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Des Antilles au Brésil
 

La Transat finie, je continue vers le Brésil. Jimmy Cornel, le célèbre navigateur, dit qu'on peut descendre la cote vers le Sud en partant de Trinidad. La solution consiste à longer la côte à distance de 30 à 50 miles pour éviter le courant qui remonte vers les Caraïbes et qui s'établie au delà du plateau continental.
Pour l'instant, vu les vents qui sont en majorité ENE, j'ai l'impression que si je longe la côte, je vais être souvent au près serré, et ça risque d'être trop difficile. Alors , peut-être qu'il sera possible de tracer directement de La Martinique vers La Guyane Française, en passant par La Barbade. On aura une allure Bon plein avec un peu de chance, et en traversant le courant en biais, il ne sera peut-être pas trop gênant.
On a rien a perdre à essayer; si ça marche pas on abattra un peu, jusqu'à ce que ça passe.
Mes futurs équipiers sont toujours en attente, et moi aussi, j'attends les livres que j'ai commandé par internet.
Je viens seulement de recevoir le guide "Vagnon" pour le Brésil, et j'attends les instructions nautiques.
Nous sommes le 5 Mars, déjà 15 jours ici, au Marin, Martinique
Le 7 Mars, je viens de recevoir les instructions nautiques "Amérique du Sud".
J'ai reçu une nouvelle demande d'équipiers ...
Et aussi, j'ai appris ce qu'était cette chose, cet animal flottant que nous avons croisé si souvent depuis Agadir, et qui ici, flotte sur un paquet d'algues à la dérive.

Sur l'eau, on voit une bulle, un peu comme un ballon en fine pellicule plastique, avec une crête qui flotte au vent, et donne l'impression que cette chose remonte au vent comme un voilier. En regardant de plus près, on aperçoit en transparence, à travers, des tentacules, un corps, sous l'eau. C'est bien ce qu'on a un peu supposé: une méduse. J'en sais pas plus.
Mais si vous avez un internet facile, à la maison, peut-être pourriez vous trouver mieux ce que c'est, des détails ???????
En attendant c'est assez beau, et on a passé quelques heures à les voir faire leur chemin en plein milieu de l'océan, on a espéré que l'une d'elles passe assez prêt pour l'attraper avec l'épuisette.
Maintenant que je sais que c'est une méduse, je me dis qu'on a eu de la chance de ne pas réussir à l'attraper.
Et voici ce qu'en dit un navigateur:
"Parfois appelée la vélette, la vélelle ressemble à une méduse flottante. En réalité, et ce qui est fascinant, c’est qu’elle est composée par une colonie d’organismes (cnidaires hydraires), comme les coraux, habitant un support cartilagineux. Plus fascinant encore, cette société, non contente de se fixer aux fonds marins, ni de voyager avec les courants, se laisse porter par le vent, à la surface ! La morphologie de la colonie soulève alors quelques questions : cette voile en diagonale de l’animal (travers), parfois plane, peut aussi être creuse, voire en S  : ces formes ont-elles des rôles particuliers ? Et ces tentacules urticants, ont-ils un rôle dans la navigation ? Dérive, gouverne, stabilité, aviron !? Extrapolations de marin bien sûr, mais pourquoi pas ?
Toujours est-il que cette créature primitive qui combine structure « sociale » et marche à la voile mérite de l’intérêt…
"
C'est effectivement une créature fascinante, par sa couleur rose, mauve, sa transparence, et son apparition autant près des côtes, qu'au milieu de l'océan, dérivant au gré des vents et des courants ?????
Mes futurs équipiers n'étaient pas au rendez-vous de 10h. Un sms pour me proposer un Rdv vers 11h. ça fait un problème ? demandent-ils ? Je réfléchis deux secondes et je me lâche un peu; Oui, j'aime pas ça, je suis pas à votre disposition. Ensuite, lui est particulièrement "crade", sale, pu la transpiration. Je me demande comment elle fait sa nana, pour s'en approcher. Ils viennent sur le bateau, il insiste lourdement pour "tester mon comportement en mer". Il veut passer une semaine vers les Grenadines. Il n'entend pas que je veux tracer direct, vers la Guyane Française. Je pensais visiter un peu, et finalement non, j'ai pas envie de traîner.
