié à Marguerite, et si j'avais eu un fils "Jean". Oui, c'est bien moi, et on allait se voir à Aix, prendre un verre et raconter, dire. J'avais beau être sûr que ça devait arriver un jour, ce jour. J'étais très ....! ? Le passé revenait dans le présent, je n'allais pas beaucoup mieux qu'il y a 34 ans. Qu'était-il devenu ? allait-il me gifler ? m'insulter ? qui était-il ? Bonjour Jean, Bonjour. Je me suis raconté un peu, mon travail, mes activités, et son histoire, notre histoire, la mienne, celle de Marguerite, la sienne, ma violence, l'insupportable. Puis, il s'est raconté un peu pour répondre à mes questions. Il n'avait pas eu une bonne relation avec le second mari de sa mère. Un demi-frère handicapé mental, et une famille difficile du coté de sa mère. Marguerite était morte d'un cancer, un an plus tôt. Lui, pas très doué pour l'école, un CAP de cuisinier.
Des idées assez arrêtées sur beaucoup de sujets, assez rigide. Il m'était étranger, et ce fut difficile, mais pas sa faute. Je mesurais mon erreur, mes erreurs. Avoir cru que cela pouvait bien se passer, avec son beau père, avec sa mère, avec ses grands parents.
Je mesurais surtout à quel point ça m'avait "arrangé " de croire que ce serait mieux pour lui. J'ai essayé de lui dire que j'étais désolé de m'être trompé. Qu'à l'époque je n'aurais pas pu faire autrement. La conscience que j'avais ce jour là n'avait rien avoir avec celle 34 ans plus tôt. Quel gâchis, et sa mère déjà partie......., ses grands parents aussi.........il ne lui reste qu'un demi-frère handicapé, et un père qu'il ne connaît pas.
Il ne pense pas me revoir, il est passionné par la cuisine japonaise, et va partir au Japon dès qu'il pourra. Il n'a jamais vécu avec une femme, et n'a pas de relation intime, peu d'amis.
Les chats font pas des chiens et la distance ne permet pas de rompre les liens névrotiques, et surtout pas le silence. Il n'a pas reçu les lettres que je lui ai adressées au cours de ces années d'éloignement. Ils les a trouvées, quelques unes, à la mort de sa mère. Je n'avais pas été complètement silencieux, j'avais écrit, pour qu'il puisse dire, répondre, mais sa mère m'avait bâillonné en taisant mes courriers. Je l'avais rencontrée il y a longtemps, sa mère, pour envisager de reprendre contact avec Lui . Elle avait dit que "Jean" ne voulait pas, et qu'elle s'y opposait.
Ma mère, et ma grand mère avaient, elles aussi, tut les tentatives de contact de mon père, elles ne l'ont jamais reconnu, mais j'en suis sûr, car les seules impressions dont je me souvienne de mon enfance au Maroc, c'est qu'une voiture passait dans la rue, et que cela soulevait un émoi incompréhensible dans ma famille.

J'ai finalement besoin d'eux, besoin de " l'autre". Une évidence pour vous, oui, je m'en doute, pas pour moi. Car ma coquille, c'était ça : puisque "on m'a menti", c'est le monde qui n'est que mensonge. Je n'ai jamais vraiment pensé que c'était ma mère qui m'avait "menti"; je veux dire que même si je savais que c'était elle, et elle seule, une évidence ; pour moi, c'était tout le monde qui n'était que mensonge. Le monde était un objet de suspicion. Et donc, je ne me repose que sur moi. J'entends vaguement "l'autre", mais d'une oreille distraite, incrédule, avec la contradiction au bout de la langue.
Jeune adulte, je ne m'adressais jamais à quelqu'un, un artisan, un garagiste, un maçon pour faire faire quelque chose. Non, Je préférais me débrouiller seul, apprendre à faire, regarder, comme un voleur, un maçon poser du carrelage, acheter les outils nécessaires pour faire moi-même. Je suis un peu voleur, même si je ne passe pas à l'acte, j'ai toujours un peu envie de voler, de contourner la "règle", de biaiser.
Par contre, il y a déjà une trentaine d'années, j'avais été très étonné d'entendre dire de moi, que j'étais toujours à l'aise, tranquille, décontracté, alors que je suis d'une nature anxieuse, soucieux, doutant de tout, de moi, des autres. Et surtout, celà m'avait contrarié d'être perçu différemment, voir à l'inverse de ce que j'étais. Car j'aspirais à ce qu'on me voit tel que j'étais au dedans. Longtemps j'ai vécu comme si je n'avais pas besoin des autres. Ou, plutot, je n'avais de relations que lorque j'avais besoin de quelque chose. L'autre n'existait pas en tant que tel, mais seulement par ce qu'il pouvait apporter. C'était totalement inconscient et j'ai beaucoup de mal à écrire celà, à le reconnaitre, car ce n'est pas très glorieux. Cependant, c'était assez rare que j'ai quelque chose à attendre de l'autre.
Je n'attendais , que d'une femme, une présence, le regard....... J'imagine aujourd'hui que ce devait être "lourd" pour mes amies, celles qui avaient eu le courage, ou l'insouciance, ou encore le besoin de m'approcher.
Enfin, je n'ai jamais bien supporté la solitude, et je me suis pourtant toujours senti seul.
C'est un peu le pourquoi de ces mots, sortir de l'anonymat, de cette transparence, pour être un peu dans le monde, même s'il n'est, de plus en plus, que virtuel.

à coté des autres ! ? c'est encore une expression qui vient de souvenirs lointains. C'est surtout le lycée qui m'a laissé cette trace, "d'être à coté". Je n'y avais pas d'amis, ni copain, j'arrivais pas à accrocher. Je me souviens de mes tentatives pour approcher le petit groupe que je connaissais le mieux. J'avais toujours des cigarettes, et c'est pour ça que je fumais, me donner une contenance, et en avoir pour le cas où on m'en aurais demandé, histoire faute de mieux, de pouvoir apporter quelque chose, puisque je me savais "pas intéressant". Ils revenaient de leur WE, racontaient leur beuveries, le nombre de pastis ingurgités, les filles "baisées". Leur langage m'écoeurait. Mes WE je les passais au patronage, ou je participais au club photo, parfois une balade en groupe, ou à la maison à écouter Brassens, Barbara, Ferrat. Les rares fois ou je sortais, je me faisais vertement engueuler par mon beau père pour le moindre retard. J'avais peur de lui, je crois pas qu'il me touchait, mais il fapprait mes frères , et celà suffisait à maintenir de la peur. En même temps je le provoquais en foutant le bordel dans ses outils. Il était assez maniaque, achetait de nombreux outils dont il ne savait pas se servir. Au lycée, le seul copain que j'ai eu, c'était un de ceux qui comme moi était un peu rejeté, en tout cas pas inclu dans un groupe. Il m'avait invité chez lui, panio, musique, gershwin.
Il m'avait fait connaitre, la rapsodie in blue, un américain à Paris. Enfin quelque chose de nouveau, qui sortait de mon monde étriqué, de la famille et du mien encore plus étroit. Avoir un piano chez soi, c'était un signe de richesse....
Il m'avait trainé un WE à Montpellier, de boites en boites, de copains en copines.......... Pour moi, c'était des pertes de temps, d'un ennui à mourir, ils se croisaient, deux mots, une bise, et hop, un peu plus loin.
Plus tard, j'avais un autre copain comme ça, qui proposait toujours, le WE, d'aller ici ou là. Leur point commun, c'était qu'ils avaient une voiture, et donc, sans doute, qu'il s'agissait pour eux de s'en servir à tout prix, même si en fin de compte le but importait peu. C'était souvent des soirées ennuyeuses passées à courir d'un endroit à l'autre en faisant ronfler le moteur de leur " R8 Gordini".
Avec eux, je me sentais inclu, mais pas vraiment à l'aise,

J'écris ici, sur Skokiaan, le voilier que j'ai depuis six ans, et avec lequel je viens de traverser la grande mare des canards, comme disait Brassens. Ici c'est une petite ville "Le Marin", une grande baie fermée, comme un port naturel,
"Le cul de sac de Marin". C'est son nom sur les cartes marines de La Martinique. Ici, il y a quelques jeunes qui m'approchent un peu. Il y en a quatre qui étaient sur le même bateau à Las Palmas. Je les ai rencontrés par "hasard", on m'a placé en face d'eux, sur le même ponton. Clément, Quentin, Fred, César, qui ont traversé sur une goélette nomée "Philozef". J'étais arrivé avec Baptiste que je ne pouvais plus supporter. Et eux m'ont parlé, proposé un coup de main, des cartes numériques, de venir controler mon installation électrique. Et ça m'étonne, me gêne presque, tout en me faisant plaisir, et très vite je ne sais pas quoi dire. Moi qui n'ai pas su m'occuper de mes enfants, je me demande .......qu'est-ce qu'ils cherchent ces gamins, jeunes adultes, ou déjà un peu sur leur chemin.
C'est peut-être à cause "d'une demande" trop .....lourde.......... que j'ai pas pu supporter Baptiste. Son père avait réussi son suicide, et ce jeune était en quête de quelque chose. C'est vrai que mis à part les problèmes avec la navigation, il était au petit soin pour moi, comme une mère, faisant la cuisine par tout temps, et servant nos deux assiettes régulièrement.
Il m'avait dit qu'il regrettait de n'être pas allé voir son père plus souvent, et j'avais l'impression que c'était comme s'il essayait de se racheter. Et plus il en faisait pour être gentil, et plus ça m'était difficile. Il ne me demandait rien et trop en même temps. Je ne parviens jamais à prendre du recul avec ce qu'il se passe, et apporter ma pierre tranquillement. Je suis toujours envahi par de trop fortes émotions. Du coup au lieu de m'élever, de prendre ce recul nécessaire, je me sauve, fuis, sans cesse, et laisse tout ceux qui m'approchent, étonnés. Ensuite je le regrette.
J'ai refusé des équipiers qui voulaient venir avec moi au Brésil, et finalement c'est César et sa copine Marina qui vont m'accompagner.
Piracanga ??? C'est un village "écologique", "spiritualiste",.....à quelques 7 km d'Itacaré, au Brésil. J'y suis arrivé "par hasard". Je cherchais quelque chose à acheter, un terrain, une maison, et la gérante, Lydia, de " Itacaré Hostel" ou j'ai séjourné quelques jours, m'avait accompagné voir une maison à vendre dans ce village. Le coin m'a tellement plut que je suis venu passer près de vingt jour dans ce lieu un peu bizarre, je raconte un peu plus sur "mon voyage au brésil" . C'est là que j'ai rencontré "Alberto", un gars de mon age, qui vit dans ce village et pratique la " lecture de l'aura", et autres techniques telles que "régressions sous hypnose" ......et un jour , je suis allé le voir pour lui demander de "me faire quelque chose" qui me montre ce à quoi j'ai du mal à croire.
Celà fait quelques années que je brule de "voir l'invisible", et que je me tiens à distance, avec cette impression que quelque chose d'important me reste inaccessible.
Alors Alberto m'a répondu qu'il ne pouvait pas faire de miracle, et c'est sur ces mots que je suis allé prendre un bain.

Pour Magali
Là, je suis à Natal, enfin, la côte Est du Brésil, de l'eau claire, des plages, et je repense aux derniers échanges de mails avec toi, Magali. Je t' ai laissé mes apparts à louer, et c'est difficile , compliqué. Alors après trois mois, je t'ai dit que c'est la cata, pour moi, des apparts vides, pas de revenus. Du coup, tu me réponds que tu fais tout pour que je sois fier de toi ?
Enfin un signe qu'il y a un lien entre nous. Ça fait tellement longtemps que j'essaie de réparer les mauvaises années de ton enfance, pendant lesquelles j'étais tant en colère, pas disponible, méchant, au point que j'ai préféré me séparer de ta mère, pour trouver le calme et avoir ma fille seul avec moi, surtout sans sa mère au milieu.
Je me rends compte avec tes mots « pour que je sois fier de toi » que tu attends quelque chose de moi, et donc que nous avons un lien « père-fille », je me rends compte que je suis heureux de cela, comme si c'était un signe que j'attendais depuis si longtemps. Aussi, Magali, si tu as besoin de moi, qu'est-ce que je fais ici, à 6000 km, et je me repose la question du pourquoi ce départ, cette fuite. Et j'ai l'impression que je suis parti pour ne plus être confronté à ce que j'estimais être "l'échec de ma relation avec ma fille", mais peut-être aussi avec mes amies ??? Tout ça semble être très lié, et je ne m'y retrouve plus. Qu'est-ce que la vie peut être compliquée !!!!
Je suis heureux de sentir ce lien, mais en même temps, j'ai toujours un peu lutté contre ces « dépendances », je veux pas que ma fille me ressemble, ni qu'elle dépende de moi. J'ai toujours refusé de «  vivre pour et par mon enfant » et de lui faire supporter le poids de mon existence. Mais il y a sur ce sujet des contradictions difficiles à résoudre. Car qu'est-ce qu'on "est" sans lien ???
Même pas avec mes enfants, les liens, alors..... ???

"Car personne ne sait ou on va, non !!!!!! ???", beaucoup de gens "croient" "savoir", mais ils confondent tous "croire" et "savoir". Beaucoup disent "savoir" alors qu'ils ne font que croire. En ce qui me concerne, je n'en sais rien, mais je crois qu'il n'y a rien de "supérieur", pas de créateur omniscient, non, tout au plus, de l'énergie, peut-être un début, et encore..........
Comment peut-on immaginer un début, et croire qu'il n'y a pas de "fin", que l'âme serait immortelle; autant de contre sens qui montrent à quel point les pensées, les croyances sont dépendantes, issues de nos désirs, de nos peurs, et donc, que ce ne sont que croyances. De même, comment acréditer cette croyance en un "jésus" qui serait né d'une " vierge". Il faut être très idiot, c'est de l'ordre de l'imbécilité toutes ces croyances. Comme "manger du poisson" le vendredi, ou l'interdiction de manger du cochon, rien de "religieux" la dedans. Seulement des prescriptions de santé publique. Mieux vaut éviter de manger trop de viande, et de manger du cochon, qui est une viande qui se conserve particulièrement mal dans les pays chauds, et qui a dû causer pas mal de mortalité. Un mélange de savoir empirique, et de croyance, qui créé les bases d'un "peuple" ignorant
..........
...............et crédule.

La Nécessité de dire, de se dire....Pour pouvoir se relire, s'entendre penser à nouveau, et ............oublier.........Vivre...



