Mon Expérience avec l'Ayahuasca
boisson utilisée traditionnellement par les chamanes d'Amazonie, du Pérou,
Dans un cadre rituel, religieux, au Brésil, mais aussi en psychothérapie
Notamment aux états unis .

Il y a vingt cinq ans, j'étais en pleine crise, boulot, couple, enfant, rien n'allait, mais rien de grave...Juste moi qui trouvait pas mon chemin. Astrologie, Yoga, Reebirth , PNL, Chi Kong, Franc-maçonnerie........Je traînais depuis l' âge de 15 ans des idées de suicides, et à 38 ans j'avais déjà divorcé une fois, un fils abandonné, et ...la crise.....Nouveau divorce......Puis une tentative de suicide....ratée....... Psychothérapie de soutient pendant quatre ans.......Travail.....Vie de couple......Idées suicidaires toujours là..... Séparation......et départ vers le Brésil.
Vivre 50 ans avec des idées de suicide, c'est pas agréable, pas facile, et autour, personne ne comprend, mais moi non plus .
Et là, au Brésil, la découverte d'une mentalité différente.....et puis je me souviens qu'il y a 20 ans déjà on m'avait conseillé une initiation à L'Iboga, au Gabon, une plante aux propriétés "Enthéogènes", un peu hallucinogène aussi, et qui est utilisée dans un cadre tribal, et religieux, mais dont certains psychothérapeutes commencent à voir des applications.
Ces démarches m'intéressent, m'attirent, mais j'ai peur, et je sens qu'une partie de moi irait faire ça pour mourir, avec l'excuse de l'accident.
Et puis, je découvre qu'il y a d'autres plantes Enthéogènes, qui sont utilisées en association avec un hallucinogène, ainsi " l'Ayahuasca" qui est un breuvage composé de plusieurs plantes préparées sous forme d'infusion.
Première Retraite 10 jours le 18 février 2013
Je me décide à faire ce que j'ai en tête depuis longtemps, vivre une expérience avec l'Ayahuasca . J'ai trouvé un lieu rassurant, tenu par une psychologue, un centre entre Thérapie et Spiritualité . Ce fut chargé, riche d'émotions, de découvertes. Le séjour s'est déroulé autour de séances de relaxation, avec rêve éveillé, dirigé vers une régression ayant pour but de retrouver des "instants" de traumatismes psychologiques, et des séances "Ayahuasca" consistant en l'absorption de ce breuvage particulier. Chaque séances Ayahuasca commence par un recueillement commun, puis l'expression de notre "intention" ou d'un "souhait " lié à la régression vécue la veille.
Nous avons vécu , en tout, quatre séances de deux jours chacune : relaxation, régression, nuit, partage oral, repos, cérémonie ayahuasca, nuit, partage de l'expérience.......et de nouveau........le même cycle.
Au cours de ce stage, je me suis aperçu que je n'avais en fait aucun souvenir personnel, réel, de l'évènement qui a perturbé ma vie depuis 50 ans. Je sais qu'à l'age de dix ans, j'ai appris que celui que je croyais être mon père , n'était que mon beau père, ma mère avait été mariée une première fois, et j'étais donc son premier fils, mais d'un mariage précédent. J'ai travaillé des années en thérapie sur des troubles liés à ce traumatisme, sans avoir conscience que ce que j'en disais n'étaient que des impressions, ou des images plaquées, postérieures au moment de cette découverte.
C'est donc un "trauma" qui a été bien plus violent que ce que je croyais, et que, enfant, j'ai complètement occulté.
Lors de la première séance d'ayahuasca
, j'ai d'abord reçu des images de type "hallucinations", des couleurs vives, changeantes, ressemblant un peu à des peintures abstraites, sans symbolisme accessible pour moi . J'ai essayé de faire venir volontairement mes propres images, et je n'y suis pas arrivé. J'en ai conclu que j'étais bien dans un état de conscience altéré. Durant tout ce premier essai, j'étais éveillé, conscient, je pouvais ouvrir les yeux, et voir normalement.