J'ai envie d'être au Brésil. Cette descente le long des cotes semble poser problème, faire du près longtemps, les risques d'abordages par des pirates, J'aimerais être déjà au Brésil. Finalement, je les rappelle le lendemain pour leur dire: "Non, je vais pas vous emmener, on va pas s'entendre". Je fais un pas de plus vers "l'autonomie", ou la "solitude". Je sais pas encore.
Finalement, César, qui était sur "Philozef", une goélette menée par Clément, Fred, et Quentin ; donc César, et sa copine viennent avec moi, jusqu'à Belem je suppose. Ensuite ils veulent remonter vers le Pérou par l'Amazone.
C'est un groupe de gars bien sympas que j'avais croisé à Las Palmas. Ils ont battu un record, 39 jours pour traverser ; je suis parti après eux, j'ai fait un détour par le Cabo Verde, et je suis arrivé ici, une semaine avant eux. ils ont cassé l'étai, deux fois, subi une prise d'eau ......
Enfin, nous sommes prêts à partir demain. On verra comment traverser ce courant de Guyane, et aller contre.
C'est un peu difficile, chaque fois, de reprendre la mer après une pause trop longue, et aussi de nouveaux équipiers, faire le point de ce qu'ils savent, ou non ......???
Nous sommes prêts pour partir vers La Guyane. On décolle Vendredi 16 Mars, direction Sainte Lucie, pour faire une petite nav d'une journée, de façon à ce que César et Marina aient le temps de s'amariner un peu. On arrive vers 15h au mouillage de Marigot Bay, une marina grand luxe pour Yacht et voiliers, et un mouillage à l'entrée, assez sympa comme endroit, bien protégé.

On repart le lendemain pour La Barbade, ou on arrive après avoir fait le tour de Ste Lucie par le nord, une nuit et deux jours. Mouillage sans intérêt dans la baie de Bridgetown.
La nouvelle équipe fonctionne bien, César et Marina sont sympas. Marina a un peu le mal de mer.
Nous prenons la direction de La Guyane, Cap 140, ou 153 avec la déviation magnétique, ce qui nous fait une allure entre 45 et 50° du vent, un près pas trop serré que nous allons tenir pendant six jours et demi. On va marcher à 5 Noeuds, puis 4 N de moyenne, malgré le courant, et un vent ESE, puis E, ou ENE, alternativement. Mon plan de route était correct, et a bien fonctionné. Mais, je ne pouvais pas en être sûr. Enfin,!!! assez content de moi, pour un novice !!!!
Par contre je ressent un certain mal de mer léger qui m'empêche de profiter pleinement de ces navigations, qui restent difficiles.
De nouveaux états de conscience se présentent tout au long de ces paysages marins monotones. Un peu comme si cela aidait à ralentir "le mental", sans forcer,et du coup autre chose apparaît, plus de distance, le "soi" qui émerge derrière "la pensée" qui s'efface un peu.
Puis c'est l'approche de St Laurent du Maroni; on doit trouver une bouée qui ne sera pas à la même place que sur la carte. Les instructions nautiques du coin annoncent une entrée de fleuve difficile, et des hauts fonds. Finalement, on trouve un chenal d'accès très bien balisé, et on remonte le fleuve jusqu'à St Laurent sans problème.
En chemin, on croise une barque de pêcheurs qui naviguent avec une belle bâche bleue "Castorama" en guise de voile.

A St Laurent on trouve un ponton de port de commerce délabré et pas adapté à la plaisance, puis un petit ponton flottant, ou après accostage nous sommes assaillis par les enfants du village, et des voileux du coin nous conseillent d'aller nous mettre au mouillage à coté d'une épave, à l'entrée de la ville, ou nous serons mieux et à l'abris du pillage par la communauté Bouch-nengué (communauté noire à problème d'intégration, descendant des premiers évadés du bagne de Cayenne, dont la "gare de triage" se trouvait à St Laurent ).