Mon père........le vrai est mort avant que je le recherche, mes parents étaient mariés, mais il s'est passé quelque chose entre mon père et "une cousine", et le mariage a été rompu, j'avais à peine un an. C'est tout ce que je sais, ma mère c'est remariée très vite avec Guy. J'avais de bon souvenir des premières années au Maroc, on jouait aux petits chevaux à trois, c'était bien. "Je gagnais des sous". Et j'étais un peu le centre de notre petit monde . J'ai peu de souvenir de cette époque. Un jour ils m'ont fait chercher quelque chose à la cave, j'ai tâtonné dans le noir pour trouver l'interupteur, et éclairer, et j'ai mis les doigts sur l'interrupteur démonté, avec les fils à nu. J'ai cru qu'un fantôme, un monstre, m'avait attaqué et je suis remonté en courant. Non, ils avaient oublié que l'interrupteur était démonté. Un autre jour, les filles à l'école m'ont fait tomber contre le rebord d'une fenêtre avec leur satané corde à sauter. Je me suis fait un trou au front, en fait, juste un petit trou dans la peau. Mais bon, je revois encore la tête horrifiée de ma mère à mon retour à la maison. Il y avait aussi une sorte de changement d'ambiance qui se produisait quand une certaine voiture citroen noire passait dans notre rue, une sorte d'émoi général, même s'il y avait de la famille. Je ne sais pas ce que c'était, mais j'avais le sentiment d'être concerné. Nous habitions à Rabat , à coté de la tour Hassan, on la voyait depuis notre rue, et j'aimais bien la voir de loin. Chez mes grands parents, il y avait un oranger immense, et un chien qui courrait après le chat. Plus tard, ou avant , il y avait un autre chien, Mickey, qui sautait par dessus la clôture, et qui baissait la tête quand le lasso des hommes de la fourrière essayait de s'enrouler autour de son cou. Je suis allé plusieurs fois en France avec mes grands parents. Ils avaient acheté un appartement à La Ciotat. On traversait la méditerranée en trois jours je crois, il y avait des Marsouins dans l'eau. On passait beaucoup de temps chez mon oncle et ma tante, et mes cousins. Surtout pour les fêtes. Et puis, on est "rentré" en France. C'est comme ça qu'on disait. On n'allait pas en France, comme en Italie, ou ailleurs; non, on "rentrait" . Mais bon, ce fut une grande nouveauté, pour ne pas dire horreur, ou déception.....Le Nord, St Quentin, la neige, les maisons de briques rouges, les doigts gelés, les insultes, "sales arabes", les amis nouveaux. Et puis un jour, j'avais dix ans, à l'école, je vois sur un cahier spécial, mon nom accolé à un autre nom que je ne connaissais pas, et mon prénom. Je rentre à la maison, le HLM, et je demande à ma mère comment ça se fait qu'il y a un autre nom accolé au mien, sur un cahier de l'école. Alors, je ne me souviens plus des mots de ma mère, mais je sais que ce jour là, j'ai appris que "Guy", mon père, n'était pas mon père. Non ! maman était ma mère, elle avait été mariée avec un autre homme, et ils avaient divorcé, et elle s'était remariée avec Guy. Et voilà, c'était dit en 10 minutes, et , terminé, on en parlera plus jusqu'à ce que 30 ans plus tard , en pleine crise, je me décide à interroger ma mère. A partir de ce moment là, à 10 ans donc, tout a changé, plus de père, un étranger, une mère en qui je ne pouvais pas avoir confiance, et des frères dont je serais de plus en plus jaloux. Pourtant ils ont tout fait pour qu'il n'y ait pas de différences, mais c'était mission impossible pour eux. Par moments je disais plus bonsoir. Je marquais mon mécontentement. Je faisais de beaux dessins pour la fête des mères, mais ça restait sans effet. J'ai lu "les mémoires d'un Âne" et je crois que j'ai pleuré trois jours non stop. Guy passait beaucoup de temps pour faire des devoirs de math avec moi. Mes frères recevaient des raclées parce qu'ils n'apprenaient pas leurs leçons. Moi, je crois que je passais à travers, mais j'avais très peur. Maman se faisait engueuler parce qu'elle ne faisait pas tout comme il fallait, et des hommes la regardaient, ou quelque chose de ce genre, alors ça gueulait un peu au moment du repas, et ensuite elle pleurait, et ne voulait plus aller au cinéma. Et ça faisait un repas de "grimaces". Puis le week-end, on allait se balader en voiture, et à pied dans la colline, et on chantait tous, sauf maman peut-être. Je n'ai pas souvenir de l'entendre chanter. C'était lui qui donnait le ton, et je sais que j'étais content de chanter. Et puis je suis allé au lycée, en internat, et j'allais le voir pour récupérer un peu d'argent. Les sous ne coulaient pas à flots, il me les distillait en deux parties par semaine. C'est pour ça que je venais le retrouver tous les jeudis à son boulot. Pour ça que souvent je le surprenais avec une autre femme, avec qui il déjeunait. Pour moi, je le surprenais, mais en fait, lui, s'en foutait. C'est la première fois , là en écrivant, que je me rend compte de ça. Moi , j'avais l'impression de le surprendre, en tout cas j'étais gêné, mais lui s'en foutait complètement. Pourtant j'étais sûr qu'il avait des relations intimes avec ces femmes. Je le détestais pour ça, et pour les scènes de jalousie qu'il faisait à maman. J'étais en colère contre lui. Une colère sourde, dont je me dis qu'elle me ronge encore cette colère. Une fois encore , j'ai l'impression de découvrir en écrivant ces lignes, l'origine d'une colère qui m'anime depuis des lustres. Je croyais pouvoir l'attribuer au mensonge de ma mère. En fait c'est peut-être bien quelque chose de malsain qu'il a mis en place pour me blesser. Je délire pas. Plus tard, il a "approché" ma seconde femme, puis celles de mes frères. Un jour, j'avais trente ans environ, il a voulu me voir seul pour me confier que le jour du mariage de mon frère, il avait un peu plus que "flirté" avec la jeune mariée. Mais c'était pour vérifier qu'elle était ou non une femme en qui avoir confiance ?? Elle était un peu saoule et lui , le jour du mariage, voulait vérifier que son fils pouvait avoir confiance en sa femme ??? J'étais "sonné" par ses confidences, et sur le coup, j'ai cru en la bonne foi, d'une sorte de repentir. Plus tard, j'ai compris qu'il m'avait manipulé pour s'absoudre, et trouver une oreille complaisante. Il a continué à faire pareil, ou plutôt à essayer, avec toutes les femmes de la famille, ma tante, nos femmes, à moi, et mon autre frère. Plus j'avançais dans ma vie d'adulte, et plus je le haïssais. Quand je voyais mes nièces, ou ma fille sur ses genoux, j'étais inquiet qu'il n'ait des attitudes ou des gestes ambigus.

Ma mère, je ne sais pas, ne saurais sans doute jamais vraiment qui elle est, c'est assez difficile à dire, peut-être parce que dire qui elle est, pour moi, ce serait dire d'abord qu'elle "n'était pas". Elle m'a toujours paru comme une femme soumise à son "mari", et en ce sens, elle semblait ne pas avoir d'existence propre. Il était extrêmement envahissant, dominateur, autoritaire, et à coté, elle semblait exister si peu. Bien sûr, elle "menait sa barque", travaillait, nous élevait, le ménage, les lessives, les repas, faisait tout pour qu'il y ait des moments corrects. Enfin, elle accompagnait le mouvement quand "Guy" était bien, qu'on joue aux cartes, à divers autres jeux, qu'on chante, à la maison ou en vacances quelque part. Et elle courbait l'échine quand ça n'allait pas......Il y avait de bons moments, des "un mois de vacances sur la plage au Maroc". Mais je crois que je vivais toujours en retrait, pour moi tout était assez négatif, "Il" prenait trop de place, j'étais jaloux de sa présence, et surtout, je ne comprenais pas comment elle pouvait supporter cet homme, le choisir lui, plutôt que moi. Voilà, c'est dit, j'essayais vainement d'attirer son attention, et c'était un combat perdu d'avance, je ne forçais pas beaucoup. J'écris que "j'essayais", alors qu'en fait, j'aurais seulement aimé pouvoir "essayer" d'attirer son attention. Il n'y avait pas la place pour une concurrence, cette sorte de concurrence loyale qui aurait pu permettre à un enfant de se construire en tant qu'objet désirant et désiré. Je découvre ces détails en écrivant, là, maintenant, seconde après seconde. J'ai bien un peu appris tous ces "trucs psy" à l'école, mais je ne les avais pas encore appliqué à moi même. Quand je rencontre des personnes, on discute un peu, mais s'il y en a un qui capte l'attention de tous, je ne peux pas le supporter, et je m'en vais, ou je m'isole dans le silence, et c'est foutu. Je veux dire que ça devient l'enfer. Je n'existe plus.
Et c'est ainsi, que je me construis un personnage qui pour être intéressant, remarqué, doit être toujours à l'opposé de l'autre. Mes idées sont emmêlées , et surtout en opposition. Oui, on ne me l'a pas dit souvent, peu de personne ose me le dire.
C'est bizarre d'écrire tout ça ?......J'espère encore changer, bouger quelque chose, là , dans cette carcasse qui vieillit. "ça" bouge pas beaucoup, des détails de conscience différente, rien de miraculeux. Pourtant, c'est ça que j'attends, ce miracle d'un "Abracadabra", et "hop", un homme tout neuf et libéré de ces casseroles.
"Abracadabra", parce que ce mot est d'origine hébraïque, et se traduirait par "verbe créateur", d'où, pensées créatrices,.....etc.......
Et bien, j'ai pas encore vu la magie opérer, me propulser vers une vie relationnelle plus étoffée, plus riante, éclatante.
Pourtant c'est ça que je viens chercher ici........"une libération" magique des chaînes qui m'entravent. Comme si la forêt brésilienne, son explosion de verdure, le soleil, la gentillesse des brésiliens allaient suffire à m'emmener dans la danse joyeuse de la vie. Au lieu de me laisser aller, je reviens à mes habitudes terriennes, terre à terre, acheter un terrain, faire des choses avec, planter, creuser, couper, construire.........

Ariane, petite soeur franc-maçonne; dès que je l'avais vue en loge, j'avais été attiré. Je suis venu au DH pour l'approcher. Et je suis resté au DH 15 ans pour pouvoir la croiser deux fois par mois, échanger quelques mots. Au début, après quelques mois , ou semaines de proximité, j'avais "obtenu" un rendez vous. On devait aller visiter un site gallo-romain dans les hauteurs d'Aix en Provence. Je pensais qu'on allait commencer une relation, c'était à peu près sûr. Et j'ai annulé ce rendez-vous, j'avais eu peur, de pas être à la hauteur, de détruire un couple pour rien. Un jour elle m'avait demandé ce que je pensais de leur projet d'acheter une maison, avec son mari. Je là sentais prête à tout annuler, changer de vie. Et je lui ai dit "c'est super", bien sûr vous vous engagez dans un emprunt....etc ...,mais c'est la vie, ça ira. J'étais tellement étonné qu'elle me pose cette question. C'était comme si elle attendait que je lui dise: "mais tu es folle, c'est avec moi que tu vas vivre".
J'ai pas osé prendre ma place auprès d'Ariane. Je n'étais pas à la hauteur, et ça n'aurait pas marché. C'est sûr qu'on avait une sensibilité proche, une histoire qui pouvait se croiser. Elle avait été initiée au DH un 11 Octobre, le même jour que mon anniversaire. Avec mon manque d'assurance........j'allais chercher, m'accrocher à tous les "signes" qui pouvaient dire "Oui, vous êtes fait l'un pour l'autre". Que sont les signes ?? si non les reflets de nos désirs ? Je sais que j'ai fait ce qu'il fallait faire, et pourtant je le regrette encore maintenant. On communique toujours un peu. On vieillit, elle dit qu'elle va venir me voir ici, au Brésil. Les hommes et les femmes, sont de petites choses, je me nourris de petites histoires qui, pour moi sont de grandes histoires. J'aime à penser, à croire, que c'est une belle histoire.
On s'était retrouvé un jour chez moi. Je crois qu'on avait fait l'amour, mais j'étais tellement "ému", que je ne me souviens plus de ce qu'il s'est passé. Je sais qu'elle m'a confié un secret, lourd......., de sa vie d'enfant, d'inceste. On a parlé, et elle est partie assez vite. Jamais un mot entre nous, sur cet épisode. Moi , le lendemain, j'étais sur un nuage, je croyais "que c'était arrivé", qu'on allait vivre une relation....... Mais, rien, la vie normale a repris, sans l'ombre de......rien. Un peu comme ma mère qui 30 ans plutôt m'annonçait que mon père n'était pas mon père et puis c'est tout. C'est à croire que ce qu'on nous fait vivre dans l'enfance, marque notre esprit au point que l'on attire des situations identiques, qu'on reproduit à l'infini. Bien sûr, celà est dit et décrit dans de nombreux ouvrages "psy", mais tant qu'on ne vit pas ces réalités, celà reste de la théorie.

Maman, c'est un mot difficile à prononcer, pourtant il me faudrait faire un effort, et t'écrire un peu . Tu auras 80 ans bientot, et tu viens de découvrir un cancer. Je suis à l'autre bout de la planète, et nous n'avons plus communiqué depuis trois ans .
J'avais besoin de partir, et il fallait des raisons, alors ce dernier accrochage avec Patrick, et ses filles, c'était, je crois, une raison de plus, mais nécessaire, pour larguer les amarres. Du coup , vous avez tous profité de ma mauvaise humeur... C'est comme ça.... Rien contre toi, ni Serge, Isabelle, ou Patrick. Juste un grand ras le bol, et le besoin de prendre le large, pour "être" ce que je suis. Je suis mieux ici, c'est pas facile, mais je suis content d'être là .
L'annonce de ta maladie, me peine beaucoup. Nous devons tous mourir un jour, et j'ai toujours en mémoire ta lettre d'il y a quelques années, où tu écrivais que tu étais prête à "partir", maintenant. Tu disais avoir bien vécu , et fait ce que tu pouvais. Ces mots m'avaient inquiété, car j'avais des doutes sur leur interprétation, et tu m'avais confirmé que tu te sentais sereine, et tranquille. Aujourd'hui, avec ce cancer, à ton âge, c'est sûr que ça risque d'être difficile. J'ai l'impression que c'est la fin, ta fin, et la fin pour nous, pour moi, de quelque chose, d'une grande partie de notre vie.
ça n'a pas été facile, et je sais que tu as beaucoup souffert de mes attitudes "dures", "critiques". Je sais que tu t'es beaucoup culpabilisée aussi d'avoir peut-être "raté" quelque chose, avec moi. C'est comme ça, moi aussi, je sais aujourd'hui, comme c'est difficile de se retourner et de voir ce qu'on n'a pas fait assez bien, où qu'on a l'impression d'avoir raté. Je t'en ai beaucoup voulu de ce "mensonge" lié à mon père, mais aussi de ce "Guy" qui a été un fardaud.
C'est "comme ça" que la vie s'est faite. Tu as fait ce que tu as pu, écrasée par les responsabilités, et un homme qui s'est révélé plus comme un bourreau que comme un compagnon. Je n'ai pas compris grand chose, et qu'y avait-il à comprendre ? Tu as fait ce que tu as pu..... Moi aussi, j'ai fait ce que j'ai pu, et je ne suis pas très fier de moi .
Alors, comment on va faire maintenant ? Tu es malade, d'une maladie qui n'est pas facile à combatttre. Je disais que j'avais beaucoup de peine, car j'imagine que cette maladie te fais souffrir. La mort .... je ne sais pas trop ... mais bon, nous devons tous quitter ce monde.... Mais souffrir, c'est tellement difficile et inutile, injuste . Tu as eu ta part de souffrance, et je pense "qu'il aurait pu s'abstenir, l'autre " d'en rajouter .
Je commence seulement à admettre que "les femmes" sont souvent dépendantes, malgrè les apparences, et que les hommes ont un rôle particulier à tenir, pour alléger, auprès d'une femme, le poids de l'histoire de notre évolution .
Si je t'en ai longtemps voulu, ce n'est pas tellement "du mensonge" en lui même, mais des conséquences qu'il a eu, du mal être dont je n'arrivais pas à sortir. Et je n'ai jamais voulu, ou pu "voir" que tu étais une femme, avec ce que ce mot contient de fragilité, de dépendance, de capacité à s'oublier, à donner...........
Oui, tu nous a donné tout ce qu'une femme peut, ou doit donner.
Mais je n'étais pas prêt à recevoir quoique ce soit, de qui que ce soit.
Même si ce voyage me fait évoluer, si la vie me donne des leçons, j'ai toujours une sorte de résistance, ou répugnance, à me laisser approcher, toucher. Je sais que tu as essayé de m'approcher, bien souvent, et que j'ai dû te faire de la peine en restant de marbre, froid, distant. J'ai peur de ce qui va advenir maintenant, car je sais que tu aurais besoin que j'accepte ton amour, et je ne suis pas sûr d'arriver à ouvrir ma porte.
Ce n'est pas que je ne veuille pas, mais je me connais, et je sais qu'il y a un "truc dur" au fond de moi qui résiste et je voudrais ne plus faire semblant.