La deuxième séance, Nous avions fait au préalable une sorte de relaxation, avec rêve éveillé dirigé vers le souvenir d'un traumatisme ancien. Je n'étais pas très heureux de ce chemin . Je voyais de nouveau des couleurs, j'avais envie de chanter, de danser, d'être heureux, et je l'étais . J'eu un moment la sensation très claire de pouvoir envoyer des messages par la pensée. Je ne dormais pas avant cinq heures du matin.
La troisième séance d'Ayahuasca, je restais longtemps dans l'expectative, puis je vomi une heure et demi après avoir bu la mixture, et là tout à coup sont apparues des images liées à ce moment traumatique, vers mes dix ans. J'ai revu le linoléum du séjour ou on habitait, me suis souvenu qu'on l'avait changé, et il était clair que ces images étaient situées dans un temps proche du "trauma", mais je n'ai pas eu accès aux images, et aux émotions de l'instant lui même. D'autres impressions sont apparues, comme des sentiments de bien être nouveau pour moi, de confiance accrue en la vie....etc...Il me semble aussi que j'ai retrouvé une capacité accrue à "entendre", capacité que le trauma avait réduite.
La quatrième séance se déroula l'après midi, avec une dose faible. nous étions invités à aller vivre ce moment dans la nature, faire ce qui nous plairait. Il ne se passa rien de spécial, mais j'eu le sentiment qu'"Ayahuasca", ou mon "inconscient", disait, " ça suffit maintenant avec le passé, il n'y a qu'à vivre". Et je suis allé retrouver les autres, en me disant, il est temps de faire comme eux, profiter de la vie, se baigner.
Je les ai rejoint dans la piscine naturelle, et j'ai nagé ........
Le lendemain je me suis rendu compte que j'avais nagé sans ressentir cet essoufflement qui m'accompagne depuis 40 ans chaque fois que je me baigne .
Voilà , l'essentiel, pour mesurer combien cette première expérience a été riche....Difficile aussi, car l'Ayahuasca fait vomir, et nettoie le corps, nous étions sous un régime végétarien, sans sel, sans sucre, sans alcool, ni médicaments, ce qui fait beaucoup de petites choses désagréables.
Le groupe était sympa, vrai, chaleureux...tous ont souffert diversement de traumatismes plus ou moins profonds............
Bon, ce retour vers un traumatisme ancien, c'est pas vraiment ce à quoi je m'attendais, mais ce fut une surprise de taille, de comprendre et sentir que j'avais été violemment perturbé au point d'en perdre la mémoire, de ne plus respirer normalement, ni entendre normalement.....et cette découverte arrive après des années de thérapies, de recherches.......

J'ai assez bien vécu cette expérience, le plus difficile a été d'entendre parler anglais,
et de me trouver une fois de plus attiré par une fille avec qui aucune relation n'est possible. Ayahuasca n'a pas résolu ce problème de ma tendance à tomber amoureux en cinq minutes, et de mal supporter la solitude.
Par contre j'ai rencontré dans ce groupe, une femme avec qui je n'ai pas pu parler beaucoup, allemande parlant anglais, et moi français parlant brésilien...pas facile de communiquer......Nous nous sommes dit un "au revoir adieu" très chaleureux, avec un contact d'une intensité que je n'avais jamais ressenti au paravent. Pas de désir sexuel, ni vraiment d'amitié, mais "quelque chose" d'indéfinissable. Je n'avais pas envie de la quitter, et pourtant nous allions chacun vers nos vies......Quelques jours plus tard, Natacha, commente ma photo sur "face book", et après échange de quelques messages, elle m'apprend qu'en fait, elle a eu à peu près le même problème que moi. Pas d'envie de vivre, pendant de longues années, une lutte difficile, et récemment une presque noyade qui lui a révélé qu'elle voulait vivre. C'est ce qui m'est arrivé aussi il y a deux ans, ici au Brésil. Elle me dit que nos âmes sont connectées, et je pense que nos histoires similaires ont créé un lien névrotique fort......nos âmes......
