A part ça , à terre, le quartier serait dangereux, d'ailleurs on entends dans l'après midi des policiers
qui tirent en l'air pour faire partir des jeunes qui s'amusent dangereusement à plonger dans le fleuve ??????
A la pompe à essence, c'est un français qui nous accueille, et nous donne tout un tas d'informations ,
adresse de la police fédérale, capitainerie, super marché, etc ....on a beaucoup de chance d'être arrivé là,
car cette " marina pour deux bateau" est gardée, et ça parait important ici.
Un petit tour dans le coin nous confirme que le quartier n'est pas " top ".
Après avoir fait quelques courses, on fait connaissance avec l'équipe de " la capitania dos portos ",
qui m'invite à venir faire la clearance Lundi. Et là, après la capitania dos portos, à la douane,
mauvaise nouvelle, le décret de 2006, qui permettait à un bateau étranger de rester deux ans au Brésil,
a été abrogé et remplacé par un décret de 2009 qui prévoit 90 jours renouvelable une fois,
soit un séjour maximum de Six mois. Juste le temps de faire toute la côte sans trop trainer.
Bon, heureusement j'ai âprement négocié à la baisse la valeur déclarée du bateau, car elle sert à
l'établissement de l'amende en cas de non respect de la loi. Alors, deux mois plus tard, cette histoire
de loi et de permanence d'un bateau au Brésil, c'est pas très clair. Certains états font toujours
référence à la loi de 2006, d'autres non, et ça change même d'une ville à l'autre.
De toute façon ce qui est clair, c'est que ces textes ne concernent que les touristes étrangers,
et les brésiliens vivant à l'étranger. Pour un étranger,résident au brésil, l'importation semble
impossible, sauf à trouver une voie de traverse. Bref, du coup, il faudrait que j'accélère un peu,
si je veux trouver une solution administrative à Salvador da Bahia. C'est une cata cette nouvelle,
difficile à digérer. En attendant, mes équipiers s'en vont vers le Pérou, on s'embrasse,
et " à bientot, bonne chance". ça m'inquiète de me retrouver à naviguer seul, et en même temps,
j'aspire à me retrouver seul, tranquille chez moi, sur mon bateau, sans étrangers "étranges".
Cette région est étonnante, des bras de fleuves partout, des barques, des maisons au bord de
l'eau, ou des hangars, ou encore de vieux boats qui servent de maison. Et il pleut tous les jours,
des trombes en 10 minutes, et aussitot le ciel bleu.
Pour ceux qui voudraient faire une entrée de bateau à Belem, il faut dans l'ordre:
( renseignements datés du 9 Avril 2012 )
- Faire l'entrée, et obtenir le "pass de entrada" au Brésil, auprès d'un bureau spécial de la police
fédérale qui se trouve dans les docks," portao 10".
On peut obtenir en même temps le "pass de saida", pour sortir de l'état. Le brésil étant une
fédération, on est sensé faire entrée et sortie dans chaque état.
- Ensuite aller à un bureau de "la receita fédéral", même docks, "portao 15". Là on doit vous
remettre un document "termo de responsabilidade", qui semble vouloir dire que vous êtes bien
au courant de l'obligation de sortir du pays, si non vous aurez à payer une amende calculée sur
la valeur du bateau. Je pense qu'il faut négocier à la baisse la valeur déclarée du bateau.
J'ai commencé à 7000 dollars, le chef au loin a rigolé, et a dit 40000, puis j' ai vu le chef du chef
précédent qui a accepté 15000 euros, Deux jours de négociation.
- Enfin, aller à la Capitania dos portos, 575 rua Gaspar Viana, c'est pas très loin des docks à pied,
et voir Mr Juberto, qui va faire lui aussi des papiers d"entrée.
(quatre mois plus tard, j'en sais plus : contactez moi par email si besoin.)
Un jour de plus de repos et je repars vers Sao Luis, puis Fortaleza.
La sortie du Para se fait en deux fois, un mouillage intermédiaire sur le rio. Ensuite je file vers
Sao Luis, en me disant que je trouverais un mouillage. Ici, j'arrive à jouer avec un vent ENE,
et la marée descendante qui permet d'avancer. à marée montante je suis obligé de tirer un bord
de NordE, au moteur. C'est pas marrant, la nav devient difficile, cinq à sept grains par jours,
vent capricieux, et pour couronner le tout, il n'y a pas de mouillage protégé possible.