J'en ai marre.
Aujourd'hui la journée avait bien commencé, le "Correio " , la poste brésilienne, m'appelle pour me dire qu'il vont me donner une boite postale. J'y vais aussitot. Puis je croise Bob, qui essaie de me donner des solutions pour avancer dans l'achat de ce terrain, comme je comprends rien à ce qu'il me dit, on va voir sa compagne Nicole, bon, finalement, il n'a rien de précis à me dire. je mange un bout avec eux. c'est sympa, et ça fait du bien de rompre cette solitude, mais je veux pas les encombrer.....
Je vais au "centre de santé" pour essayer d'obtenir un certificat médical pour passer le permis bateau qui est obligatoire ici. J'attends mon tour, dans ce centre qui est un dispensaire gratuit, et ou j'ai l'impression que je vais attraper des puces tellement la population est ......
En attendant j'appelle la propriétaire pour lui dire que je lui donne 10 jours pour changer d'avocat, après, je renonce. Je comprends vaguement qu'elle considère que si je suis intéressé, je peux attendre encore.
Elle me fait chier, et je raccroche.
J'attends trois heures pour m'entendre dire par le médecin, qu'elle ne peut pas faire de "certidao", mais qu'elle va m'envoyer faire des examens et m'adresser à un de ses confrères. Je lui dis que c'est pas correct de faire attendre trois heures pour ce genre de réponse, et claque la porte en jettant un "tchao".
C'est assez bizarre, cette sorte de "résistance au mouvement" qu'il y a ici. Les projets, les démarches, n'avancent pas, tout est au ralenti.....ou remis à la semaine prochaine.

Heureusement, il y a des petits "hasards" sympa . De nouveaux amis. Je rencontre Michèle, chez Didier et Sandrine. Un jour ou deux plus tot, ça m'avait pris d'un coup, une impulsion soudaine et impérative, "je veux les voir", il faut que j'aille manger chez Didier et Sandrine, maintenant qu'ils viennent d'arriver . Ceux sont des amis chez qui j'ai séjourné l'an dernier, à Piracanga. Et on avait bien sympathisé. Je leur envoie un message, "ça vous dit des langoustes pour demain". Ils me rappellent aussitot, "bien sûr , tu viens demain". Ok, et voilà, je dine chez eux avec leurs amis, et Michèle, dont je fais la connaissance vaguement. En partant de chez eux , elle m'a dit: " on va faire connaissance, mais on va aller lentement "...... Oui, bien sûr, pourquoi pas, fais moi signe quand tu passes à Itacaré. Je suis étonné de ses mots, on dirait qu'elle a décidé une rencontre entre elle et moi. C'est un peu comme si elle m'avait dit, " tu me plais beaucoup, on va sans doute vivre ensemble, bientot, mais on va faire tout ça doucement". Et puis, elle doit voir son "énamorado" bientot. Après ce repas, ou j'avais apporté des langoustes pour tous, je rentre à Itacaré, un peu "très content", Il ne m'en faut pas beaucoup, juste rompre un cercle vicieux de solitude involontaire, et tout va bien.
Je reprend mon quotidien à Itacaré, recherche de terrain, restau tous les jours, seul, et "Oh luc, luc, oh,oh, luc ". Qui m'appelle comme ça ?? C'est Michèle qui me court après, me saute dans les bras pour un Abraço amical très joyeux ; "tudo bem ?, Sim tudo bom". Elle me donne l'impression de retrouver un vieil ami perdu de vu, et dont elle aurait attendu avec impatience une nouvelle rencontre au hasard. Je l'accompagne prendre son repas, moi j'ai déjà mangé. Elle doit rejoindre son "enamorado" en bus, et me demande mon N° de telephone ?? Bien sûr, voilà, donnes moi le tien, tu me préviens quand tu reviens.
Quinze jours plus tard, toujours pas de nouvelles, Elle m'avait confié que son "énamorado" lui avait promis de l'accueillir ici dans sa maison, mais qu'en arrivant, elle avait trouvé une case un peu sommaire avec un niveau de salubrité qui laissait à désirer. Je lui envoie un texto, pour demander si tout va bien . Elle me répond qu'elle vient à Itacaré . On déjeune ensemble le lendemain, je fais la connaissance de son fils, un garçon de 12 ans qu'elle a eu avec un malien qui n'a pas voulu la rejoindre au Canada. Je les emmène voir le terrain que je compte acheter, ça fait une balade sympa sur le Rio, et une façon ,déjà, de les faire participer à mon projet. On passe une après midi agréable, Nat, son fils est gentil, parle l'anglais et le brésilien, il me taquine à sa façon, met le pied dans l'eau pour faire dévier le bateau. Il est curieux, observateur, donne un coup de main approprié à l'amarage. Les relations à trois sont un peu compliquées, ils parlent un peu anglais quand ils ont besoin tous les deux (mère-fils) de retrouver un peu de leur intimité. On parle un peu brésilien, à trois car Nat ne parle pas bien français, et un peu français quand il n'est pas nécessaire qu'il suive toute la conversation. Je suis plutot content de la décontraction de cette journée. Le soir on va voir un spectacle de danse.
En rentrant vers leur hotel, Michèle me confie qu'il y a de la violence dans les relations avec son "énamorado". J'entends, mais ne réussi pas à en dire un mot. Je suis un peu étonné de sa confidence. Il y a quelque chose que je ne comprends pas bien, car je crois savoir que les Canadiens sont assez en avance sur ces questions de violence conjugale, comme aussi au sujet du viol, de l'inceste, des toxicomanies, et du traitement psychosocial de ces questions. Bon, le lendemain Michèle nous emmène manger dans un petit restau près de la plage, et c'est elle qui insiste pour m'inviter. J'accepte avec plaisir. Le lendemain, ils passent au bateau, car Nat y a oublié ses avaihanas. Puis repartent vers Piracanga. Dimanche j'envoie un message pour dire que j'ai été super content de les voir avec son fils, puis un autre, pour leur dire que je peux venir les chercher avec le bateau sur la plage. Pas de réponse. Lundi, je les attends vaguement, j'ai un peu de mal à faire "mes trucs". En revenant au bateau, je vois deux silhouettes sur la plage, et je me dis; "c'est eux ". Ils font un signe de la main. Je vais les chercher, on reviens avec mon canot, vers le bateau. Je propose sans succès de l'eau à boire à Nat, puis propose un jus de fruit, et vois son visage s'éclairer. Ils n'ont pas de frigidaire à Piracanga, et du coup " boire frais " est un grand plaisir. Je leur raconte mon histoire de terrain qui n'avance pas. Et je demande à Nat si ça lui plairait une balade en voilier. Super content, son visage s'illumine encore. On dirait qu'il a besoin que ça bouge. Michèle me demande si ça couterait cher. Non, rien, la nourriture. Ils n'ont pas le mal de mer. Je rentre au bateau . Voilà, c'était Lundi, et nous sommes Jeudi. Hier, après de longues minutes, et heures de réflexion, j'ai fini par lui envoyer un message pour lui dire que j'hésitais à me mêler de ses affaires, mais que j'avais eu l'impression que c'est pourtant ce qu'elle avait attendu l'autre soir, en me parlant de son copain. Et donc, je devais lui dire que de mon point de vue, la violence ne doit jamais être acceptée.
Pas de nouvelles, aujourd'hui Jeudi, j'envoie un message pour demander si tout va bien.......
C'est bien pour moi d'avoir de nouveaux amis.


20 Septembre. Ce soir j'ai chanté tout seul, il y avait un moment que ça ne m'étais pas arrivé ,....................
Aujourd'hui, longue balade sur une plage déserte, on pourrait aller d'Itacaré à Barra Grande, 40Km de plage, déserte, ou presque. ça fait du bien de retrouver la mer de près, le roulement continu des vagues, un bain, un peu de soleil, et personne, la tranquilité, pas de regards indiscret, qui jugeraient cet "homme solitaire" , "le pauvre qu'est-ce qu'il fait là tout seul", "Encore un sacré bougon qui a fait fuir tout son entourage". Oui, c'est à peu près ça, à peu près ce que je pense de moi, mais je n'ai pas envie de donner à d'autres l'occasion de le penser aussi.
Bien sûr je vivrais mieux si je n'avais pas une si mauvaise image de "moi". C'est pas gagné..............

Il y a de la complaisance, sans doute, à ce mal être. Plus j'y pense, et plus je tourne en rond.
Pourquoi se plaindre de la solitude, alors qu'il y a trois ans, je vivais avec Pascale, on s'entendait assez bien, sur tous les plans, physique, philosophique, psychologique ... Et pourtant, besoin de partir, le désert, La Mauritanie, puis Le Mali, Le Niger . Des voyages solitaires, pas toujours très joyeux. Mais bon, solitaire pourquoi ? Parce que Pascale travaillait et qu'elle ne pouvait pas venir très longtemps avec moi. Alors plutot solitaire que pas de voyage.
Ce voyage en voilier vers le Brésil, c'est pareil, Pascale ne serait pas venue, elle ne voulait pas quitter son boulot, et j'aurais eu du mal à la prendre totalement en charge financièrement. Mais bon, de toute façon la question ne se posait pas.
Le problème vient du fait que je ne me connais pas assez bien, et que je n'ai jamais pu voir à quel point j'ai besoin d'ailleurs, et ensuite comment j'ai besoin de nouvelles racines, avec peut-être de nouveau, un autre ailleurs à espérer. Comment faire ? Qui peut suivre un tel "Fada" ?
C'est sans doute pourquoi, je me fonds dans le moule d'une autre, le temps d'essayer de vivre comme tout le monde. Et puis ......ça recommence.
Mais bon, là, actuellement avec la maladie de ma mère, et la grande fête qu'elle veut organiser au Maroc, pour son anniversaire, ça fait quelques tourbillons dans les pensées. Je devrais aller à cette fête, pour lui faire plaisir, peut-être la dernière occasion. Mais depuis l'an dernier, j'avais décidé de ne pas y aller, car je savais que je serais au Brésil, et que si je m'éloignais, ce n'était certainement pas pour revenir en famille au Maroc, pays que je déteste un peu pour la mentalité malsaine de ses dirigeants, ...etc ....
Par moments, je pense que je vais prendre un billet d'avion, et y aller, et il y a "le vilain garçon" qui sort du silence, et qui dit : "ah non, tu vas pas faire ça, d'abord tu t'entends plus avec personne, tu vas t'engueuler avec les petites " C...." , et trop boire, et dire des conneries ....tout autant de "pseudo raisons" pour ne pas "être heureux". Car ce qui apparait finalement, c'est une sorte de besoin malsain de continuer à montrer "un mal être" à qui ?? à ma mère ? je suppose. Comme si il fallait que je la punisse en me montrant toujours un peu mal, pas trop, pour que ça reste crédible. Mais tout ça, je le sais un peu, depuis longtemps, et pourtant, ça ne change pas. J'avais cru que la prise de conscience serait une délivrance, et ce n'est pas aussi simple.
Et puis, que je punisse qui, ma mère, ou moi. Car le plus grand perdant c'est moi, je m'empêche de vivre, tout le temps, avec tout le monde. Jamais je ne m'autorise à des réactions directes, simples, toujours sous control, toutes les émotions sont bloquées à la source du ressenti, et ensuite, après coup, vient une pseudo réaction spontanée, toujours décalée dans le temps et dans l'esprit. Je dois d'ailleurs donner une drole d'impression, d'être toujours "à coté de la plaque". ça doit se sentir, de l'extérieur.
En fait, il faudrait que je devienne adulte, que je fasse ce que je dois faire, et cesser d'être cet enfant ronchon et désagréable avec tous et moi même. Super programme.
En attendant, partir loin, c'était une manière de résoudre un problème insoluble, l'excuse de l'éloignement permettant d'aplanir une difficulté impossible à surmonter, les années passées, et l'expérience me l'ont prouvé.

Aujourd'hui 28 Septembre , je vais prendre des cours pour passer un permis bateau, obligatoire au Brésil.
C'est aussi un jour ou j'essaie de faire un peu plus le point sur pourquoi je suis ici, et seul.
Pourquoi ici ???
Malgrè sa gentillesse, Pascale ne m'apportait rien ???? C'est un peu dur....et moi qu'est-ce que j'apportais ??
Je passais mon temps à attendre qu'elle rentre du boulot pour bavarder un peu, boire un coup, et regarder un film, ou .........Ensuite, j'ai acheté ce bateau, avec le rêve de naviguer. ça m'a fait tenir en place le temps que j'apprenne à naviguer, et puis voilà, la suite logique c'était partir avec. Je lui avais glissé à l'oreille quand j'ai acheté Skokiaan, que je voulais naviguer, je lui avais demandé si elle aimerait naviguer. Elle avait répondu un "oui, je sais pas". Mais pourquoi ces questions ?? Parce que je me culpabilise encore de l'avoir lâchement laissée tomber. Bon, c'est vrai que j'aurais pu dire que "partir " me devenais évident. Mais, j'en étais pas si sûr. Si elle avait montré un désir de partir aussi, je n'aurais pas cherché ailleurs une équipière, que je n'ai pas trouvé en plus. Bon, j'ai fait mon chemin comme d'habitude, avec un grand manque d'assurance, ce qui me conduit à ne pas exprimer clairement mes désirs, puisque de toutes façons, je ne parviens pas à les connaitre assez clairement.
Depuis que j'ai quitté Pascale, j'attends une autre relation, peut-être, un jour, quelqu'un qui suivra le même chemin cahotique que le mien ??? Qui sait,.......faute d'avoir réussi des relations amoureuses, ou des relations de couple, faute de "savoir" qu'est-ce qui peut-faire qu'une relation dure dans le temps, je me dis que rencontrer quelqu'un qui présente un peu le même profil instable, avec une sorte de solitude sous jacente commune, ça permettrait de marcher dans la même direction. Bon je cherche des "raisons" de croire à une histoire, alors que "croire" n'a pas besoin de raisons. J'ai aussi une sorte désir de "recommencer" ma vie,comme on dit. Avoir un enfant.........................

