L'Aïr et le Ténéré au Niger

par le Mali et le Burkina

 

Le séjour a été superbe sur le plan visuel,c'est fantastique
   
   
   
   
   

De retour du Niger après un petit tour dans l'aïr et le Ténéré,pays des Touaregs,j'ai quelques etats d'ames à vous confier.Les contacts avec certains touarègs ont été très difficiles.Mais avant d'exprimer mes impressions de voyage, j'ai réuni ici quelques textes sur le peuple touarèg ;

« la société touarègue est hiérarchisée : du sommet à la base, elle comporte une aristocratie guerrière, des vassaux, des religieux à titre collectif,des artisans et un groupe servile,lui-même divisé en divers niveaux selon son origine. Chaque « confédération » est composé de ces différentes strates, avec à sa tête un chef supérieur (amenokal).les Touaregs ou Kel tamashek (ceux qui parlent le"tamashek") représentent à peu près 12 % de la population du Niger. Ils étaient jadis un peuple nomade qui est en train de se sédentariser aujourd'hui; ils sont également les plus grands esclavagistes de ce pays. Les Kel tamashek ont la société la plus stratifiée du Niger. Jadis ils étaient un peuple guerrier, dont la division sociale était très respectée.La noblesse chez les Kel tamasheks s'acquiert par le bout de l'épée dans certains cas,sinon la non noblesse ne signifie pas forcément être un homme de caste.les forgerons, les potiers, les cordonniers de teint noir sont des non nobles supérieurs qui ne vont pas en guerre, et sont rarement pris comme butin.Par contre les Imighads blancs et les Igoran noirs sont de non nobles supérieures, mais vont en guerre.Tous ces sous groupes peuvent recevoir des esclaves comme cadeau ou butin de guerre de la part des nobles ou contre des services rendus à ces derniers."

« les Touaregs sont organisés en huit entités politiques que l'administration coloniale française baptisa confédération, terme toujours utilisé.constitué d'un ensemble de tribus, chaque confédération est identifiée par le nom du territoire dont elle a le contrôle et dans lequel les populations nomadisent.ses confédérations sont loin de présenter un front uni. Alors que certains chercheurs privilégient la thèse de l'unité du monde touarèg, les autres constatent, au contraire, son morcellement en ensembles concurrents. Les matériaux historiques disponibles montrent en effet que la rivalité est une donnée fondamentale des relations entre confédération. Au sein des tribus (avant les récents bouleversements induits par la colonisation, la modernité et la sédentarisation forcée), chaque individu occupe un rang social précis : noble, lettrès, hommes libres vassaux, artisans, esclaves libérés, esclaves.A cela s'ajoute une dimension ethnique, en raison de l'existence de Touaregs "à la peau blanche", aux statuts sociaux élevés, et de Touaregs "à la peau noire", descendant d'esclaves. »

Les cinq voyages que j'ai fait en Afrique de l'Ouest ,
m'ont fait ressentir un profond respect,
pour tous ces peuples de la brousse
,«TouaregsBéla,Haoussas,Dioulas,Bobos,
Peuls,Bozos,Djerma,Songhai,Kanouri,etc.....»
qu'on peut voir marcher dans toute l'Afrique de l'Ouest ,la tête haute, à la suite de leurs troupeaux, ou allant à vélo sur des pistes interminablement monotones.
Ils travaillent le fer, le cuir, le bois, les végétaux où la terre, portant l'eau, la lessive, le bois, la paille.

Images de la vie quotidienne ,Niger,Burkina,Mali

     
     
     
     
     
     
     
     
     
   
   

De ces quelques jours passés à Agadez et dans l'Aïr, je voudrais dire ce que j'ai vu et qui sautait aux yeux sans être spécialiste. Il y a effectivement des Touaregs au teint clair (ou « blancs»), des Touaregs d'origine noire et des métis.Je n'ai pas perçu en détail les appartenances à des castes inférieures, ou à la noblesse, mais j'ai très clairement senti des différences sociales entre des Touaregs blancs, de qui émanait l'expression d'une position dominante, et les autres Touaregs noirs ou métis qui avaient avec eux des attitudes exprimant une certaine infériorité, voire de la soumission.

Les Touaregs blancs que j'ai rencontrés dans les agences,et les guides , se sont montrés très enjoleurs, malins, etc.... (Passer par une agence et un guide est rendu obligatoire par la direction du tourisme d'Agadez, pour circuler dans l'Aïr ).

J'ai tout d'abord passé quelques jours avec un touareg blanc de la région d'In-gall.Celui-ci a tenté de me faire croire que« l'Aïr» c'était« Ingall»; qui est en fait un village installé sur un plateau aride ou "reg" au beau milieu d'une plaine sans aucun relief ni intérêt particulier.Il m'exppliqua qu'il y avait beaucoup de problèmes à Agadez et que,lui, ne pouvaient pas y aller car les groupements touaregs se partagent des lieux et ne peuvent empiéter sur le territoire de leurs rivaux. De quoi vivait-il ? Il avait des esclaves ou du moins sa famille en avait.Les esclaves s'occupaient de son bétail.Incrédule, je lui demandais de préciser ce qu'il voulait dire par "esclaves".« ce sont des gens qui travaillent pour moi », me dit-il. J'essayais de lui faire préciser ce que cela signifiait, en lui demandant : « si un esclave veut s'en aller qu'est-ce que tu fais ? ». « Mais ils n'ont pas envie de s'en aller». Ah bon ! mais si un esclave s'échappe tout de même ?