Elle veut revenir au Brésil, et moi aussi j'ai envie qu'elle revienne, enfin quelqu'un avec qui partager ce mal être, et qui sait...peut-être parvenir à le dépasser....
Je pars du centre précipitamment, car avoir passé 10 jours avec des anglophones, m'a épuisé, moi qui ne parle pas vraiment l'anglais.
Je descend à Itacaré et y passe trois jours avant de retourner au bateau qui commence à déconner.
Il faut que je trouve le moyen de continuer....accéder à la mémoire de ce moment...mais aussi accéder à d'autres états de conscience, et voir venir la suite.......Vivre.....


Deuxième Retraite avec "Borboletta Azul"
Lors de mon précédent séjour au Brésil, un ami français m'avait parlé d'un groupe qui travaille avec l'Ayahuasca , dans la région . Il me transmet de nouveau ces coordonnées, "Borboletta Azul", à Serra Grande, une petite ville à 20 km d'ici.
Je les contacte, elle s'appelle Silvia, et fait un week end de deux cérémonies, à partir du 22 Mars..
Et voilà, j'arrive à "Borboletta Azul" après six km à pied, plein soleil.....
Silvia est là , à l'accueil. Sa démarche n'est pas vraiment religieuse, mais pas du tout dans le psychologique. Elle ne cherche pas non plus à savoir si je prends des médicaments qui pourraient être dangereux avec l'Ayahuasca. Non, elle reçoit la protection de "La nature, La vie". Cela ressemble à une manière de se fier à son intuition. Si elle ne "sent" pas de problèmes, c'est qu'il n'y en aura pas.
Elle me présente son lieu, perdu dans la forêt, quelques espaces dégagés par la main de l'homme, une piscine naturelle, un lieu de cérémonie couvert, et ouvert à tous les vents , une cuisine, un bungalow avec deux chambres, et un dortoir. Il n'y a pas l'électricité, ni l'eau chaude, des toilettes sèches , une pour "pipi", une pour "caca", plusieurs douches. Les autres arrivent un par un . La règle semble être l' "Abraço" entre frères humains. Silvia va parler en Brésilien et en Anglais.
Vers 19h c'est la première cérémonie, on se recueille ensemble, simplement, une courte relaxation, et on boit un premier verre d'Ayahuasca chacun son tour. Silvia nous conseille une position d'ouverture, attentive, relaxé, mais pas avachi . Nous sommes sept, et ils restent assis en tailleur, tandis que je m'allonge comme je l'ai fait dans mon expérience précédente. J'attend de savoir si je vais vomir de suite, ou si je vais tenir un moment. Il ne se passe rien de spécial, et une heure après, nous buvons un demi verre supplémentaire. J'ai un peu des images, des couleurs. J'attends des réponses, et rien. Puis je vomi, pas de visions. Un peu plus tard je me dis intérieurement, à moi même : "J'ai reçu une gifle" . Ce sont comme des mots qui s'imposent à moi, et qui s'appliquent à ce moment, quand j'avais dix ans : "J'ai reçu une gifle" . Je suis étonné, car j'en vois pas la raison, et je me demande si c'est une gifle virtuelle, comme on dit, j'ai reçu un choc émotionnel, ou s'il s'agit d'une vraie gifle physique. Ma mère a toujours eu la main leste.....
Silvia chante avec sa guitare, des mantras, des chants tranquillement joyeux, calmes.
La cérémonie se termine. Je retrouve la difficulté à dormir, seulement quelques heures dans la journée. Une nuit sans dormir, à ressasser cette gifle, et à attendre 4 heures du matin, l'heure de la deuxième cérémonie.