Hier, j'ai croisé sur la plage un Brésilien que je commence à connaitre un peu. Il est gentil, calme, un jour, j'étais assis, lisant, il s'est assis un moment à coté de moi, comme ça, sans rien dire. C'était sympa , et je me sentais quand même obligé de "dire" quelque chose, mais lui non. Puis il est reparti, tranquille, comme il était venu . Là, sur la plage, hier,en fin d'après-midi, il était avec sa fille de trois ans, qu'il m'a présenté gentiment, en lui suggérant de me parler en Français, sa femme étant française. Au début, il m'a mis en difficulté, car la petite ne voulait pas parler en français. Et je me sentais responsable de son impossibilité . Bon, je me suis adressé à elle en brésilien, puis, en français, je lui ai demandé quelle âge elle avait. Je réfléchissais pas trop, je cherchais à engager le dialogue. Et hop, ça a marché comme sur des roulettes. Elle s'est mise à parler très simplement en français. Et voilà , ce fut...quoi ,? dix minutes d'un petit bonheur qui me réconcilie avec moi même, à travers quelques mots avec une petite fille très sympa. On a marché tous les trois sur la plage, elle m'a expliqué comment elle faisait des patés de sable avec des coquillages, puis m'a fait cadeau d'un coquillage, que j'ai gardé.
Ben , oui, je me réconcilie avec cet "homme" que j'ai jugé mauvais, méchant, dur, casse pied, cruel, inconsistant, inconstant, vide,... "moi", ....Qui peut prétendre à être "plein" ?. Je vois toujours les autres pleins de quelque chose, par rapport à moi, qui suis vide. Encore une illusion d'optique..........Cette petite et son père, avec leurs quelques mots m'ont redonné du "volume". ....Parfois, je le sens dans la rue, quand je marche, tout à coup je me sens marcher plus grand, plus haut, une impression, certitude, très physique. D'ailleurs je pense que dans ce moment là, j'ai dû redresser la tête, le corps, les fesses, sans m'en rendre compte. L'autre jour, l'artiste peintre avec qui je blague un peu de temps en temps, m'a dit : "voces è feliz hoje" , et il a répété ça plusieurs fois, pour me faire comprendre que ça se voyait. C'était vrai "je suis content aujourd'hui".
Je commence à savoir pourquoi je suis ici, ou ailleurs. Je suis en train de vivre, de découvrir des petites choses insignifiantes qui pourtant "sont" la vie. Croiser un jeune père souriant et sa fille, c'est la vie, et je suis heureux de partager celà avec ces mots. Après les grandes émotions, la mer, l'océan, une transat, l'arrivée au Brésil,.... des émotions autres, aussi grandes, mais avec des sujets presques invisibles.......
Du coup , je me dis que je devrais aller les rejoindre tous, là bas au Maroc, pour fêter l'anniversaire de "maman", mais en écrivant ça, j'ai aussitôt peur ; peur qu'ils me fassent perdre mes petits progrès. Les gens qu'on laisse au loin, qui font partie du passé, nous y ramènent, comme si il nous était interdit de changer , pour qu'ils puissent nous reconnaitre, reprendre une conversation suspendue trois ans plus tot. Eric me disait la même chose, il n'y a pas si longtemps. Et, en pensant au Maroc, je me vois m'accrocher avec un de ces connards de policiers marocains, et aller au clash, en passant la frontière.
Non, mon petit chemin est trop fragile, fluet, étroit, incertain, un fil de toile d'araignée, je le garde pour moi, pour ma fille aussi , surtout, elle mérite de me voir mieux, sourire, et rire comme là, maintenant en écrivant ces mots.
C'est peut-être la première fois que je me sens en vie, pleinement. Je découvre un état qu'on m'a souvent décrit, dans les livres aussi. Bon, rien à dire de plus................................si peut-être un peu................ça doit être ça "être",....

.Un truc, où on est là où on est , à sa place, sans aucune ombre de jugement sur soi, ou les autres, ou le monde,
ou ...

Non, rien de plus ou de moins......Je vais dire des bêtises,....... ça doit être ça la plénitude dont tout le monde parle. Mais ce n'est ni en haut, ni en bas, comme j'ai pu croire, ni en face, loin devant, peut-être dedans. J'ose même pas vraiment l'affirmer, non, pas dedans non plus. Je dirais plutot que "je suis dedans".

Comme si j'étais entré dans une pièce inconnue de ma maison .


J'ai enlevé des barbelés, les portes, les barrières, les filtres, le brouillard, les pensées, les .....tout, et juste bien, oui,.......... je suis d'accord ......... .........avec la vie................... aujourd'hui.................... .......................Et j'ai envie de dire merci à tous, pour vos mots qui ont été autant de béquilles, ou de petits cailloux blancs sur ce chemin , merci Magali, Anne, Danielle, Violaine, Bernard, Coline, Raphael, Lidia, Marcel, Pascale, Pascal, Hugo, Bob, Nicole, Eric, Neu, Jaganath, Henriqueta, Michèle, Natangue, Serge, France, Patrick, Patrick, Elsa, Sandra, Francesca, Dany, Alain, Miguel, Dora, et ceux dont je ne connais pas les prénoms..,et ceux auxquels je ne pense pas là, maintenant......et à Maman, qui ne dit rien, qui sans doute, ne sait pas quoi dire......


Une journée est passée depuis cet évènement improbable : "être au paradis quelques heures" et déjà j'ai cru qu'il allait disparaitre, comme il y a quelques années. Un jour, toutes pensées s'étaient éteintes, une seconde, pour me laisser dans un état de bien être extraordinaire, mais qui avait disparu dès que j'avais voulu le "saisir", en prendre conscience..
Mais comment continuer.........ça va bien, si j'accepte ce qui est, ma solitude, et ce qui vient........
Je ne connais pas ce chemin........
Je ne sais pas où il va , ni où je vais......
Enfin....si, je vais vers la mort, un jour, comme tout le monde.....
Pas maintenant, mais je sais pas............
Et entre maintenant et ......la fin, quoi faire........................
Comment être dans le monde.....................?
Car là, je suis surtout avec moi...........
Bon, c'était nécessaire..................
J'ai essayé de "m'occuper des autres" dans le passé.........
Et ça n'a pas été une réussite......................
Mais j'ai toujours envie de ça, m'occuper des autres................
Et je crois que je ne sais pas faire .................
Non, je crois que j'ai besoin qu'on s'occupe de moi..................
C'est pour ça que je m'occupais des autres, pour avoir un retour...........
Tout ça n'a pas de sens, inutile...........

Une semaine plus tard.............C'était bien, cet état d'accord avec "la vie". Il va falloir que je trouve un moyen de le "cultiver", du terreau, de l'engrais, de l'eau.......? Parce que le naturel revient au galop, et mon naturel, c'est plutot..... "vilain garçon, jamais content".

Il y a trois jours, j'ai essayé de faire faire des moustiquaires pour le bateau. J'explique ce que je veux , plans à l'appui, à une couturière, en précisant que je voudrais qu'elle fasse un ourlet au bord du tissu, avant de le coudre sur un gallon de "scratch". Quand je viens chercher mon matériel, je mets immédiatement le nez sur les coutures, et bien sûr , "pas d'ourlet". Alors "la mamie" essaie de me dire que c'était pas nécessaire, elle a fait plusieurs piqures, ça va tenir. Je lui dit que j'avais une raison de lui demander un ourlet; "oui, elle sait, mais ça ira". Ben non, quand on demande un travail, et qu'on est près à le payer, c'est pour être respecté dans ses conditions. Je lui dis, normalement, je peux pas payer ça, et je devrais même vous demander de me remplacer le tissu perdu, le scratch ...etc......" ça va , ça va, vous payez pas ", et elle s'en va dans son atelier, et reprend son travail, visiblement très vexée. Je lui demande combien je lui dois, "rien", j'insiste , "10 reais" (4 euros). Bon, au départ, elle m'avait demandé 15 reais. Je suis tellement surpris de sa réaction que je ne sais plus quoi faire. Je lui laisse 20 reais sur la table, et repart . Et voilà, je réagis comme d'habitude quand j'ai pas ce que je veux. En même temps, ça me parait légitime de réagir ainsi. Mais s'expliquer dans une langue qu'on maitrise mal, ça prête à confusion . La réaction de la "mamie" est incompréhensible, c'est presque du chantage affectif : " comment avec le mal que je me suis donné, vous êtes pas content" . Et bien non, pas content. Je rentre au bateau, j'essaie la moustiquaire principale, elle n'est pas à la dimension prévue. Ben voyons. Ma grand mère était couturière, et me faisait mes pantalons sur mesure, mais elle ne les faisait jamais comme je voulais. Je n'ai jamais compris pourquoi. Là, c'est pareil.

Enfin, j'avance un peu en ce moment, mais seulement si je reste vigilant ?
Non, c'est pas vraiment ça, pas une question de vigilance, je connais pas encore la recette .
Peut-être marcher sans jamais rien attendre, ouvert.
En tout cas, le paradis, hors relation amoureuse, c'est du nouveau.
C'est difficile ne pas avoir de pensée critique sur ce que je vois.
J'en arrive à ce qu'on m'a toujours dit, et que je ne comprenais pas:
"Accepter", ce qui signifierais; ne pas "juger", ne pas avoir ce regard observateur qui scrute, et se fait des idées sur ce qu'il voit.
En fait, la première étape, c'est de reconnaitre que je suis dans cet état où je juge le monde. Pour moi c'est un état quasi permanent. Alors comme ce sont des jugements négatifs, ça n'est pas bon pour soi, et ça repousse..... l'autre......

Bon, je crois que je suis arrivé au bout de ce que je pouvais dire.................
Et à qui ?........................Ce nouveau miroir...................Internet........
Au moins , Narcisse risquait de tomber dans l'eau du lac.......................

Bob, est passé me voir au bateau, comme ça, pour voir ce que je fais. C'est très sympa de sa part.
C'est Eric qui me l'a présenté avant de rentrer en France. C'est un brésilien noir, très rustique, coiffé rasta, qui vit avec une française, une femme très sympa, superbe blonde d'allure bourgeoise sans l'être. Ils forment un couple assez étonnant, le jour et la nuit. C'est Bob qui avait essayé aussi de résoudre mon problème de bateau. Il est venu visiter "mon futur terrain", il l'a trouvé super. Il faudrait que j'aille les voir un peu plus souvent.

Michèle a téléphoné pour dire qu'elle pouvait venir Lundi pour faire, vers Camamu, la balade que je leur avait proposée, si ça tient toujours ? Oui, bien sûr, ok ? J'ai envie de bouger un peu, et en leur compagnie, ce sera plus sympa, j'espère . Et puis on verra bien, si je dois me contenter de relations amicales......Dans le mail suivant, elle dit que son fils Nat fait parfois pipi au lit la nuit, et c'est pourquoi ils hésitaient à venir sur le bateau plus de deux jours . Nat a honte de ça, et elle ne sait pas si il doit savoir qu'elle m'en a parlé, ou non . Bon je lui dit qu'à mon avis il vaut mieux qu'il sache que je suis au courant, et lui dire que j'ai eu des enfants, et que je sais ce que c'est, d'autre part, il y a des matelas qui sont recouverts de plastique, et des draps de rechange. Pour les draps c'est pas vrai, mais je vais en acheter.
Enfin......Je fais les courses pour trois jours, remets de l'ordre dans le bateau, qui est devenu un peu plus ma maison, avec donc un peu plus de bordel..Bon, ils arrivent , on fait un complément de courses , tandis que Nat reste seul sur le bateau. On revient assez tard, Michèle a mis très longtemps pour joindre sa mère avec Skype. Elle vit sa première balade en zodiac de nuit. Je me souviens de la première fois que j'ai fait ça ici, sur le rio, j'étais pas tranquille, mais c'était bien. Je suppose que Nat avait besoin d'être un peu seul sur le bateau, peut-être pour prendre ses repères tranquillement, s'acclimater, se mettre dans "le bain".
En revenant, on le trouve pas vraiment en forme, un peu chaud, il ne veut pas venir manger. Je retourne à terre chercher un repas tout prêt . C'est long . Caipirinha en revenant, et repas chaud, végétarien. Michèle aussi est un peu dérangée, elle vomit son repas. Décidément ça commence mal. Nat se couche assez tôt, tandis que nous parlons un peu. Michèle me fait parler, puis dodo pour tous, et je ne sais pas si on y va demain, ou non. Bon, on décide qu'on verra bien au petit matin . Réveil à 6h pour moi, je prépare, rentre l'ancre de l'annexe, le moteur, le taud, et Nat passe la tête par le hublot, l'air en forme..... Ce gamin a envie de vivre. Michèle se lève aussi, c'est pas la grande forme, mais elle veut y aller. je préfère cette attitude volontaire à celle d'Henriqueta qui a abandonné tout de suite, dès les premières difficultés. Après un bon petit déjeuné, on y va. La marée est déjà assez basse, je navigue dans deux mètres d'eau seulement, pour sortir de l'estuaire. C'est pas beaucoup d'eau, surtout si on tient compte des vagues et des creux. On passe le farol (phare), et peu de temps après, ils ont le mal de mer. Ils prennent les cachets que je leur propose, Nat va mieux, tandis que Michèle vomira plusieurs fois, avant, finalement de parvenir à garder le médicament. Je suis un peu inquiet de leur état, entre le mal de mer, et les nausées qu'ils avaient déjà avant de partir. Est-ce qu'ils auraient attrapé une bactérie, un virus, dans ce putain de village de Piracanga ? Je ne suis pas très en forme non plus, les allers retours dans le carré me laissent un peu nauséeux . Il y a 7 à 10 noeuds de vent, un peu de soleil. La navigation est sympa. On arrive à Campinho, tout le monde retrouve le sourire. On joue au Uno, et je réapprend ce jeu en même temps que les gestes de la vie de famille, faire un petit thé, parler, blaguer, sourire et rire . ...On se couche assez tôt, car le temps est couvert, il pleut un peu, difficile d'imaginer de ressortir dîner à terre sous la pluie. Le lendemain, ils vont mieux, plus de traces de nausées. Petit déj dans le bateau, jeu de carte, ou de "doigts" , un jeu que je ne connais pas, et qui se pratique avec les doigts. Puis Nat sort le jeu d'échec, il veut jouer avec moi. Je n'ai pas réussi à le laisser gagner, il n'est pas mauvais perdant, et j'étais en difficulté. On va faire un tour à Barra Grande pour visiter un peu la ville. C'est Nat qui barre un peu au moteur. On déjeune après une bonne balade, puis le temps se couvre. Assis sur un banc de la place piétonne, on fait la connaissance d'un gars passionné de voile.
Un orage fort arrive, et il nous invite dans la pousada qu'il gère avec sa soeur. On fait connaissance de toute une famille très sympa, ils nous rejoignent pour dîner. Michèle veut rester dîner à Barra Grande, malgré l'hypothèse d'un retour tardif au bateau, avec l'annexe, sous la pluie.
Elle veut vivre les moments sympas qui se présentent, sans anticiper les problèmes possibles. C'est bien, et en même temps un peu "limite". Mais bon, le désir qu'elle avait de rester avec nos nouvelles connaissances était tellement agréable à voir, que j'en ai profité aussi, pour me décontracter.
On a passé une soirée très sympa, moi, à discuter avec le jeune Brésilien, qui m'a parlé bateau bien sûr, des saveiros, et de ses difficultés à utiliser son nouveau "GPS Garmin ". Michèle a tout de suite sympathisé avec notre hôtesse, et elles n'arrivaient plus à se dire au revoir. Puis il a fallu envisager le retour, nos nouveaux amis nous proposent de rester dormir à la pousada. Mais pour moi, hors de question de laisser le bateau seul. Je leur propose de rester à la pousada, mais ils veulent venir aussi, et c'est un départ mouillé, sous l'orage et les vagues, vers le bateau à l'ancre. Michèle est courageuse, et inquiète, ça fait beaucoup d'expériences nouvelles en peu de temps. Nat lui , ne semble pas soucieux, il suit, il y va.....
On arrive au bateau, qui bouge beaucoup, difficile d'envisager de rester dans ce mouillage rouleur.
Je les invite à se coucher, et je ramène le bateau dans le mouillage protégé ou nous étions la veille. Navigation de nuit en eau peu profonde, sous la pluie, au Gps et sondeur, ça va, mais bon, je suis à moitié tranquille. Heureusement que je suis déjà venu deux fois ici. Quand j'arrive, ils sont presque endormis. On s'est bien fait tremper plusieurs fois.
Bon..... dodo, car demain il faut repartir tôt pour Itacaré.
Cette fois, ils prendront des cachets avant de prendre la mer, et on fera une nav plus intéressante.
Nat est tout de même un peu dérangé, le cachet semble l'avoir assommé, il dort.
Et voilà, retour impressionnant à Itacaré, avec une entrée en surf, autour du "Farol".
Et ils repartent aussitôt vers Piracanga, Michèle pour une retraite de "Yoga", mais elle a aussi dit que son "énamorado" la rejoignait demain.
Tchao,...... à bientôt...................