Bref, nous rencontrons un Italien amoureux du coin, qui nous immerge rapidement dans l'histoire de cet endroit, et nous fait rapidement visiter les lieux, l'ancienne prison, le super "U", le restau sympa, la pharmacie,.....etc... Ici on trouve de tout, pour refaire les provisions de route, mais aussi banque, quincaillerie, poste, douane, médecin, laboratoire d'analyse. Si vous venez ici, en bateau, cherchez " David" qui vit au mouillage, sur un 23 pieds Bleu marine, avec deux gênois. Il projette de construire une petite marina ici, et adore faire visiter "son nouveau pays ".
Donc,St Laurent du Maroni, une superbe escale sympa, l'entrée du fleuve est facile à trouver, de jour, en suivant les bouées qui figurent sur les cartes CM93.
Voici ma trace d'entrée vers St Laurent (logiciel Open CPN).

Commencer par la première rouge SL, (qui n'est pas tout à fait à l'endroit indiqué sur la carte) à l'étale de marrée basse,et ensuite, au loin, vous verrez les rouges et vertes d'entrée de chenal, à coté d'une bouée cardinale Ouest qui marque la pointe du banc français. Les bouées sont difficilement visibles car assez éloignées les unes des autres, mais elles sont là, il faut les suivre. Le passage se fait le plus souvent près de la rive Gauche du Maroni, qui correspond au coté français. Vous verrez au bout de trois heures la petite ville de St Laurent, passer le premier hameau,il faut faire mouillage en face de l'office du tourisme, à coté d'une petite île, qui a poussé sur une épave à 150m de la berge . Il y a de l'eau dans la cours de l'ancienne prison. Et il faut voir David, sur son petit voilier, pour obtenir tous renseignements nécessaires, ou à l'office du tourisme. Faire attention à tout mettre sous clef, y compris annexe, et moteur quand on va à terre.
Nous sommes restés trois jours, puis repartis avec l'étal de marée haute, pour profiter de la marée descendante qui va nous aider à sortir du fleuve Maroni, pour longer la côte jusqu'à Cayenne. Nous avons un vent de ENE qui nous permet de longer au près, "un peu près", la cote. Dans la nuit, je m'assoupi pendant mon quart, et me réveille avec le sondeur qui indique 1m40, (pour un tirant d'eau de 1m70) . Merde on a dû entrer dans une sorte de banc de sable en formation. Le bateau ralenti, et tous les bruits habituels sont étouffés. Sur la carte on avait vu une zone rectangulaire avec une annotation " Shoaling up to 3m " . Mais pas moyen de savoir ce que celà signifiait exactement. Bon, ça ne fait qu'un petit tour dans ma tête, si c'est du sable, il faut virer de bord, je vire , à peine réveillé, dans la nuit, je sais plus trop ou je suis, je rectifie le cap, et ça avance toujours, puis le fond augmente doucement, ouf, on sort de là. Un bord d'une heure plein Nord, et on reprend la route.
On a eu chaud, on aurait pu rester coincés ??? Mais quelle impression bizarre, de se réveiller dans ce lieu, en pleine nuit, et l'urgence de comprendre ce qui se passe, et surtout faire quelque chose.
Toute la nuit se passe à lutter contre le courant au passage de l'estuaire du fleuve Sinnamary, 8 miles en 6 heures, je me décide à une heure et demi de moteur pour passer ce lieu et recharger les batteries. Ensuite la route s'incline vers le Sud Est, et on aura une allure de bomplein super. Pause le soir aux Iles du saluts, en face de l'Ile royale, et on repars vers 3h pour arriver sans problème à Dégrad des Cannes vers 13h.
Ici aussi, lieu bizarre, une marina qui pourrait être correcte, s'il n'y avait le port de commerce juste à coté, des voiliers visiblement à l'abandon, et des sanitaires passables installés dans des "Containers " de transport.
De toute façon, la chambre de commerce annonce la fermeture de cette marina pour bientot.Possibilité d'eau, et électricité au ponton.