Donc je jette l'ancre devant la côte, dont les hauts fonds empêche de s'approcher, obligé de
garder un bout de genois, une mise à la cape, avec ancre. ça roule quand même, mais je dors tranquille.
Ce sera le dernier mouillage comme ça. Je m'habitue finalement à dormir en "roulant", radar,
alarme de vent, de sonde, et via, j'espère que les pêcheurs font attention la nuit. J'arrive à
Sao Luis, ou j'espère pouvoir aller à terre, avoir un peu internet. L'arrivée de nuit est longue,
plein de lumières et le radar qui m'indique des obstacles que je ne vois pas. En fait le lieu
vers lequel je me dirige, pensant y faire un mouillage, c'est le lieu d'attente des cargos,
d'où les lumières, et les indications du radar. Je traverse le champ de cargo; c'est assez irréel
comme situation, petit voilier, frolant ces grands géants de ferrailles;et vais jeter l'ancre,
un peu au hasard, dans sept mètres d'eau, près de la côte. Le lendemain je me réveille dans un
coin sympa, des petites maisons et immeubles, de la banlieue. Je décide de chercher un accès
près de la ville, impossible, je continue vers le port de commerce, qui est un terminal de
chargement des cargos, rien d'accessible. Je fais un deuxième mouillage un peu plus loin dans
la campagne, mangrove en bordure. Sao Luis, ce sera de loin.
De nouveau en mer, au moteur, pour sortir de cet estuaire autour de l'Ile do Maranhao.
Tant que la marée descend, ça avance assez vite, 8 Noeuds par moment, ensuite une galère pour
vraiment quitter cet immense estuaire, vent contraire, et marée aussi, obligé de reprendre
au moteur quand la marée monte. Il me faudra quatre jour de ce régime pour rejoindre Fortaleza,
alternant moteur et voile, toujours au près, et pas d'arrêt possible. J'ai encore essayé de
m'approcher de la côte, toujours des hauts fonds, des rouleaux à trois mètres de fond, et là
je peux pas aller plus loin, car les cartes ne donnent pas assez de précisions.
Un grand point positif dans tout ça, depuis la sortie du Para, j'ai retrouvé une eau claire,
la mer bleue normale, "marron", elle était un peu triste. Et aussi, autre évènement, petit à petit,
cette sorte de léger mal de mer, a disparu, plus d'étourdissement, je prends plus de "mer calme"
depuis Belem. Je peux même descendre faire la cuisine sans être mal à l'aise, rester longtemps
à la table à carte. Du coup je réinvesti le carré en navigation. Je me surprends même à m'y mettre
à l'abrits quand j'en ai marre de me faire tremper.
La nuit, toujours beaucoup de pêcheurs (j'en ai pas encore coupé en deux), puis une plateforme
pétrolière bien signalée, et enfin, la grande plage de Fortaleza, 15 miles de sable, un petit désert,
puis la banlieue, et la ville avec ses enfilades d'immeubles colorés.
Je vais directement à la marina qui se trouve devant l'hotel " Marina Park ", le mouillage
gratuit du yacht club étant déconseillé pour cause de violence. Je croise ici un "Capt'ain" qui s'est
fait braquer, et dévalisé. Bon d'accord, c'était pas des bobards.
Un seul ponton, l'électricité, l'eau, la piscine et les douches de l'hotel, le snack bar, des plantes,
des fleurs, des oiseaux, sympa,
un peu cher, un dollar le pied. Pour 35 pieds, 65 reais, soit 28 €.
Le plus cher que j'ai vu depuis cinq mois. Pas d'internet, pas de pompe pour le gas-oil, isolé dans un
quartier qui craind, obligé de prendre le taxi, pour internet ( si non à l'hotel, 10 € l'heure d'internet),
pour les courses, pour les formalités, les restaurants.
Je vais rester le moins longtemps possible, le temps de me reposer, car je suis à plat.
Un petit retour sur ce qu'il peut se passer en mer, cet espace de solitude recherchée:
Depuis toujours, je ne jette jamais rien par terre, dans la nature, ou le désert, ou la mer.