 

Il faut que j'arrête de "vouloir", et me recentre sur des petits plaisirs. Mon espace s'est réduit ces derniers temps, car j'ai "honte" d'être seul, et ce sentiment prend le dessus sur mes envies de vivre. Je sors de moins en moins du bateau, seulement pour déjeuner, et ensuite je reste cloîtré.... Mais pourquoi pas, les nonnes, et autres prêtres et moines n'ont rien fait d'autre. Se protéger d'un monde extérieur ......difficile, agressif..... C'est pas sûr....Oui, ça dépend beaucoup de notre propre attitude intérieure..........mais c'est la théorie................


Si je devais dessiner Michèle et Natangué, je ferais une femme qui court , et un enfant qui essaie de suivre . Elle le traîne un peu, et lui , suit, avec peut-être un léger "scepticisme non dit". qui passe par l'inconscient, peut-être "le pipi au lit", qui voudrait dire ; "je veux pas grandir si vite", ou "j'ai pas envie de te suivre sur tous tes chemins".

Ma vie actuelle est une lutte de chaque instant, pour rester................debout.....trouver ce chemin.....qui apparaît parfois......puis qui disparaît, sans laisser de trace. Je suis "le petit poucet", et je ne retrouve pas mes petits cailloux blancs. Je veux pas rester seul, et je sais que j'ai toujours été seul, même avec Pascale, Mariane. J'ai quitté Corine aussi, pour laisser la place à Marie-Noelle, et ça n'a pas marché. Je voulais cette relation avec une femme brillante de tous ses feux, et........bien fait pour ma gueule, trop exigeant, imbu, envieux, égoïste. Bon, ça suffit....... Corine n'avait pas voulu apprendre la voile, s'intéresser à la navigation un peu. Je l'accompagnais dans ses marches, je parcourais ses chemins, mais elle ne venait pas sur les miens.
Au moins, Michèle, elle vient voir ce qu'est un bateau, et c'était pas facile de commencer une navigation avec la nausée, puis rentrer de nuit avec un petit zodiac instable sous la pluie, assumer l'inquiétude pour son fils......et je sais pas si j'ai été facile..........

Aujourd'hui, je suis allé voir la maison qu'Eric peut me louer pour 350 reais ( 150 euros) . deux chambres, deux douches , jardin, sur les hauteurs d'Itacaré, vue magnifique sur la mer et le rio, et le voilier au loin, seul. Il y a beaucoup de moustiques, infernal, même dans la journée, alors que sur le bateau, c'est que le soir. Et puis cette maison est visitée par des voleurs, alors c'est difficile, comment imaginer en profiter un peu ? Et puis, envisager de laisser "mon bateau" tout seul, la nuit, ici..........sans gardien.........Et autre chose, quitter le bateau, c'est quitter ma maison sur l'eau, un peu comme passer à autre chose. J'ai peur de perdre quelque chose, un lieu qui me protège bien , peut-être ?

Dans le livre de Salman Rushdie, aujourd'hui j'ai lu une phrase :
"Quand penser devient insupportable, il n'y a que l'action pour y remédier".
Je partage cette idée, c'est pour celà que j'ai longtemps associé des activités manuelles, bricolage, construction de maisons, menuiserie, à mes activités de travail social........

Je descends en ce moment. Je suis envahi de pensées négatives, un peu comme d'habitude, mais là je le sais. Mes pensées me dominent, je suis "mes pensées". Et impossible de les laisser sur le coté.
Ce sont toujours les mêmes, qu'est-ce que je fait là, je m'emmerde, pas de relation, seul, le restau ou j'aime bien me poser, en terrasse, n'a pas les places libres que j'aime. Alors je reviens au bateau. je ne passerais pas une heure à regarder la vie se dérouler sur la place des "cachoros" . Je ne commanderais pas une tapioca camarao N°118. J'irais demain, il y aura moins de monde. L'action, l'action, l'action, c'est vrai que ça rempli la vie , d'agir.....Mais agir, pourquoi, pour qui ?

Aujourd'hui, 24 Octobre, c'est pleine forme, le patron du restau ou je déjeune régulièrement, depuis cinq mois, m'a invité à visiter son "Sitio" , sa propriété, avec un de ses amis voileux qui veut construire son voilier de 9m. Ils ont chacun une propriété sur le rio das Contas, à 15 km d'Itacaré. Ils m'ont emmené voir leur "coin" de paradis. Voiture puis en bateau, c'était très sympa. On a bien blagué bateau, et aussi construction de maison , ce fut une super bonne journée.
Et puis, être invité chez des brésiliens, c'est une faveur, malgrè une apparente convivialité, les brésiliens ne sont pas si faciles d'accès. Eux, viennent d'ailleurs, de Sao Paulo, et de Florianopolis, et ici, à Itacaré, ils se sentent comme des étrangers. Au Sud, la population est plus blanche, tandis que l'état de Bahia est le plus "Noir" du Brésil. Ce n'est pas très différent de ces sentiments d'être "étrangers" quand on habite en France dans un petit village ou on n'est pas né.
Cette notion d'étrangeté semble présente partout dans le monde, à l'heure d'une communication mondialisée, les spécificités régionnales perdurent, peut-être même se renforcent-elles ???
Bref, depuis deux jours, super forme, et du coup, je regarde d'autres terrains à vendre......Ailleurs...
Finalement, vivre le présent, et être bien, c'est pas difficile, mais pour moi, ça dépend beaucoup des contacts qui peuvent se nouer, et c'est là que je suis pas très "au point ".

Il y a quatre mois, un ami, Daniel, était venu sur le bateau pour son dernier jour avec sa chérie, avant de repartir en France. Je savais pas qu'il avait une relation avec une gamine de 17 ans, lui 45. Mis devant le fait accompli, on retrouve le bateau, et on se fait une petite bouff sympa, Michèle prépare une moqueca de camarao, mais sa tenue, son attitude, tout fait penser à une jeune prostituée, ou une "cover girl", comme ils disent . Et ça, c'est emmerdant car j'ai pas envie que les gens d'ici pensent qu'un vieux con de 60 balai, se tape une gamine de 17 ans, si elle a bien 17 ans....?
Bref, je dis rien, mais je pense que Daniel exagère, lui amoureux de cette gamine, il voudrait l'aider parce qu'il connait ses parents depuis longtemps, il sait qu'elle est en train de devenir une prostituée....
Il rentre en France, et je continue ma vie de solitaire, avec mes fantasme de "nanas faciles", ça n'a jamais été mon truc, pas de passage à l'acte , jamais, mais des pensées, des rêves, que l'on nomme fantasmes plutôt....
Je croise Michèle parfois dans Itacaré, et ça alimente ces fantasmes, j'évite de lui parler, même de la croiser, je me sens pas sûr de moi. Je me dis qui si j'approche de trop près cette gamine super mignone, je risque de me laisser aller....??? ça fait trois mois que je vis avec ces questions.
Cette après midi, je discute avec une brésilienne pour un terrain , et Michèle passe, et s'immisce dans la conversation, comme ils font tous ici, avec sans gêne. Elle me demande si Daniel est ici . Je lui réponds que non, il va revenir dans six mois. Elle repart, et va dans ma direction. Je termine ma conversation, et reprends ma route vers le bateau. Elle ralenti, et m'attend. " è muito bom Itacaré", sim, "Voces lembro, no barco, os camaraos"..... Elle me rappelle le repas de crevettes sur le bateau. Elle me drague à la façon d'une putain, en tout cas, c'est mon impression. Je la regarde, et lui demande ce qu'elle fait de sa vie, mon regard est insistant , comme si je lui disais que ses lunettes me gênent. Elle le sent, enlève ses lunettes, et me raconte qu'elle suit des cours de droit à la faculté pour devenir avocate. ça m'énerve, elle se fout de moi, j'essaie de savoir vraiment comment elle va, changer de registre, et elle me raconte des bobards. Bon, "ta bom, eu vo voltar no barco, tchao ". Et je rentre au bateau, très soulagé, et content, je n'ai eu aucun effort à faire pour refuser d'entrer en relation sur son registre de racollage, ou de séduction. ça me travaille cette histoire, j'ai pas été très sympa, peut-être trop en jugement négatif. Mais je devais me protéger d'abord, et je me méfie des ragots.
Maintenant que je sais que je n'ai aucun désir réel de sauter une gamine comme elle, même mignonne, ça me rassure. Je devrais pouvoir lui parler différemment, mettre cartes sur table, lui dire que je la vois devenir une prostituée, et qu'est-ce qu'on peut faire pour elle ? Peut-être espérait-elle que je parlerais un peu plus avec elle.
En tout cas c'est une bonne nouvelle. ??

L'autre matin, je me suis réveillé , j'avais rêvé du passé, de Christine, et d'autres personnes.
En me levant, il fallait que je retrouve Magali et Jean Paul, ils avaient été des amis proches pendant quelques mois, cette période ou j'étais amoureux de Chistine, où je finissais par ne plus voir Jean..................Une période où j'étais largué, et c'était super de les avoir pour amis.
Et puis, mon remplacement d'une assistante sociale à Arles n'avait pas été confirmé par une embauche. J'en avais un peu voulu à Magali, et j'avais trop de problèmes, alors quand je suis parti travailler à Aubagne, je ne les ai plus revu. J'avais honte de toutes ces difficultés que je trainais.............Enfin, peut-être pas si simple......Magali était enceinte, leur bonheur était resplendissant, et m'était d'autant plus difficile à supporter.
Donc je cherche sur internet, et je trouve Magali sur Facebook . Quelle émotion....!
Et voilà, on échange quelques mails.................Jean Paul n'est plus.......Trente ans...... la vie est passée.....Magali semble heureuse que je donne des nouvelles...même si tardive.
Moi, je les ai toujours eu un peu avec moi, même si je ne les voyais pas, c'était mes amis quand même, comme Georges, ou Marie Claude, Paul, la vie nous emmène au loin .......
Mais qu'est-ce qu'il se passe ??
Maintenant il me prend l'envie de raconter sur internet, mon premier voyage en Algérie et Niger, avec les jeunes du CAT, et Paul, Georges.
Je crois que ça continue, ce besoin de réexaminer tout le passé.
Trop de choses restées coincées là sur l'estomac. Et ce voyage, compliqué, puis le suicide de Patrick, qu'on avait soutenu, porté à bout de bras ................mais............. J'en pleure encore comme si c'était hier. Je ne sais pas pourquoi, sans doute que j'ai rien réglé de tout ça, tout reste en dedans..
Bon, ça doit ressortir, je ne sais plus quoi en faire, je laisse venir.
Retrouver Magali sur internet est une grande joie.
Repenser à ce voyage est plus emmêlé, de tout ce qui l'a animé, de joie , d'espoir, de déceptions, de tristesse. Mais bon, je me dis qu'il faut tourner la page, les pages, et pourtant ça revient. Même Paul que j'avais retrouvé au Sénégal, ce grand dadet, toujours en train de déconner, qu'est-ce qu'il avait affiché à Saint Louis dans son séjour.....Une photo noir et blanc de nous trois, au Niger, Paul, Georges et moi, réparant un pneu crevé.
Donc, il n'y a pas que moi qui vit de souvenirs, alors autant m'autoriser à laisser venir.
Et peut-être continuer à crier ma colère, et cette haine des enfoirés, des connards que j'ai croisé, et dont j'aurais dû m'éloigner. C'est comme ça, je sais pas faire le tri.
J'ai privilégié Christine qui ne voulait pas vraiment de moi, et repoussé Jeanne qui était venue me retrouver, et dont je ne connaissais même pas le nom. Quand j'y repense, c'est peut-être bien la seule femme qui ait fait des pas vers moi, plus tard, j'avais cherché à la revoir........
J'adorre ce prénom....Jeanne..

Quand j'écris, ce sont les mots qui m'emmènent vers des "endroits" inconnus......
Depuis hier, j'essaie de comprendre "les quatres vérités de Boudha". Bon, c'est pas pour demain.....
Mais quand je pense à "être heureux", je vois de la musique, de la danse, j'aimerais savoir me lancer, me laisser aller, mais je sais pas faire ça. Alors si je reste avec cette image du bonheur, je suis frustré et malheureux, et j'en rajoute une couche en me culpabilisant de ne pas être capable de ça. Il a raison Boudha, je ne dois pas chercher à être heureux d'une façon que je ne sais pas faire.
Car je peux être heureux en parlant avec un père et sa fille, comme l'autre jour....
Hier, j'ai revu Michèle et son fils, et elle m'a fait chier en fait, avec sa communauté de Piracanga, je ne supporte plus ces discours béatifiant, "les gens changent". Je lui explique que les deux personnes qui ont monté ce truc, cette "communauté, l'ont fait pour le fric, qu'ils ont agglutiné deux écovillages sur un même lieu, et maintenant, il y a tellement de monde, et de fosses sceptiques, que l'eau qu'ils tirent du sol est polluée, et qu'il y a des problèmes sanitaires, des staphilocoques...
Ces gens ont ouvert un centre de développement de "L'être", se disent spiritualistes, et ont construit un lieu dont la conception constitue une régression sur le plan sanitaire.
Et elle répond sans même réfléchir que ce n'est pas sûr, que ces gens changent, et "j'entends" ses mots comme si c'était le discours rigide, et défensif des adhérents à une secte.
Et pourquoi pas, une secte, ou une communauté.......J'aimerais être dans un groupe où je serais heureux, libéré. Je suis parti en bateau, ce n'est pas par amour de la société dans laquelle je vis. Mais "Piracanga", je peux pas. C'est devenu viscéral.

Celà fait longtemps aussi, que je me pose des questions à propos des situations, et des personnes que j'attire.
Ma première petite amie, était encore vierge à 22 ans, ma première femme, m'a "fait un enfant dans le dos", ensuite Christine était vierge après cinq ans de mariage, ma deuxième femme n'avait pas vraiment de désir, ensuite j'ai vécu avec trois compagnes qui avaient subi l'inceste, ou la pédophilie, en fait toujours des situations difficiles, compliquées. Et je reste avec cette impression de n'avoir jamais suscité de désir chez mes compagnes, ou d'avoir été accompagné par des personnes qui avaient des difficultés sur ce plan.
J'essaie encore de tirer des fils de réflexion, comme si je pouvais faire une découverte qui révolutionnerait mon présent....Peut-être qu'il faut continuer à revisiter tout ce que j'ai vécu, pour me débarrasser du passé.
ça se calme un peu,
Oui, c'est une découverte, je ne suscite pas de désir chez les femmes, plutot de la compassion, éventuellement réciproque, d'où des relations entre "blessés de la vie". Et qu'est-ce que je peux faire à ça ?? Je me vois pas avoir des relations sexuelles, sans un lien réel. Enfin c'est ce que je crois, car j'ai toujours été attiré par de belles femmes !!?? Peut-être que je me suis construit un mythe de relations sentimentales, alors que j'ai seulement été gouverné par le sexe.... C'est possible, d'où ces impasses relationnelles à répétition. Bon, c'est une vision d'homme qui se culpabilise de tout. Toute la société a évolué vers des "relations éphémères.".....