On reste un jour pour attendre "Léo" qui doit me remettre des colis pour " Philippe" à Jacaré. Un capitaine " Eric" de passage "au Marin", m'avait suggéré de rendre ce service à un français qui attend un voilier descendant vers le Brésil, pour se faire livrer des pièces pour un Catamaran. Léo passe vers 12h avec les colis, et nous fuyons aussitot ce lieu, après avoir " Volé " une douche chaude dans les locaux de la marina. On sort facilement de là avec la marée descendante, contre un vent d'Est assez fort, et on trouve une allure de près serré, pour aller vers l'île de Maraca, sur la route de Belem. Beaucoup de bateau de pêche autour de Cabo Orange, qu'on passe facilement après avoir fait un bord cap au Nord d'une heure, pour éviter tous ces pêcheurs. Puis on parvient à continuer cette route, à 50° du vent, super.
On arrive en début d'apm pour un mouillage au Nord Ouest de l'Ile de Maraca, en face de Amapa, l'ancienne capitale de l'état d'Amapa. Premier mouillage dans cette eau marron, chargée de terre, que l'on traverse depuis Cabo Orange. C'est très décevant cette "mer marron". Pas joli, pas de bain possible, enfin pour quelqu'un de délicat comme moi. Qu'est-ce que c'est, qu'est-ce qu'il se passe ici ?????
L'ancre tient malgrè un très fort courant. ça nous fera une bonne nuit de repos.

     

Le lendemain, à l'aube, on lève l'ancre pour Belem, en trois jours espère-t-on. Il reste 320 miles environ. Le courant nous aide à sortir de Maraca par le Nord, mais dès le premier cap franchi, on est vent debout, et tirer un bord de NE avec un courant qui porte au Nord, reviendrait à reculer. Une seule solution, le moteur, qui va nous permettre de passer les deux caps de l'île. Ensuite le courant de marée s'inverse, et on avance mieux à la voile. Il nous faudra une journée entière et la nuit pour passer le Cabo Norte, toujours dans des eaux boueuses. Ensuite on va naviguer deux jours sous le même cap magnétique, au près, mais avec des "Caps réels" qui vont varier toutes les six heures, en fonction d'un assez fort courant de marée, qui s'oriente d'est en ouest, et inversement.
A 5h du matin, deux jours plus tard nous arrivons dix miles à l'ouest de l'estuaire du Para, au Cabo Maguari. On attend la marée descendante pour parvenir dans l'estuaire, puis la marée montante pour y avancer et commencer la remontée du Para vers Belem. Il nous faudra 5h de voile et moteur, pour atteindre la rive Est, avec un mouillage possible. Mouillage sur le Para, le guide Brésil, dit que ce n'est pas sécurisé ?? et nous incite à surveiller la nuit. On s'endort comme des "bébés" très fatigués, et Marina qui s'est réveillée dans la nuit, nous réveille aussi pour annoncer qu'on a plus que 2m20 de fond, et la marée n'est pas encore au plus bas. Obligés de nous éloigner du bord. A 5h début de marée montante, on remonte au moteur vers Belem, ou on arrive vers 13h, avec l'angoisse de savoir où aller ?? La marina aurait disparue, les lieux ne sont pas sûrs d'après le guide "Vagnon Brésil". On longe les quais de Belem, et on passe devant ce qui a l'air d'une pompe à essence sur le fleuve, et qui en fait "est une pompe à essence", de la petite marina "B & B", deux bouées de mouillage, 5O réais pour trois jours (soit 20 € ), douches superbes, bar sur le fleuve avec ponton d'accès direct. Le genre " Mac Drive" mais sur l'eau, et " em barco da motor ".

A part ça , à terre, le quartier serait dangereux, d'ailleurs on entends dans l'après midi des policiers
qui tirent en l'air pour faire partir des jeunes qui s'amusent dangereusement à plonger dans le fleuve ??????
A la pompe à essence, c'est un français qui nous accueille, et nous donne tout un tas d'informations ,
adresse de la police fédérale, capitainerie, super marché, etc ....on a beaucoup de chance d'être arrivé là,
car cette " marina pour deux bateau" est gardée, et ça parait important ici.
Un petit tour dans le coin nous confirme que le quartier n'est pas " top ".