«je le rattrape et je le bats jusqu'à ce qu'il n'ai plus envie de s'en aller»

C'était très clair, si l'esclavage a été aboli dans la constitution du Niger, il persistait dans l'esprit et la réalité de ce touarèg.

Par la suite, j'ai fait affaire à Agadez, pour mon périple dans le massif de l'aïr et le Ténéré, avec une agence « caravane » et un certain guide touareg blanc prénommé « Omar ». Après quelques palabres, nous sommes tombés d'accord sur le circuit à faire et les conditions matérielles et financières.Mais dès que j'ai eu versé l'acompte, le contrat a immédiatement été remis en cause et le guide touarèg m'a fait du chantage pendant tout le circuit: « si tu ne paie pas plus tu ne vas pas faire un voyage intéressant». J'ai dû céder pour parvenir à suivre le circuit prévu au départ.Le guide, avec qui j'ai passé une semaine, a eu avec les touarègs des campements que nous avons traversés, des attitudes essentiellement dominatrices. Sur un ton sec et cassant, dès chaque arrivée dans un lieu il ordonnait à l'un de couper du bois, de faire le feu, à l'autre de préparer le pain, le repas.Alors que son travail consistait justement à prendre en charge les repas, tandis que tout au long de la journée, je conduisais mon véhicule.Partout il arrivait en seigneur et se faisait servir.Ainsi, j'ai pu constater, que la société touarèg, qui dans le passé avait pour principale caractéristique d'être schématiquement divisé, (un peu comme en Europe du Moyen Âge), en seigneurs et esclaves, avait pu se maintenir en l'état.Je dis volontiers aujourd'hui qu'il me paraît difficile d'évoquer un peuple touareg en tant qu'entité homogène ; il semble qu'il existe toujours, comme dans le passé, d'une part une classe de touarègs blancs dominante et un peuple qu'on dit touarèg mais que j'ai senti plus proche des autres ethnies d'Afrique de l'Ouest ,qui se consacre à l'élevage ,à l'agriculture et aux différents métiers artisanaux.

les Touaregs blancs que j'ai rencontrés parlent d'ailleurs assez facilement de leur pratique encore actuelle de l'esclavage. j'ai pu constater les tons méprisants et autoritaires que les Touaregs blancs utilisaient avec les noirs.A la fin du voyage, après avoir payé le sûrplus exigé par le guide, j'ai essayé de lui faire reconnaître que le contrat de départ n'avait pas été respecté.La discussion a duré une bonne demi-heure, au cours de laquelle, j'ai eu l'impression que pour lui tout ce qui avait été convenu en premier lieu, n'avait jamais existé.Il n'a pas été le seul à me donner cette impression.

Je suis aujourd'hui tenté de rapprocher les pratiques mensongères et perverses de ces deux touaregs, de leurs traditions ancestrales de pillages et de parasitismes sur le dos des anciens nomades et de leurs esclaves noirs.il paraît par ailleurs que l'écriture touarègue ou « Tifinag »ne peut être phonétisée.il me semble que l'on pourrait établir un lien de cause à effet entre la persistance d'une parole facilement ambivalente et l'impossibilité à la traduire par une écriture phonétisable. L'écriture a un caractère permanent qui s'oppose à la parole volage.

De retour à Agadez, j'ai appris que deux touristes femmes qui voyagaient dans l'aïr avec une agence ont été agressées et détroussées par des Touaregs, fin novembre 2004.Tous les contacts que j'ai eu dans l'Aïr et les informations recueillies ici et là m'incitent à penser que ce sont des touarègs qui, se disputant les touristes, agressent les clients des agences de voyages qu'ils ne contrôlent pas.Dans l'aïr, on peut voir des touarègs rebels, des repentis et ceux enrôlés dans la police d'état, se pavaner ensemble, certains d'ailleurs au volant de superbe 4 x4 de l'ONU.Il faut savoir que la communauté touarèg a reçu un soutien très appuyé de la France à la suite de la rébellion qui a eu lieu dans les années 90.ce soutien n'avait d'autre objectif que de protéger les intérêts de la France qui bénéficie de la totalité de l'uranium extrait dans la mine d'Arlit.Cette mine avait été la cible de la rébellion. Et c'est précisément en espérant se soutient que les rebelles attaquaient cette mine qui par ailleurs été convoité par les Libyens. On peut regretter une fois de plus que nos politiciens n'aient pas plus de sens éthique et de rigueur: car en effet malgré l'aide de la communauté internationale, les Touaregs blancs (ceux qui semblent avoir du pouvoir) continuent d'attaquer les touristes avec peut-être la complicité des anciens rebels Touaregs dont le gouvernement français a imposé qu'ils soient intégrés dans les différents corps d'état de l'armée nigérienne,de la police et de la sûreté nationale.bref, un sacré panier de crabes.

Bien sûr, penserez-vous je suis un peu excessif. Il reste à espérer que le peuple touarèg laborieux de la brousse parviennent un jour à se débarrasser du joug de la classe dominante des touarègs blanc !ce serait en fait la disparition de « l'ethnie touarègue » dans ce qu'elle a de plus particulier, et ancestral.


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