Il y a quatre mois, j'avais rencontré Marc, sa femme Rivia, et leur petite fille. Lui , né au Maroc, est parti de France à 20 ans avec frère et soeur. Ils avaient construit leur voilier en ferro ciment, une technique à la mode il y a trente ans...Et puis la vie l'a amené au Brésil.
Alors l'autre jour, on se raconte un peu, et je lui dis qu'il faut que je nettoie la coque du bateau.
Eux ,il y a longtemps, ils faisaient ça sur un banc de sable, ils venaient s'échouer à marée haute, puis attendaient que la marée descende, ils tiraient sur la tête de mat pour qu'il se couche du coté souhaité, et "Ta bom". J'avais envie de me sentir un peu moins dépendant , faire des "trucs " par moi même, surtout ne pas me fier à ces brésiliens qui ne connaissent pas grand chose, surtout à Itacaré.
Alors, après plusieurs jours de "cogitation", je dis à Marc, ok , on y va, on le fait...?
Et voilà, c'est parti, je suis en face du banc de sable, j'ai jeté l'ancre au milieu du rio, mais "ao acaso dos signos", il veut pas y aller, il veut pas s'échouer tout seul, ce ne sera pas un coup du hasard. Il faut que je recule, et que je le relance vraiment sur ce banc de sable. Alors, j'y vais. Marc attend, sur la rive, il tire sur le bout que je lui ai lancé, et j'envoie "acaso" sur le banc. ça y est, il est posé sur le sable. Je lance à Marc un bout pour tirer sur le mat avec la drisse de grand voile. Au bout d'un moment on fatigue, coupés par le bout. Marc va chercher un baudrier, pendant que je continue à tirer sur le mat. Petit à petit, la marée descend, et bateau se couche doucement sur le coté. Apparraissent une bonne épaisseur d'huitres et de moules colées sur la coque. Pas étonnant que j'avance pas. On nettoie tout ça, et une couche d'antifouling, 10 heures plus tard, bateau se redresse, on range tout, et je démarre le moteur. Encore un peu tot pour sortir, je tire un peu sur l'ancre que j'ai placée exprès au milieu du Rio, et "Acaso" bouge, moteur plus guindeau , on sort de là assez tot, bien avant la nouvelle marée haute. C'était super, de pouvoir faire ça sans rien demander à personne. Bien sûr , il y avait Marc. Mais c'était bon de ne pas être dépendant d'une ville, d'un lieu, d'une entreprise. Demain, si besoin je peux recommencer. J'ai appris.

Et puis un soir je vais voir Marc, et on fume un joint.....Mon premier joint d'herbe. C'était sympa, j'étais un peu plus décontracté, mais je voulais pas trop me lacher, alors j'ai juste fumé un tiers du joint. Je sentais que j'avais un peu plus envie de rire. J'ai controlé, et gardé un regard sur les changements d'états. Eh oui, coincé.... J'ai vu Marc avoir un regard attendris sur son passé, peut-être son enfance......

Le temps passe, 9 Décembre, je suis allé à Salvador, réparer la pompe à eau de mer du moteur, puis visiter cette pousada écologique. Déçu, piscine baignoire, ruisseau filet d'eau, piscine naturelle mare aux canards, casa ordinaire, bungalows mal finis....Je continue à ne voir que les défauts partout ou je vais. Et finalement, rien ne me convient, ou seulement les trucs impossibles. J'ai l'impression que mon état s'aggrave, Je dors beaucoup, et ne sors du bateau que pour déjeuner. Plus envie de "faire", mare, Ici, à Barra Grande, la ville est morte, rien ne bouge dans la journée, ça se réveille seulement la nuit. Il fait très chaud, l'été arrive. J'ai deux jeunes amis ici, frère et soeur, lui passionné de voile, nous avait alpagué quand j'étais passé ici avec Michèle et Natangué. Il avait absolument insisté pour qu'on vienne à la pousada qu'il gère avec sa soeur. "Un navigateur solitaire", il ne pouvait pas rater ça. Elle aussi, prend plaisir à nous parler, puis à parler avec moi, ce qui est plus étonnant..

Je veux faire un gamin, avec une femme jeune de préférence. Tout le reste m'est indifférent.
C'est bête d'arriver à mon age, avec une idée pareille. C'est pourtant cette pensée qui cherche à émerger, et que je délaisse, pour ne pas dire que je l'étouffe, ou la laisse sans raison.
Enfin, aujourd'hui, j'étais pas bien du tout ce matin, et puis j'ai croisé Anderson, toujours le sourire, qui me dit qu'il y a quelqu'un qui veut vendre un terrain bord de mer pas cher.....
Je fini de déjeuner, le café internet est fermé. Il ouvre à 16h . Puis je vais lire sur la plage, je me sens mieux, je prends mon premier bain décontracté. Arrive Adriana qui ne travaille pas aujourd'hui. Elle va déjeuner, je l'accompagne en buvant une bière. On discute beaucoup, et tranquillement, une bonne après midi. C'est son anniversaire demain, 42 ans. Je la croyais plus jeune. Tant mieux....Vamos a ver....
Bon, je vais encore me faire des illusions, mais c'est mieux que rien.
Une brésilienne, mince, mignonne, intelligente, et sans enfant, divorcée, affable, sympathique.
En plus, il semble qu'elle aime bien parler avec moi. Hier elle voulait payer son repas et ma bière, mais je pouvais pas la laisser m'inviter, alors c'est moi qui l'ai invité, et elle semble avoir accepté de bonne grâce, en disant " c'est mon anniversaire demain". Bien sûr, je saute sur l'occasion pour justifier une générosité de circonstance. Je me fais mes films habituels, du genre, enfin une nouvelle relation, tendresse, parler un peu, encore.....
Nous sommes demain, 10 décembre, l'anniversaire d'Adriana, une occasion pour lui offrir la sortie de bain que je lui avais acheté à Morro de Sao Paulo. Je cherche toute la matinée, dans cette ville endormie, quelque chose à ajouter à ce bout de tissu. Peu de "lojas abertas" ce lundi matin. Je trouve un collier sympa en pierre émeraude du Mina Gerais, très courant, mais sympa. Je suis mitigé, content d'avoir trouvé ça, indécis, me disant c'est ridiculement quelconque, et c'est moi qui vait être ridicule en lui offrant ce "présente". Et puis je me souviens de sa joie non feinte quand son neveu lui a offert hier, un haut de corps un peu épais, blanc, tout simple. Je me dis que, soit je serais ridicule, soit ça lui fera plaisir. Alors, je prends le risque de lui faire plaisir.
J'arrive à la pousada, et lui souhaite un bon anniversaire, son frère l'a oublié, et va l'embrasser, je lui tends, timide, mon paquet, et elle se défend un peu, "Nao preciso de fazer isso", puis elle exprime sa joie sans voir ce que c'est.
C'est très agréable de la voir ainsi, je suis content. Ensuite, elle ouvre le sachet, prends le collier, "que lindo", le retourne dans tous les sens, et le met à son cou. Le tissu reste de coté. C'est super de la voir presque s'extasier pour un petit cadeau de rien du tout. C'est elle qui a raison, c'est l'intention qui compte, et mon intention était de lui faire plaisir, et aussi un peu à moi. Elle est généreuse en recevant aussi joyeusement ce petit présent. Bien sûr, il y a aussi une tentative pour s'attacher "l'autre", quand on donne, il n'est pas sûr que ce ne soit qu'un don, on essaie de "prendre" l'autre dans le filet ........de quoi ? de sentiments ? hum !! de désir ?? de s'approprier....
Moi, dans de pareille circonstances, devant un cadeau, je serais gêné, voir déçu par le contenu, tout en moi ferait que ça tomberait à plat comme une mauvaise blague incompréhensible, et pour finir, je penserais qu'on m'a fait un cadeau indigne de "moi".
Du coup, ils m'invitent à rester déjeuner avec eux.
Mais cet après midi, je suis passé de nouveau, pour voir Anderson, qui doit me présenter un "rapaze" qui connait des terrains à vendre.
En attendant, ils sont sympas, je peux venir parler un peu, boire un thé, me connecter à internet.
11 Décembre, on est allé voir deux terrains, avec Anderson, et son copain "coretor". Un à Marau, 9 ha, une colline bord du fleuve, petite et dégarnie, qui ne m'a pas plu. Puis un terrain d'un hectare, bord de mer, eau par puit à forer, pas d'accès terre, électricité pas loin. Planté de cocotiers, quelques arbres autres ? il me plait, le bateau peut rester en face, Mais ce sera la grande solitude, quelques maisons secondaires comme voisins, à voir. On a parlé de sa soeur, sans enfants, jamais mariée. Elle est très difficile , dit-il . Difficile de l'approcher. Sur le bateau, il était comme un enfant, voulant tout voir, tout savoir...ça fait plaisir de voir ce jeune de 35 ans s'extasier devant un voilier. Il m'invite ce soir à "jantar" avec leurs amis...ça me fait plaisir, mais c'est difficile pour moi de sortir de cette solitude qui me colle, et dont j'ai peut-être besoin. J'ai dit que je viendrais, mais je sais pas. Comment vais-je faire pour parler brésilien toute une soirée.? Mais c'est une chance de rencontrer des brésiliens, et surtout rompre ce cercle d'un enfermement... Si je saisis pas des perches comme celle là.......à Itacaré, je suis resté six mois aucun ne m'a invité, pas même les français. Ici, ils me coocoonent........"fico a vontade" fait comme chez toi, déjeune avec nous, dine avec nous, tu veux un café.....
Bon, j'ai diné avec eux, c'était très sympa, ils ne se formalisent pour rien.
Adriana est née le 10 décembre, c'est aussi ma date de départ de France, comme si j'avais reçu un appel... Comme par le passé , les chiffres semblent parler, mon amie Danielle avait été initiée un 11 octobre date de ma naissance, et j'ai failli mourir le jour d'anniversaire de Pascale.
Bien sûr je m'accroche à des signes, dont j'ai aussi le sentiment qu'ils ne sont que le reflet de mes désirs, une manière de me rassurer sur la "validité" de ces désirs. Comme s'il fallait l'assentiment des "forces du destin" pour que j'ose mes rêves, mes sentiments, mais aussi mes désirs, dont une part de moi juge qu'ils sont superficiels, ou incorrects. J'ai l'impression que mon mental ressemble à celui de "l'idiot" de Dostoievski. Un mental qui manque de clarté, de raison, et qui me perd en conjectures de plus en plus embrouillées. Pas de père, pas de repères. Mais aussi, pas de confiance, pas de repère. Les deux manquent.
Enfin, tout ça ne m'a pas empêché d'avoir le courage d'inviter Adriana à déjeuner demain. Je rêvais de l'inviter à diner, mais ce n'était pas raisonnable, je ne la connais pas, le chemin, c'est de faire connaissance, et de prendre déjà ce plaisir de la découverte de l'autre, Je crois que je n'ai jamais vraiment fait ce chemin auparavant. Toujours baiser, aussi vite que possible, et ainsi me "rassurer" avec une relation naissante.
J'ai toujours été dans l'erreur. La relation commence dès qu'on cherche à savoir "qui est l'autre". ça fait du bien d'écrire ça, une manière de renforcer les idées claires, de les ancrer. Et aussi de pouvoir penser que je m'améliore un peu ?..... Rien n'est jamais perdu, qui sait....?
Aujourd'hui 13 Décembre, j'ai déjeuné avec Adriana. Pour l'occasion, elle est allé mettre un maillot, et une sortie de bain, un délice. Ensuite on a bien parlé, c'était super, jusqu'à ce qu'elle me demande si j'ai des amis à Itacaré, ce qui est vrai, mais je ne cherche pas vraiment des amis. Et puis elle a dit qu'elle se trouvait bien dans sa vie de célibataire..... On est rentré, ça allait. Je suis rentré au bateau, et c'est un coup de déprime qui m'assomme. Pourtant on a évoqué ses gouts, une maison à la montagne, loin de la mer. Leur gérance de pousada, c'est pas top. Il manque des tuiles, et le proprio refuse de faire les travaux. Ils ne peuvent pas faire un procès, car ici, de recours en recours, ça peut durer des années. Pourquoi ne pas cesser de payer le loyer ? Le propriétaire vit sur les lieux, et il les ferait chier, en faisant partir les clients. On a parlé du hasard, et des signes.....
Enfin, j'ai plutot envie d'aller me noyer, cette vie de solitaire ne me va pas, les petits espoirs me portent et les contrariétés me décomposent. Et maintenant, je n'ai plus envie d'aller les voir, je crois que je vais me sentir de trop.
En fait, j'ai du mal à accepter simplement leur aide , leur accueil, parceque je ne sais pas comment les aider en retour................J'ai proposé mon aide à Adriana, qui n'a rien voulu savoir. J'ai parlé à son frère, qui a accepté que je bricole un peu. C'est elle qui m'avait dit que cette pousada était en mauvais état.
Je suis content de pouvoir faire quelque chose. ..... Quel andouille je suis......
L'énigme, c'est que je veux vivre avec une femme, et que l'expérience m'a montré que je fais échouer ces relations. Je me prends la tête pour rien, et trop. Arrivera ce qui arrivera, s'il y a des moments sympa à vivre , tant mieux. Je doute trop de tout , de moi, et des autres.
Ici, je pourrais apprendre à vivre différemment. Les brésiliens sont plus ouverts à ce qui vient, tout ce qui vient. Vous parlez avec quelqu'un, arrive un troisième, il capte l'attention de votre interlocuteur, et passent à autre chose. Pas de place pour l'hésitation, le vide.

Magali, je sais pas comment te dire, mais ici, je suis tellement bien accueilli par ces deux brésiliens, frère et soeur, Anderson, et Adriana, que j'ai envie de leur donner tout ce que j'ai, et qu'ils se débrouillent avec, pour faire ce qu'ils veulent , du moment qu'ils continueraient à être sympas avec moi. Bon, je dois reconnaitre que c'est Adriana qui est très avenante, et qui me trouble par sa générosité, et sa sympathie, elle fait comme toi quand je suis venu te voir à Pertuis. Une mère.......Depuis que je suis ici, ce sont les premières personnes qui me montrent une attention particulière, alors qu'ils ne me connaissent pas du tout.....
Je ne pense même pas à la France, parce que j'en ai jamais rencontré en France.
Bien sûr , tout le monde est "intéressé". Mais eux , ce qui leur plait c'est que je les fais rêver, je crois.
Je peux arriver n'importe quand dans la "pousada" qu'ils gèrent, "voces quer um cafezinho ? ",
"fico a vontade !! " ??    vous voulez un petit café,,   faites comme chez vous.... Que je réponde ou non, le café arrive..... ça fait un an et demi maintenant que j'ai commencé à être surpris par ces brésiliens.
Est-ce moi qui change ??? ou le monde autour de moi.
J'y comprends rien  !!!!!  Ce soir , Anderson, a commencé par me demander si je serais ici pour Noel,
et pour le jour de l'an. C'est la deuxième fois qu'il me pose cette question. Il m'invite à passer les réveillons avec eux, en m'expliquant avec détails comment celà se passe ici. Adriana m'a demandé plusieurs fois si j'avais des enfants. "Oui", une fille.... " elle connait le Brésil ???  est-elle déjà venue ??"  Non, elle ne connait pas, mais elle va peut-être venir  mi-janvier. " ah , que prazer, voces vai me apresentar ella ??" Magali, tu es attendue ici, je ne sais pas pourquoi, où....... ,oui, je sais, simplement parce que ces personnes là , sont ouvertes à "la vie", à .....je ne sais comment dire ,tellement ils sont différents de moi, de ce que j'ai connu. Une fraicheur dans ce monde de brutes. Ne t'inquiètes pas Magali, je ne suis pas entré dans une secte. Bon, ce soir est une soirée particulière, sans lune.
....J'ai fait le petit travail que j'avais proposé à son frère. Une poignée en bois pour une porte qui n'en a pas. Une belle poignée en bois, la même que sur les autres portes.
Ils sont super content, moi aussi, et veulent m'inviter à déjeuner, mais ils font déjà assez pour moi, je ne veux pas. Et surtout je n'aime pas leur repas de midi.
Aujourd'hui, mardi, je viens les voir, il n'y a qu'Adriana, qui me propose "um cafezinho", comme chaque matin. Je lui dit que je n'ai aucun besoin de tout ce "matériel", un café, un bateau, l'argent, tout ça ne me sert à rien. Alors elle me dit "mais un cafezinho, è amor". Alors, ok, " eu quero um pouco de vosso amor". Et elle va me chercher le café, un plateau, une soucoupe, une tasse, le sucre.