Après avoir fait quelques courses, on fait connaissance avec l'équipe de " la capitania dos portos ",
qui m'invite à venir faire la clearance Lundi. Et là, après la capitania dos portos, à la douane,
mauvaise nouvelle, le décret de 2006, qui permettait à un bateau étranger de rester deux ans au Brésil,
a été abrogé et remplacé par un décret de 2009 qui prévoit 90 jours renouvelable une fois,
soit un séjour maximum de Six mois. Juste le temps de faire toute la côte sans trop trainer.
Bon, heureusement j'ai âprement négocié à la baisse la valeur déclarée du bateau, car elle sert à
l'établissement de l'amende en cas de non respect de la loi. Alors, deux mois plus tard, cette histoire
de loi et de permanence d'un bateau au Brésil, c'est pas très clair. Certains états font toujours
référence à la loi de 2006, d'autres non, et ça change même d'une ville à l'autre.
De toute façon ce qui est clair, c'est que ces textes ne concernent que les touristes étrangers,
et les brésiliens vivant à l'étranger. Pour un étranger,résident au brésil, l'importation semble
impossible, sauf à trouver une voie de traverse. Bref, du coup, il faudrait que j'accélère un peu,
si je veux trouver une solution administrative à Salvador da Bahia. C'est une cata cette nouvelle,
difficile à digérer. En attendant, mes équipiers s'en vont vers le Pérou, on s'embrasse,
et " à bientot, bonne chance". ça m'inquiète de me retrouver à naviguer seul, et en même temps,
j'aspire à me retrouver seul, tranquille chez moi, sur mon bateau, sans étrangers "étranges".
Cette région est étonnante, des bras de fleuves partout, des barques, des maisons au bord de
l'eau, ou des hangars, ou encore de vieux boats qui servent de maison. Et il pleut tous les jours,
des trombes en 10 minutes, et aussitot le ciel bleu.
Pour ceux qui voudraient faire une entrée de bateau à Belem, il faut dans l'ordre:
( renseignements datés du 9 Avril 2012 )
- Faire l'entrée, et obtenir le "pass de entrada" au Brésil, auprès d'un bureau spécial de la police
fédérale qui se trouve dans les docks," portao 10".
On peut obtenir en même temps le "pass de saida", pour sortir de l'état. Le brésil étant une
fédération, on est sensé faire entrée et sortie dans chaque état.
- Ensuite aller à un bureau de "la receita fédéral", même docks, "portao 15". Là on doit vous
remettre un document "termo de responsabilidade", qui semble vouloir dire que vous êtes bien
au courant de l'obligation de sortir du pays, si non vous aurez à payer une amende calculée sur
la valeur du bateau. Je pense qu'il faut négocier à la baisse la valeur déclarée du bateau.
J'ai commencé à 7000 dollars, le chef au loin a rigolé, et a dit 40000, puis j' ai vu le chef du chef
précédent qui a accepté 15000 euros, Deux jours de négociation.
- Enfin, aller à la Capitania dos portos, 575 rua Gaspar Viana, c'est pas très loin des docks à pied,
et voir Mr Juberto, qui va faire lui aussi des papiers d"entrée.
(quatre mois plus tard, j'en sais plus : contactez moi par email si besoin.)
Un jour de plus de repos et je repars vers Sao Luis, puis Fortaleza.
La sortie du Para se fait en deux fois, un mouillage intermédiaire sur le rio. Ensuite je file vers
Sao Luis, en me disant que je trouverais un mouillage. Ici, j'arrive à jouer avec un vent ENE,
et la marée descendante qui permet d'avancer. à marée montante je suis obligé de tirer un bord
de NordE, au moteur. C'est pas marrant, la nav devient difficile, cinq à sept grains par jours,
vent capricieux, et pour couronner le tout, il n'y a pas de mouillage protégé possible.
Donc je jette l'ancre devant la côte, dont les hauts fonds empêche de s'approcher, obligé de
garder un bout de genois, une mise à la cape, avec ancre. ça roule quand même, mais je dors tranquille.