Par contre un papier en ville, ça je m'en prive pas. Pendant ces navigations, j'ai tout à coup vu
des équipiers qui jetaient une bouteille en verre à la mer, et j'ai sursauté, « Oh là »,
on est ou là !!!! Ces jeunes, même ça ils détaillent. Moi j'ai une sorte de position de principe,
eux raisonnent, par exemple, le verre, c'est un élément neutre, non polluant, surtout par 1000 ou
2000m de fond, alors, disent-ils, on peut s'autoriser à le jeter dans l'eau. Bien sur, pas comparable
avec les bidons de déchets radioactifs jetés au milieu de l'atlantique ??? Pas comparable, mais je peux pas.
Enfin cette question a dû faire son chemin, car, l'autre jour entre Sao Luis et Fortaleza, j'allais
jeter à la poubelle un pot de crème vidé, et je me suis dit, pourquoi à la poubelle, autant le jeter à la mer ???
Ce que je ne fais jamais, et là................tout à coup.............une pensée :« tu vas te faire gronder » et puis
le sentiment profond d'une « culpabilité » gravée en moi. Encore une « nouveauté », cette sensation d'avoir
atteint un recoin enfouit, et aussi très dense, au point de pouvoir le toucher. Ce « sentiment de culpabilité »,
c'est ce qui fait que je ne jette pas mes ordures à la mer ou dans le désert. Ce n'est pas à la suite d'une
mure réflexion, mais plutôt, et c'est ce qui émerge brutalement à ma conscience, la peur de faire
quelque chose, que la nature, « dieu » en quelque sorte, me ferait payer cher, par une punition.......
L'autre jour, j'ai perdu la casquette que ma fille m'avait offerte pour mon anniversaire; une casquette
de marin, très belle, elle est tombée à l'eau, et je n'ai rien pu faire. Skokian avançait tranquillement,
et je l'ai vue s'enfoncer dans l'eau, et disparaître. J'avais la larme à l’œil, j'avais mis du temps à
m'y habituer, j'avais peur de la perdre, et puis je me disais à quoi ça sert de la garder, si je la met jamais.
Et voilà, je l'ai mise, ça me faisait plaisir de penser à ma fille en la mettant, et bien, perdue, bêtement.
J'ai eu l'impression d'un mauvais présage, et cette pensée m'a envahi tout à coup. Si je perds quelque
chose, il va m'arriver quelque chose, c'est mauvais signe. Toutes ces impressions m'étonnent par leur
nouveauté, leur arrivée soudaine les rendent étranges à mes yeux. En effet, je n'ai jamais raisonné en
terme de « mauvais présage ». Même si je me suis intéressé à l'astrologie, j'ai toujours été très
rationnel. Et je me suis intéressé aussi à la psychologie, j'ai suivie une psychothérapie près de cinq ans.
Mais ce qui émerge là, semble être les ressorts inconscients qui m'animent et que je découvre soudain,
au détour d'un chemin, d'une vague, et qui apparaissent sous forme de.....je ne sais comment dire ça,
une "image pensée". Une pensée qui s'impose à l'esprit, et ne laisse aucune place au control, juste le temps
de la percevoir. Et ces pensées ont une présence, une densité, peut-être comparable à ce que disent ceux
qui prennent certaines drogues.
La minute "psy" est terminée.
Fortaleza fut le lieu d'un autre évènement, mon lecteur de cd qui s'était arrêté de fonctionner après
avoir reçu une vague dans le mange disque, a accepté de lire à nouveau des cd, Du coup je réécoute
mes vieux disques, et je me sens vraiment dans la peau d'un vieux, solitaire, qui boit son wisky et écoute
"que serais-je sans toi ? " . Rien, sans toi, je ne suis rien.....ça c'était avant. Maintenant, depuis que je vis
en suivant mes rêves, je vais seul au restau, et ça ne me gêne plus. Je suis en train de devenir ce que
je craignais, cette caricature qu'on voyait dans les films d'aventure américains des années 70, ou le vieux
baroudeur, au bout du roulot devenait le poivrot d'un village du bout du monde, ou sur un vieux raffiot
continuait à écluser du rhum blanc en racontant des histoires incroyables.