J'ai toujours eu du mal à recevoir. Je suis toujours en attente de plus, alors ce qu'on me donne n'est pas suffisant, pas recevable........
J'en ai mare de faire des efforts, rien ne se fait tout seul, et je me sens épuisé, au bout du rouleau, m'accrocher à l'ancre et plonger, quelques secondes de douleur, et fini tout ça.
J'ai peur, j'ai bien senti aussi, l'an dernier, que je voulais vivre. Mais c'est trop difficile.
Pourtant j'ai tout ce que je veux, sauf "quelque chose". Aujourd'hui c'est une compagne qui me manque, demain ce serait .......autre chose........
J'en ai mare de devoir forcer, me torturer , pour comprendre, et pour pouvoir continuer à vivre avec un peu de plaisir. En ce moment les seuls plaisirs que j'ai, c'est de la voir me proposer un café quand j'arrive le matin. Ensuite le reste est une journée de plus, difficile, sans saveur.
Boudha dirait sûrement que pour avoir une belle journée, il faut se contenter de ce qu'on a, de ce qui vient, cesser de vouloir plus.......
Ce qui m'est apparu aujourd'hui, c'est qu' en fait, c'est moi qui ai toujours encombré mes vraies amies avec "mes désirs". Et je n'ai de ce fait, jamais été accessible à leur amitié. J'ai écrit ça, il n'y a pas très longtemps, à propos de Danielle, et je recommence........C'est moi qui ai du chemin à faire.......Car si Danielle, Anne, ou même Pascale, n'ont pas pu être des amies plus proches, c'est à cause de mon incapacité à accepter des liens, de la sympathie, de la tendresse, en dehors des désirs plus sexuels......
J'ai rêvé deux fois qu'Adriana venait me faire un baiser, elle était habillée en noir. Chaque fois, je me suis réveillé, bien sûr, et son habit noir me laisse un arrière goût "d'inconscient" qui me dirait attention "les femmes, c'est noir....comme la mort ". C'est gai, n'est-ce pas ???
C'est sûr, pour moi, les femmes, quelque part c'est "La mort", la perte, la dépendance, la folie, le vide, Et pourtant , sans femme, ou plutot sans compagne, c'est le vide aussi. On dirait qu'avec le temps qui passe, mon espace se réduit, comme si je n'avais plus d'échapatoire, d'évitement, plus de fuite possible, seulement une possibilité: "changer".
Ce soir c'est Noel, j'ai accepté , à reculons, l'invitation d'Anderson et sa soeur, à réveillonner avec eux. Cette fête est une mascarade, un mythe. D'un autre coté, c'est une fête sociale, en dehors du "christ", c'est aussi, une fête à la vie , une naissance, un moment particulier pour accepter de se sentir partie du monde des humains, avec leurs faiblesses, leur "désarroi" devant l'inconnu, ses mystères. Partir en mer était plus facile, mais celà aurait signifié quoi ??? de l'orgueil ?
Peut-être qu'il faut que je reconnaisse que j'ai besoin des autres, que sans eux, je suis aussi désarmé, l'humilité me manque.

Le temps a passé, après Noel, j'ai accueilli Sylvie, qui avait semble-t-il besoin de se poser au calme. J'appréhendais son séjour, car je craignais qu'elle montre des désirs de relations intimes, alors que je savais ne pas vouloir y répondre. Bon ça c'est bien passé. Mais ça m'a été difficile cette proximité .......C'est fait, j'ai essayé de donner un peu de gentillesse, ou d'amitié.
Le nouvel an est passé, je suis retourné à Barra Grande, Anderson est sympa, tandis qu'Adriana a montré une distance désagréable, elle gère mal, elle aussi, les désirs de l'autre qui ne lui correspondent pas. Normal....... La négociation du terrain d'Itacaré reprend, alors tout va mieux.
Je retourne à Itacaré, oublie facilement Adriana, mes conneries quoi. Je reprend un rythme plus tonique. Et surtout, là, nous sommes le 19 Janvier déjà, et je ne sens plus ma boule d'angoisse.
Il se passe quelque chose, j'ai moins de ces envies de plus, comme si j'acceptais mieux ce qui vient.
J'ai croisé Coline, et nous avons déjeuné ensemble, avec son fils Michel. C'était sympa.
Elle parle beaucoup, et entre autre de l'aspect "provoc" de sa relation avec Gab.
C'est étonnant car c'est effectivement l'impression que j'avais, qu'il y avait une part de provoc.
Je me rend compte que cette fille très belle, ne suscite plus de désir, comme la première fois que je l'ai rencontré. Je me verrais mal dans une vie compliquée, avec des enfants, pas les miens.
Faire un enfant avec une femme plus jeune reste un désir..... Mais il y a ces retrouvailles avec Magali qui pourrait être une véritable amie, qui est une amie, qui l'a été.................et le reste, ......
Je sais pas comment vivre, gérer, ces relations. J'ai encore à apprendre l'abc......
Enfin, si, je sais, il ne faut pas que je gère, ni controle, seulement vivre ce qui vient, tout recevoir, donner ce que je peux, plus de plans. Et laisser venir ce qui vient, c'est aussi laisser venir "ce que je suis" , "mes réactions", sans les présupposer, ni les prévoir, ni les controler
Mais, bon, ça va mieux en ce moment, ça avance.
Plus de boule d'angoisse, je ne suis plus gêné de déjeuner seul, d'être seul, même si je continue à éviter les situations comme diner seul le soir.........
C'est bizarre, première fois depuis 30 ans que je n'ai plus cette boule au creux du plexus.
J'ai l'impression de commencer à vivre. Peut-être parce que je me suis obligé à arrêter mon mental. Et j'y suis un peu arrivé.

C'est très idiot ce que je fais encore. Il y a 10 jours une île de végétaux a poussé le bateau et moi, hors d'Itacaré, j'ai perdu l'ancre, fut donc obligé d'aller me mettre à l'abris dans un endroit moins risqué, avec le mouillage de secours. Je vais à Barra Grande, je revois Adriana, et le film recommence. Cette manie de vouloir une relation avec des filles qui n'en veulent pas.
Est-ce que c'est toujours comme ça ?? Des filles qui voulaient une relation avec moi, comme ça, sans approche, sans séduction, j'en ai pas connu, enfin si, peut-être, mais je ne m'en apercevais pas. Là, c'est sûr qu'Adriana n'est pas sensible à mon charme. Peut-être un peu quand même, mais alors elle veut pas se laisser aller......Bon, j'y comprendrais jamais rien à ces histoires...
Peut-être que je veux pas entendre....alors j'insiste....
Marguerite ne "voulait" pas de relation : résultat trois ans, divorce, enfant abandonné.
Marianne ne voulait pas non plus . Bon elle aimait jouer avec le feu. Son mari l'a jetée. On a eu Magali, "ma fille". Bon, Magali, je l'ai voulue....
Il n'y a rien à déduire de ces réflexions. J'ai eu des relations, et je les ai toutes cassées, à part Marguerite .
Bon, j'ai aussi toujours eu l'impression que je n'étais pas capable d'engager des relations amicales. Avec Pascale, j'attendais qu'elle fasse tout , qu'elle invite, qu'elle créé du lien, pendant que je restais dans ma bulle. C'est cet aspect de ma vie qui change, j'entre en relation, difficilement, mais j'y vais un peu. Et je suis étonné de paraître intéressant pour certains.
C'est sûr que si je compare avec ma mère, on a pratiquement jamais parlé. Elle parlait avec mes "femmes", nouait des liens amicaux, prenait parti pour elles, mais moi...nada . Pourtant j'ai fait des efforts longtemps je crois.........
C'est ça qui a épuisé la relation avec Maman, j'ai plus d'énergie pour réparer des liens qui n'ont jamais bien fonctionné et je suis soulagé d'être très loin.

Le temps continue de passer, et je me décide à faire ce que j'ai en tête depuis longtemps, vivre une expérience avec l'Ayahuasca . J'ai trouvé un lieu rassurant, tenu par une psychologue, un centre entre Thérapie et Spiritualité . Voici un petit compte rendu de mon séjour en "Ayahuasca". Ce fut chargé, riche d'émotions, de découvertes. Le séjour s'est déroulé autour de séances de relaxation, avec rêve éveillé, dirigé vers une régression ayant pour but de retrouver des "instants" de traumatismes psychologiques, et des séances "Ayahuasca" consistant en l'absorption de ce breuvage particulier, en lien avec l'expression consciente d'un "souhait " lié à la régression précédente. J'espère que c'est assez clair ce que j'essaie de faire partager...?,? Nous avons vécu en tout quatre séances de deux jours chacune : Relaxation, régression, nuit, partage oral, repos, ayahuasca, nuit, partage de l'expérience.......et de nouveau........Au cours de ce stage, Je me suis aperçu que je n'avais en fait aucun souvenir personnel, réel, de l'évènement qui a perturbé ma vie depuis 50 ans. Je sais qu'à l'age de dix ans, j'ai appris que celui que je croyais être mon père , n'était que mon beau père, que ma mère avait été mariée une première fois, et que j'étais donc son premier fils, mais d'un mariage précédent. J'ai travaillé des années en thérapie sur des troubles liés à ce traumatisme, sans avoir conscience que ce que j'en disais n'étaient que des impressions, ou des images plaquées, postérieures au moment de cette découverte.
C'est donc un "trauma" qui a été bien plus violent que ce que je croyais, et que, enfant, j'ai complètement occulté.
Lors de la première séance d'ayahuasca
, j'ai d'abord reçu des images de type "hallucinations", des couleurs vives, changeantes, ressemblant un peu à des peintures abstraites, sans symbolisme accessible. J'ai essayé de faire venir volontairement mes propres images, et je n'y suis pas arrivé. J'en ai conclu que j'étais bien dans un état de conscience altéré. Durant tout ce premier essai, j'étais éveillé, conscient, je pouvais ouvrir les yeux,et voir normalement.
La deuxième séance, Nous avions fait au préalable une sorte de relaxation, avec rêve éveillé dirigé vers le souvenir d'un traumatisme ancien. Je n'étais pas très heureux de ce chemin . Je voyais de nouveau des couleurs, j'avais envie de chanter, de danser, d'être heureux, et je l'étais . J'eu un moment la sensation très claire de pouvoir envoyer des messages par la pensée. Je ne dormais pas avant cinq heures du matin.
à la troisième séance d'Ayahuasca je restais longtemps dans l'expectative, puis je vomi une heure et demi après avoir bu la mixture, et là tout à coup sont apparues des images liées à ce moment traumatique, vers mes dix ans. J'ai revu le linoléum du séjour ou on habitait, me suis souvenu qu'on l'avait changé, et il était clair que ces images étaient situées dans un temps proche du "trauma", mais je n'ai pas eu accès aux images, et aux émotions de l'instant lui même. D'autres impressions sont apparues, comme des sentiments de bien être nouveaux pour moi, de confiance accrue en la vie....etc...Il me semble aussi que j'ai retrouvé une capacité accrue à "entendre", capacité que le trauma avait réduite.
La quatrième scéance se déroula l'après midi, avec une dose faible. on étais invités à aller vivre ce moment dans la nature, faire ce qui nous plairait. Il ne se passa rien de spécial, mais j'eu le sentiment qu'"Ayahuasca", ou mon "inconscient", disait, " ça suffit maintenant le passé, il n'y a qu'à vivre". Et je suis allé retrouver les autres, en me disant, il est temps de faire comme eux, profiter de la vie, se baigner.
Je les ai rejoint dans la piscine naturelle, et j'ai nagé ........
Ce n'est que le lendemain que je me suis rendu compte que j'avais nagé sans ressentir cet essouflement qui m'accompagne depuis 40 ans chaque fois que je me baigne . Voilà , l'essentiel, pour mesurer combien cette expérience a été riche....Difficile aussi, car l'Ayahuasca fait vomir, et nettoie le corps, nous étions sous un régime végétarien, sans sel, sans sucre, sans alcool, ni médicaments, ce qui fait beaucoup de petites choses désagréables.
Le groupe était sympa, vrai, chaleureux...tous ont souffert diversement de traumatismes plus ou moins profonds............
Bon, ce retour vers un traumatisme ancien, c'est pas vraiment ce à quoi je m'attendais, mais ce fut une surprise de taille, de comprendre et sentir que j'avais été violemment perturbé au point d'en perdre la mémoire, de ne plus respirer normalement, ni entendre normalement.....et cette découverte arrive après des années de thérapies, de recherches.......
Il faut que je trouve le moyen de continuer....accéder à la mémoire de ce moment.
Je pars du centre précipitemment, car avoir passé 10 jours avec des anglophones, m'a épuisé.
Je descend à Itacaré et y passe trois jours avant de retourner au bateau qui commence à déconner, l'alternateur semble ne plus fonctionner.

J'ai pas trop envie d'y retourner, ces 10 jours en groupe ont été difficile, mais c'était bien d'être un peu entouré.....Et vivre sur le bateau ...c'est difficile à la longue. Mais j'ai choisi, je suis complètement dans cet espace "entre deux". Entre la mer et la terre, les gens ou la solitude.....Bientot un an que je vis sur le Rio das Contas, à 100m de la ville, ses lumières, et aussi à 100m de la mer, tout prêt, de l'autre coté du banc de sable. Certains moments, je le sens fortement que je suis dans cet entre deux qui m'a interrogé ailleurs, à Pourrières quand j'avais fait ce séjour avec toutes ces baies vitrées. Une envie d'être entre le dedans et le dehors. Dans la maison, et aussi dans le jardin. Je rêvais d'une maison en verre, pour ne pas sentir les murs. Ici, je suis pas à terre, et pas non plus en mer. Pas avec "les gens", pas trop loin quand même. Je vais être fin prêt pour rencontrer "les autres", j'avais beaucoup de chemin à faire. J'en ai un peu moins maintenant.......