Ce sera le dernier mouillage comme ça. Je m'habitue finalement à dormir en "roulant", radar,
alarme de vent, de sonde, et via, j'espère que les pêcheurs font attention la nuit. J'arrive à
Sao Luis, ou j'espère pouvoir aller à terre, avoir un peu internet. L'arrivée de nuit est longue,
plein de lumières et le radar qui m'indique des obstacles que je ne vois pas. En fait le lieu
vers lequel je me dirige, pensant y faire un mouillage, c'est le lieu d'attente des cargos,
d'où les lumières, et les indications du radar. Je traverse le champ de cargo; c'est assez irréel
comme situation, petit voilier, frolant ces grands géants de ferrailles;et vais jeter l'ancre,
un peu au hasard, dans sept mètres d'eau, près de la côte. Le lendemain je me réveille dans un
coin sympa, des petites maisons et immeubles, de la banlieue. Je décide de chercher un accès
près de la ville, impossible, je continue vers le port de commerce, qui est un terminal de
chargement des cargos, rien d'accessible. Je fais un deuxième mouillage un peu plus loin dans
la campagne, mangrove en bordure. Sao Luis, ce sera de loin.
De nouveau en mer, au moteur, pour sortir de cet estuaire autour de l'Ile do Maranhao.
Tant que la marée descend, ça avance assez vite, 8 Noeuds par moment, ensuite une galère pour
vraiment quitter cet immense estuaire, vent contraire, et marée aussi, obligé de reprendre
au moteur quand la marée monte. Il me faudra quatre jour de ce régime pour rejoindre Fortaleza,
alternant moteur et voile, toujours au près, et pas d'arrêt possible. J'ai encore essayé de
m'approcher de la côte, toujours des hauts fonds, des rouleaux à trois mètres de fond, et là
je peux pas aller plus loin, car les cartes ne donnent pas assez de précisions.
Un grand point positif dans tout ça, depuis la sortie du Para, j'ai retrouvé une eau claire,
la mer bleue normale, "marron", elle était un peu triste. Et aussi, autre évènement, petit à petit,
cette sorte de léger mal de mer, a disparu, plus d'étourdissement, je prends plus de "mer calme"
depuis Belem. Je peux même descendre faire la cuisine sans être mal à l'aise, rester longtemps
à la table à carte. Du coup je réinvesti le carré en navigation. Je me surprends même à m'y mettre
à l'abrits quand j'en ai marre de me faire tremper.
La nuit, toujours beaucoup de pêcheurs (j'en ai pas encore coupé en deux), puis une plateforme
pétrolière bien signalée, et enfin, la grande plage de Fortaleza, 15 miles de sable, un petit désert,
puis la banlieue, et la ville avec ses enfilades d'immeubles colorés.
Je vais directement à la marina qui se trouve devant l'hotel " Marina Park ", le mouillage
gratuit du yacht club étant déconseillé pour cause de violence. Je croise ici un "Capt'ain" qui s'est
fait braquer, et dévalisé. Bon d'accord, c'était pas des bobards.
Un seul ponton, l'électricité, l'eau, la piscine et les douches de l'hotel, le snack bar, des plantes,
des fleurs, des oiseaux, sympa, un peu cher, un dollar le pied. Pour 35 pieds, 65 reais, soit 28 €.
Le plus cher que j'ai vu depuis cinq mois. Pas d'internet, pas de pompe pour le gas-oil, isolé dans un
quartier qui craind, obligé de prendre le taxi, pour internet ( si non à l'hotel, 10 € l'heure d'internet),
pour les courses, pour les formalités, les restaurants.
Je vais rester le moins longtemps possible, le temps de me reposer, car je suis à plat.

Un petit retour sur ce qu'il peut se passer en mer, cet espace de solitude recherchée:
Depuis toujours, je ne jette jamais rien par terre, dans la nature, ou le désert, ou la mer.
Par contre un papier en ville, ça je m'en prive pas. Pendant ces navigations, j'ai tout à coup vu
des équipiers qui jetaient une bouteille en verre à la mer, et j'ai sursauté, « Oh là »,
on est ou là !!!! Ces jeunes, même ça ils détaillent. Moi j'ai une sorte de position de principe,
eux raisonnent, par exemple, le verre, c'est un élément neutre, non polluant, surtout par 1000 ou
2000m de fond, alors, disent-ils, on peut s'autoriser à le jeter dans l'eau. Bien sur, pas comparable
avec les bidons de déchets radioactifs jetés au milieu de l'atlantique ??? Pas comparable, mais je peux pas.