Et maintenant c'est depuis Natal, que je pourrais raconter des histoires.....Eh bien on me l'avait dit,
ce sera dur, de Fortaleza à Natal. J'avais donc opté pour un détour par les Iles de Fernando do Noronha,
et bien , après deux jours à tirer des bords à 140°,
j'ai renoncé à ce détour par les Iles, et obligé de mettre le moteur pour faire des caps au près un peu
plus performants, et finalement terminer par 36 heures de moteur pour aller direct à Natal;
cinq jours en tout pour un chemin effectif de 350 miles. Infernal, cette nav, impossible de trouver un
biais pour y arriver. Enfin, si, j'aurais pu faire tout à la voile, si apprès trois jours d'approche au large,
je m'étais résigné à tirer un bord vers les Iles et revenir direct vers Joao Pessoa, ce qui faisait
400 miles de plus de navigation au près..Trop fatigué par ces cinq mois de baroud, j'ai opté pour le moteur.
Mais même ça, c'est une galère. Jusqu'à présent j'avais fait du moteur en France, quand j'avais pas de vent,
tranquille. Mais là, 36 heures bout au vent avec 15 Noeuds, ça tape d'une violence sur la coque, à chaque
mauvaise vague, j'ai l'impression que Skokiaan va se disloquer.
Enfin, nous voici sur la côte Est, Natal, on passe sous un pont immense, devant une grande ville,
avec ses immeubles façon New York, agglutinés, et entourés d'eau. Le " Iate Clube do Natal " est petit.
Un ponton, pas de pompe à essence, juste un mouillage possible, et un restaurant très sympa devant
le fleuve. Un gars me gueule dessus de loin, je comprends que le mouillage c'est pas "là", mais à coté, "ici".
J'éxécute ses volontés. Mais qu'est-ce que c'est désagréable de se faire gueuler dessus quand on arrive
tout content, mais épuisé par cinq jours de mer, bref, je sors l'annexe, le moteur ne démarre pas,
j'ai oublié de vider le carburateur la dernière fois à Belem. Je démonte la vis de purge, et la perds
dans le fleuve. Et voilà, plus de moteur d'annexe, mais les rames. C'était trop beau d'avoir passé ce
fichu "Cabo Calcanhar" , le cap le plus à l'Est du Brésil, et surtout l'endroit ou le courant de Guyane
vers le NO, va enfin disparaitre, et les vents changer petit à petit de direction.
Me voilà puni, obligé de ramer pour aller boire une bière et manger un vrai repas au resto du Iate Clube.
Super , Camarao à la Bahianaise. Pour le gas oil, il faut faire venir la remorque du pompiste,
on verra demain. Décidément, les ports de plaisance sont particulièrement absents de cette partie
du Brésil. C'est une grande déception, et ça rend la navigation plus difficile, longue, et sans les petits
plaisirs du partage avec des voileux de passage.
Lendemain, je vais chercher deux bidons de fuel en taxi, et hop , via vers Jacaré, ou je dois livrer des
caisses pour un certain "Philippe" qui a une marina. J'espère me poser un peu, vraiment.
En mer, ça n'a pas changé, la direction du vent ne permet pas un bord direct vers Joao Pessoa,
Je tente un bord de 15 miles au large
, puis essaie un bord dans la bonne direction: 25 miles pour en
faire 10 de réels. Plus tard je fais un bord au moteur et voile, et trouve enfin un angle vers ma destination.
Le courant, et la marée ont changé, je n'ai pas les mêmes effets qu'avant le cap.
Mais ce n'est pas plus facile pour autant. Je me fais tremper, et suis de plus en plus tenté de rester à
l'intérieur du carré......................................................................................................................................
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25 Mai 2012, me voici enfin à Itacaré, il était temps, je me sentais un peu épuisé. Un peu d'angoisse, car l'entrée
dans le rio das Contas est "limite", au nord des hauts fonds, et au sud les rochers du phare.
Mais, bon, et c'est bien ça qui est super chez les brésiliens, le peuple, (pas le brésil qu'on montre aux infos)
et bien, j'étais arrivé près du phare, je m'avançais doucement pour voir comment ça se présentais, et un bateau
viens vers moi pour me dire d'attendre que la marée
monte un peu. Puis il revient pour me proposer de me guider.
Je le suis, et effectivement la passe est
étroite ,je le vois au sondeur.
Il me montre un endroit pour jeter l'ancre en attendant.
Puis reviens encore pour me faire entrer par le canal vers un endroit plus abrité, et avec plus de fond.
En France, vous arrivez dans un port, personne ne vous voit, encore moins vous aide à l'amarrage, et vous payez cher.
........................................................La Suite: Tribulations d'un Fada Au Brésil...........................????????????????