Eh voilà, alternateur changé, retour tout content avec un bon vent vers Itacaré,
retrouver copain Marc et sa crêperie .
Ce fut une soirée bizarre.
1 ère caipirinha , Marc apprend que sa belle soeur a fini par se suicider après de nombreuses tentatives.
... Je rentre avec lui dans la crêperie, discuter et prendre une deuxième "caipi". Je laisse mon sac dehors,
pensant "pas de risque". Discute un moment de ce drame ou de cette délivrance.
Il va retourner à Rio retrouver sa femme, et la famille.....
Tout un coup "mon sac"..!!!!! plus là , envolé, merde, ma toute nouvelle carte de résident, un an d'attente, deux cartes bancaires, les clefs du bateau, le telephone........Houla là...
J'imagine déjà la galère...pendant que Marc me sert la troisième Caipi pour le moral.
Décidément ce soir, c'est pas un bon jour.
Une heure plus tard, arrivent deux filles assez jeunes, dont une excitée, sans doute sous crack, elles ramènent un de mes sacs plastiques, avec le contenu de ma sacoche, me mets ma carte d'identité sous le nez, c'est bien à vous ça.?
Elles sont assez contente d'elles ... Je retrouve tout, cartes de résident, bancaires,....tel......ça parait bizarre...comment savaient-elles que le "proprio" de ces affaires était ici....??
Elles espèrent de quoi acheter un peu d'herbe, je leur répond que je vois bien qu'elles sont sous crack.
Et puis j'ai pas d'argent, "on" m'a tout pris. Et je glisse un gros mensonge : Il y avait 400 reais (160 euros),
dans mon sac, ou sont-ils ??? Et là , c'est la pagaille, je comprends rien, mais c'est clair qu'elles se disputent dur, au sujet de ces 400 reais qui leur ont échappé. Du coup le petit doute que j'avais, est partagé par Marc .
C'est clair, ce sont elles qui ont volé le sac, ou "un" de leur bande.
Elles sont pas prêtes à partir, il faudrait un peu d'argent. Elles sont même prêtes à donner leur corps....
Tout content d'avoir retrouvé mes affaires, je vais à la banque chercher du liquide, et reviens le leur donner, en leur disant qu'elles ont de la chance, pour la première fois de ma vie ce soir, "je crois en Dieu", que je sais que c'est elle qui ont volé le sac......ça va............ "tudo bom".
Dès qu'elles ont l'argent dans les mains, elles déguerpissent......
Et voilà..... elles sont gonflées, te vole le sac, et voyant qu'elle peuvent pas en faire grand chose, elles ramènent les affaires pour se faire récompenser ...
Marc m'invite à fumer un joint , et finir la 3ème caipirinha. Je commence à avoir le sourire béat, puis vomis tout, et fini par me trainer sur un matelas que Marc a amené pas trop loin.
Sa fille et son copain veulent se coucher, moi ça y est.
Quelle soirée........
Vous voyez un peu de quoi est faite la vie des "grands aventuriers".
Heureusement que c'est pas tous les jours.
Bon je retourne finir de démonter le "Guindeau" qui ne tient plus.,
Tout se déglingue sur ce bateau....

Anne : Quelles péripéties ! Le sac c'est comme la tête il faut toujours l'avoir avec soi !

Moi
: Eh Oui, bien sûr. Tu sais, ça fait deux ans seul, à rien lâcher, et là le copain, suicide dans sa famille...Et finalement, j'ai rien perdu, et l'expérience a été enrichissante. D'abord parce que ça rappelle que malgré la tranquilité apparente, les "ladrones" sont là, un moment d'inattention en deux ans , et ça ne rate pas . Et aussi, savoir qu'ici les voleurs vont même jusqu'à te ramener les objets volés, pour gratter quelques dinheiros, ça , c'est quelque chose. Je n'ai pas encore fait le tour de ce que ça peut signifier. Déjà, ils ont vraiment besoin d'argent, c'est pas pour faire chier. Il demeure une sorte de respect peut-être........
Et puis, je ne leur ai pas fait de cadeau, je leur ai dit tout ce que j'avais à leur dire : " je vois bien, vous prenez du crack"..."Je sais que c'est vous qui m'avez volé mon sac"....Elles étaitent un peu stressées, mais elles n'ont pas bronché, elles ont tenu le coup jusqu'à ce que je leur donne 100 reais. Elles ont même proposé du sexe, là dans la salle de restaurant. Bien sûr, on a dit non. Quelque part, elles se sont humiliées, et je crois que c'est pour ça que j'ai donné beaucoup d'argent. Le copain leur avait dit 10 reais. Quand j'ai sorti deux billets de 50, elles se sont presque jeté dessus, et j'ai dû donner un billet à chacune, si non c'était la guerre. En écrivant, je me dis qu'il y a eu une vrai rencontre, certes un peu bizarre, mais pour moi, le bilan est bon et pour ellles aussi, je crois. Elles ont tenu à nous serrer la main avant de partir, un "au revoir" qui semblait dire : "ok, vous avez tout compris, vous avez été sympa, on vous respecte.....".

Quelques jours ont passé, et Natacha, qui était participante de cette retraite avec Ayahuasca, commente ma photo sur "Facebook" :   " Lovely Luc! I am glad we met! Carpe diem! "

Autant Cristina, m'a perturbé pendant cette retraite, avec un mal être qu'elle semblait ne pas vouloir reconnaitre, autant Natacha, qui avait des difficultés qu'elle nous a décrite, faisait plaisir à voir. Elle était souriante . Mais, comment dire, si Cristina inspirait du désir, Natacha inspirait une envie de rester tranquille à coté d'elle, partager un moment sans rien dire. Elle me donnait l'impression d'une compréhension réciproque, d'une sorte d'entente même silencieuse.
Son petit message me donne à penser qu'elle a peut-être ressenti la même chose, il passait quelque chose. Mais quoi ? Je ne sais pas. J'essaie de savoir en notant ce que ça n'était pas. Il n'y avait pas de désir sexuel, pas non plus une envie de parler beaucoup, quoique ne parlant pas la même langue, c'était difficile de l'envisager. Une attirance, c'est sûr..... Mais une attirance sans désir sexuel, c'est encore une nouveauté pour moi. Qu'est-ce que c'est.....??? Je crois que j'aurais eu envie de m'allonger à coté d'elle, avec un désir de la protéger, et aussi d'être protégé par elle. Allemande, parlant l'anglais, moi français balbutiant le Portugais, et un peu d'Anglais, la communication verbale était difficile. J'ai l'impression d'avoir croisé quelqu'un d'important ......
Et nous ne nous sommes pas dit grand chose.....
Ayahuasca m'aurait-il fait changer de point de vue, de niveau de conscience ...???
C'est sûr, que jusqu'à présent, mes relations avec les femmes étaient sous-tendues par du désir sexuel. J'avais beau l'enjoliver par des rêves de relation amoureuse.....la réalité .....
Après quelques échanges de messsages avec Natacha, je comprends mieux. En fait elle a vécu aussi longtemps avec une "absence d'envie de vivre", et elle a aussi failli se noyer il y a peu de temps. Je suis toujours étonné de ces "connections névrotiques" , que d'autres disent "spirituelles".

Anne envoi ces mots : " tout homme veux être heureux; mais pour parvenir à l'être, il faudrait commencer par savoir ce qu'est réellement le bonheur ".

Je crois qu'être heureux est une affaire de décision.
Avec ce qu'on est, ce qu'on a, on peut décider que le bonheur est là............. ou continuer à vouloir plus, autre chose, et alors dans le manque , on est malheureux...
J'ai eu il y a quelques semaines des moments de bonheur intense en échangeant quelques mots, un coquillage, avec une petite fille et son père.......Il me suffit de repenser à ce moment, et je retrouve une part de ce bonheur......C'est très étonnant...

Après "Ayahuasca", et cette impression, ces mots : "J'ai reçu une giffle", j'éprouve le besoin de savoir ce qu'il s'est passé réellement. Mais ça se présente mal, car je me vois mal poser ces questions à ma mère. J'ai toujours été dans une situation de culpabilité, comme si c'était moi qui était fautif de ce mensonge, de ce silence,  de ce merdier.
Mais peut-être que je suis fautif ;  car j'ai longtemps eu le sentiment, si non le souvenir, étant enfant , d'avoir décidé que ma mère ne saurait jamais le mal qu'elle m'a fait, que je ne lui montrerais rien, et qu'ainsi elle ne pourra pas tenter de réparer, ou de me consoler.
L'enfant que j'étais ne peut pas être fautif, mais qu'est-ce qui s'est passé , pour que je n'en ai aucun souvenir ?
Je demande à mon frère Serge de voir s'il peut poser la question à ma mère, car je suis loin, et je ne me sens pas de me retrouver en face, je vais me sentir coupable, et j'en ai marre.
Il ne veut pas, souhaite que je sois en paix....Qu'il aille se faire voir, j'ai pas besoin de leçons.
J'ai toujours été là pour leur rendre service, mais visiblement je peux pas lui demander ça.
La rupture définitive avec toute famille semble se profiler à l'horizon.

Le temps a passé....vingt cérémonie d'Ayahuasca, nous sommes le 19 Aout....
J'ai rencontré une Suzanna avec Hugo, il y a quelques jours.
La semaine dernière, elle vient déjeuner à casa de taipa, à Itacaré, et s'assoie à coté de moi.On parle un peu....Elle est "taoïste"...Qu'est-ce que c'est ?? Elle dit à peu près que c'est une voie de la fluidité. On est censé aller vers ce qui se pésente, mais seulement si celà nous convient.Ce n'est pas une voie de l'acceptation béate de tout....
Je lui dis que j'ai eu plaisir à parler avec elle, et que ça me ferait plaisir de parler un peu plus avec elle une autre fois.
Aujourd'hui, elle reviens déjeuner, et je déjeune avec Lupa et sa femme Christiana. Suzanna s'installe seule, et je regrette de n'être pas seul come l'autre jour.
Elle mange en dansant sur sa chaise, au son de la musique du resto.
Puis je suis seul de nouveau, et j'ai envie d'aller boire mon café avec elle. Mais je n'ose pas...J'ai l'impression qu'elle est bien comme ça, qu'elle n'a besoin de personne, ou en tout cas pas de moi.
Et puis aller la rejoindre, ça voudrais dire faire l'effort de parler un peu, et je suis las....
Je me décide à partir...Au moment de sortir, j'espère pouvoir échanger deux mots avec elle, mais au moment ou je passe à coté d'elle, elle échange quelques mots avec la serveuse...Et je n'ose la déranger. Je pars.....Et voilà, maintenant je me dis qu'une fois de plus j'évite...je ne saisi pas la vie...Je n'ai pas cette fluidité.....En fait je suis fatigué de tout ces efforts qu'il faudrait que je fasse pour "vivre"....
En fait j'ai des rêves , des espoirs trop grands, et donc je fuis toutes les situations qui ne seraient pas à la hauteur de mes attentes.....Et du coup je ne vis rien...

Le temps est passé...30 octobre 2013 ..le terrain, etc..
La solitude est là..toujours......moins pesante.....j'ai l'impression de l'accepter, et de la choisir. Je n'ai plus d'énergie pour chercher "une relation"...Nicole qui vit avec Bob, rasta insupportable, me dit qu'elle aimerait apprendre la voile, naviguer...Je n'ai même pas répondu...Peut-être est-ce que je continue à passer à coté........de ma vie...enfin...... d'une autre vie possible...
J'ai bien l'impression, effectivement, qu'il y aurait d'autres chemins possibles, si je n'étais pas comme je suis, sauvage, timide, renfermé, violent, colérique, attachant, charmant, etc...beau, moche, sensible,...

Depuis l'achat de "ma fazenda Jasmin", je suis un peu plus habitant de Itacaré. Toujours sur le fleuve, sur mon bateau, mais en face de ma terre. Toujours un peu entre deux.....La mer...Le fleuve...La rive......La mangrove.....La terre...Enfin ???   La mangrove, c'est encore un espace entre deux.....eau "salgada", à moitié salée, car pas loin de la mer, presque douce à marée basse, plus eau de mer à marée haute. D'où "la mangrove", cette terre d'eau, ou poussent les palétuviers roses ou blanc, "mangue"...manguezao..
Aujourd'hui, après midi, je rejoint Itacaré, la petite ville..ou... le grand village, où les gens se croisent en disant " Oi " ou "Tudo bom" , le "bonjour" qui en france a disparu....Hop, je descends dans ma "lanche", ma barque en aluminium, avec son moteur hyper bruyant.....et ce sera 20 minutes sur le fleuve....un petit bonheur....les bateaux que je croise....bonjour, salut de la main...je ne sais pas si je les connais....ça fait rien, ici tout le monde dit bonjour à tout le monde...
Et hop, j'arrive sur la plage de sable, qui est à la fois le port, la plage, le terrain de sport, de foot, de volley...Le dimanche c'est là que les brésiliens d'ici vont planter un parasol dans l'eau, et décortiquer crevettes, ou crabes, pour les déguster là ....au plus près de l'eau... Ce fleuve de plusieurs milliers de kilomètres.....sans doute un peu polué...???
Bref, j'arrive....jette mon ancre, et un bout qui va jusqu'au sable sec, de façon à pouvoir récupérer ma lanche à marée haute sans avoir à me baigner pour la récupérer.
C'est super...il est cinq heures et c'est le moment de la partie de "foot", de volley pour d'autres..le ciel a ces couleurs de fin d'après midi...très contrasté et pur..du vrai bleu...des nuages blancs..un reste de rayon de soleil qui donne des reflets oranges...C'est drole...Orange égale "tranquilité"...
Je suis venu pour boire ma caipirinha à la tapiocaria sur la place dos "cachoros"  (la créperie de tapioca, sur la place des chiens )....une belle place, avec de vieux et grands arbres, des bancs, les enfants qui jouent, les filles qui passent....des mecs aussi, mais bon, je vois que les filles...
Cette "tapiocaria", c'est un de mes endroits préférés....ils font un genre de crèpe à base de tapioca, avec crevettes, olives, champignons....un régal...et la tapioca N° 204 "banana e chocolate"..
Ce soir , seulement une caipirinha  ( cachaça , citron, menthe, sucre, glace) un délice...Un moment tranquille pour lire.......La nuit arrive très tot ici, vers 18h30....Alors je reprends le chemin d'eau, sur le fleuve, pour retrouver le bateau à trois kilomètres....20 minutes de navigation sur le fleuve , dans le noir complet, pas de lumières sur les rives, parfois un canoé allume, inquiet, une lampe pour signaler sa position.....un grand calme sur le fleuve..les étoiles....une lumière au loin....je sais qui c'est....mais à part ça...rien..la vie est là pourtant..tapie dans l'obscurité...car je les connais...des familles vivent là, le long du fleuve, sans électricité, sans lumière, à 19h c'est une sorte de "couvre feu". Enfin j'aperçois le feu de mouillage de mon bateau, ma maison, ma carapace de tortue, ma coquille d'arapède........qui s'accroche à cette "eau"..cette "terre"...j'y arrive....

Ce Miguel m'emmerde, avec ses attitudes serviles, ses demi mensonges, ses bizarreries...
8 Novembre, déjà une semaine que Miguel et Dora ont fermé le restau. Ils m'avaient promis de m'obtenir les droits de passage, et après de nombreux atermoiements, ils finissent par me remettre un papier du voisin...Je cours au Forum (palais de justice) pour authentifier la signature, et celà n'est pas possible, car ce n'est pas la même que celle enregistrée...Je leur signifie une fois de plus que ce n'est pas correct...ça gueule....Sur ce, ils décident de ne plus faire la gestion du restau...Miguel serait malade....Je ne les ai plus aperçus depuis une semaine.
J'avais un peu peur de cette éventualité, et finalement je suis content de pouvoir m'approprier cette terre, un peu plus tranquillement, et seul. Je m'arrête parfois de marcher, et j'écoute les oiseaux chanter......
J'ai un ouvrier agricole. Wippie, le fils adoptif de Miguel, me l'a amené. Il va débroussailler le futur chemin d'accès. 18 jours pour nettoyer 700 m de chemin, sur 6m de large, un sacré boulot.
Il s'appelle "Cosme", et semble très sympa. A la fin du deuxième jour de travail, je lui demande si tout va bien...Il me répond : "Belezza pura"  ou " Pur beauté", "grand plaisir"....Il est content de travailler pour moi.
C'est un plaisir d'avoir ce gars là de mon coté. Il a le sourire, il arrive le matin avec sa femme.
Il coupe toute la journée....semble comprendre ce que je lui dis...
Quand à Wippie, il est bien plus sensible et intelligent que ce qu'en dit Miguel.
Je continue ce chemin qui semble s'imposer à moi...


 

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