Enfin cette question a dû faire son chemin, car, l'autre jour entre Sao Luis et Fortaleza, j'allais
jeter à la poubelle un pot de crème vidé, et je me suis dit, pourquoi à la poubelle, autant le jeter à la mer ???
Ce que je ne fais jamais, et là................tout à coup.............une pensée :« tu vas te faire gronder » et puis
le sentiment profond d'une « culpabilité » gravée en moi. Encore une « nouveauté », cette sensation d'avoir
atteint un recoin enfouit, et aussi très dense, au point de pouvoir le toucher. Ce « sentiment de culpabilité »,
c'est ce qui fait que je ne jette pas mes ordures à la mer ou dans le désert. Ce n'est pas à la suite d'une
mure réflexion, mais plutôt, et c'est ce qui émerge brutalement à ma conscience, la peur de faire
quelque chose, que la nature, « dieu » en quelque sorte, me ferait payer cher, par une punition.......
L'autre jour, j'ai perdu la casquette que ma fille m'avait offerte pour mon anniversaire; une casquette
de marin, très belle, elle est tombée à l'eau, et je n'ai rien pu faire. Skokian avançait tranquillement,
et je l'ai vue s'enfoncer dans l'eau, et disparaître. J'avais la larme à l’œil, j'avais mis du temps à
m'y habituer, j'avais peur de la perdre, et puis je me disais à quoi ça sert de la garder, si je la met jamais.
Et voilà, je l'ai mise, ça me faisait plaisir de penser à ma fille en la mettant, et bien, perdue, bêtement.
J'ai eu l'impression d'un mauvais présage, et cette pensée m'a envahi tout à coup. Si je perds quelque
chose, il va m'arriver quelque chose, c'est mauvais signe. Toutes ces impressions m'étonnent par leur
nouveauté, leur arrivée soudaine les rendent étranges à mes yeux. En effet, je n'ai jamais raisonné en
terme de « mauvais présage ». Même si je me suis intéressé à l'astrologie, j'ai toujours été très
rationnel. Et je me suis intéressé aussi à la psychologie, j'ai suivie une psychothérapie près de cinq ans.
Mais ce qui émerge là, semble être les ressorts inconscients qui m'animent et que je découvre soudain,
au détour d'un chemin, d'une vague, et qui apparaissent sous forme de.....je ne sais comment dire ça,
une "image pensée". Une pensée qui s'impose à l'esprit, et ne laisse aucune place au control, juste le temps
de la percevoir. Et ces pensées ont une présence, une densité, peut-être comparable à ce que disent ceux
qui prennent certaines drogues.
La minute "psy" est terminée.

Fortaleza fut le lieu d'un autre évènement, mon lecteur de cd qui s'était arrêté de fonctionner après
avoir reçu une vague dans le mange disque, a accepté de lire à nouveau des cd, Du coup je réécoute
mes vieux disques, et je me sens vraiment dans la peau d'un vieux, solitaire, qui boit son wisky et écoute
"que serais-je sans toi ? " . Rien, sans toi, je ne suis rien.....ça c'était avant. Maintenant, depuis que je vis
en suivant mes rêves, je vais seul au restau, et ça ne me gêne plus. Je suis en train de devenir ce que
je craignais, cette caricature qu'on voyait dans les films d'aventure américains des années 70, ou le vieux
baroudeur, au bout du roulot devenait le poivrot d'un village du bout du monde, ou sur un vieux raffiot
continuait à écluser du rhum blanc en racontant des histoires incroyables.
Et maintenant c'est depuis Natal, que je pourrais raconter des histoires.....Eh bien on me l'avait dit,
ce sera dur, de Fortaleza à Natal. J'avais donc opté pour un détour par les Iles de Fernando do Noronha,
et bien , après deux jours à tirer des bords à 140°,
j'ai renoncé à ce détour par les Iles, et obligé de mettre le moteur pour faire des caps au près un peu
plus performants, et finalement terminer par 36 heures de moteur pour aller direct à Natal;
cinq jours en tout pour un chemin effectif de 350 miles. Infernal, cette nav, impossible de trouver un
biais pour y arriver. Enfin, si, j'aurais pu faire tout à la voile, si apprès trois jours d'approche au large,
je m'étais résigné à tirer un bord vers les Iles et revenir direct vers Joao Pessoa, ce qui faisait
400 miles de plus de navigation au près..Trop fatigué par ces cinq mois de baroud, j'ai opté pour le moteur.
Mais même ça, c'est une galère. Jusqu'à présent j'avais fait du moteur en France, quand j'avais pas de vent,
tranquille. Mais là, 36 heures bout au vent avec 15 Noeuds, ça tape d'une violence sur la coque, à chaque
mauvaise vague, j'ai l'impression que Skokiaan va se disloquer.
Enfin, nous voici sur la côte Est, Natal, on passe sous un pont immense, devant une grande ville,
avec ses immeubles façon New York, agglutinés, et entourés d'eau. Le " Iate Clube do Natal " est petit.
Un ponton, pas de pompe à essence, juste un mouillage possible, et un restaurant très sympa devant
le fleuve. Un gars me gueule dessus de loin, je comprends que le mouillage c'est pas "là", mais à coté, "ici".
J'éxécute ses volontés. Mais qu'est-ce que c'est désagréable de se faire gueuler dessus quand on arrive
tout content, mais épuisé par cinq jours de mer, bref, je sors l'annexe, le moteur ne démarre pas,
j'ai oublié de vider le carburateur la dernière fois à Belem. Je démonte la vis de purge, et la perds
dans le fleuve. Et voilà, plus de moteur d'annexe, mais les rames. C'était trop beau d'avoir passé ce
fichu "Cabo Calcanhar" , le cap le plus à l'Est du Brésil, et surtout l'endroit ou le courant de Guyane
vers le NO, va enfin disparaitre, et les vents changer petit à petit de direction.
Me voilà puni, obligé de ramer pour aller boire une bière et manger un vrai repas au resto du Iate Clube.
Super , Camarao à la Bahianaise. Pour le gas oil, il faut faire venir la remorque du pompiste,
on verra demain. Décidément, les ports de plaisance sont particulièrement absents de cette partie
du Brésil. C'est une grande déception, et ça rend la navigation plus difficile, longue, et sans les petits
plaisirs du partage avec des voileux de passage.
Lendemain, je vais chercher deux bidons de fuel en taxi, et hop , via vers Jacaré, ou je dois livrer des
caisses pour un certain "Philippe" qui a une marina. J'espère me poser un peu, vraiment.
En mer, ça n'a pas changé, la direction du vent ne permet pas un bord direct vers Joao Pessoa,
Je tente un bord de 15 miles au large , puis essaie un bord dans la bonne direction: 25 miles pour en
faire 10 de réels. Plus tard je fais un bord au moteur et voile, et trouve enfin un angle vers ma destination.
Le courant, et la marée ont changé, je n'ai pas les mêmes effets qu'avant le cap.
Mais ce n'est pas plus facile pour autant. Je me fais tremper, et suis de plus en plus tenté de rester à
l'intérieur du carré......................................................................................................................................

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25 Mai 2012, me voici enfin à Itacaré, il était temps, je me sentais un peu épuisé. Un peu d'angoisse, car l'entrée
dans le rio das Contas est "limite", au nord des hauts fonds, et au sud les rochers du phare.
Mais, bon, et c'est bien ça qui est super chez les brésiliens, le peuple, (pas le brésil qu'on montre aux infos)
et bien, j'étais arrivé près du phare, je m'avançais doucement pour voir comment ça se présentais, et un bateau
viens vers moi pour me dire d'attendre que la marée monte un peu. Puis il revient pour me proposer de me guider.
Je le suis, et effectivement la passe est étroite ,je le vois au sondeur.
Il me montre un endroit pour jeter l'ancre en attendant.
Puis reviens encore pour me faire entrer par le canal vers un endroit plus abrité, et avec plus de fond.
En France, vous arrivez dans un port, personne ne vous voit, encore moins vous aide à l'amarrage, et vous payez cher.
........................................................La Suite: Tribulations d'un Fada Au Brésil...........................????????????????

 

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