Pendant cette deuxième cérémonie, je ne boirais qu'un seul verre d'Ayahuasca, j'essai de rester assis, mais fatigue vite, et allongé, on est mieux pour profiter du paysage, je veux dire, des images, des lumières qui viennent. Cette fois je vomi après le premier verre, et ensuite j'ai des visions lumineuses, je me dis à nouveau que j'ai reçu une gifle, et enfin, avec une lumière claire, pâle, je vois une femme, comme une statue, un peu comme on représente "Marie", droite, tranquille. Pour moi, sans aucun doute, c'est la déesse mère.......C'est assez étonnant cette évidence, car je ne suis pas croyant....
Chacun vit la cérémonie à sa façon, Silvia chante, puis on termine en disant quelques mots, peu de mots.
Je retourne vers Itacaré.
Je reçois un message assez désagréable de ma fille qui se plaind de tout le bordel que je lui ai laissé, mes papiers, les apparts à gérer. Elle a raison . Mais je suis un peu désemparé, ne sachant comment faire, et je me tourne, sans le décider vraiment,vers "la déesse mère", et lui demande réconfort, et l'effet est immédiat: ça va mieux, et le stress de ce message disparaît......!!! C'est très étonnant , je suis athée, grâce à Dieu, et le revendique.
Mais là, c'est étonnant , la présence de la "déesse mère" est une évidence, et ça fait du bien. Bon, est-ce l'inconscient et les lectures qui me jouent des tours. Car bien sûr, c'est un des effets connu de l'Ayahuasca que de donner une idée de Dieu .........Alors l'inconscient peut sans doute créer les images qui vont corroborer cette possibilité.
On fera le tri plus tard, car après tout, si ça fait du bien, pourquoi se compliquer la vie.....
Les jours passent, et je me dis que c'est agréable d'avoir eu cette vision. J'ai le sentiment d'être enfin relié aux autres humains. Relié est un peu fort comme mot, mais j'ai l'impression que mon esprit, mon coeur s'ouvre aux croyances des autres, qu'ils existent enfin, sans que je les juge. Je prends conscience en même temps que les jugements que je portais sur tout ce qui m'entourait, me conduisaient d'une certaine façon à nier l'existence de l'autre. Cela ne veut pas dire que je deviens croyant. Non, mais aujourd'hui, les croyants existent pour moi. J'ai vu une des expressions imagées de ces croyances. Une part de moi a reconnu cette image, et a eu accès à son sens.
J'accède peut-être à une part d'humilité, au partage de cette "question sans réponse" qu'est la vie, sa direction, son sens, avec le reste de l'humanité qui se pose la même question, et qui se rassure, se défend, comme elle peut.
A la fin de la cérémonie, Silvia m'invite à revenir, je peux prendre Ayahuasca seul.
C'est exactement ce que je souhaitais pouvoir faire.

Troisième retraite "Borboletta Azul" une semaine
Quinze jours plus tard, je reviens à "Borboletta Azul" pour une semaine, en espérant faire trois séances. Silvia me prend en voiture à Serra Grande.
Je retrouve mon "quarto", les moustiques, punaises, et autres puces....
Silvia prévoit une séance le lendemain. L'attente est longue, pas grand chose à faire dans ce lieu. La forêt dense est inaccessible à la balade. J'ai prévu des bouquins.
Silvia sonne de la trompe (un gros coquillage), c'est son rituel, vers 17h pour appeler les "frères". Je suis seul, c'est prévu comme ça. Elle fait comme d'hab, relaxation courte, et hop, un premier verre. Le "Thé" (Ayahuasca) est très acide. Il ne se passe pas grand chose. Je reste dans le mental, en attente..... J'aperçois une image de "divinité grecque" flottant dans les nuages. Je bois de nouveau , puis un troisième verre . Je vais vomir, puis vomirais encore deux heures plus tard. Pas grand chose.
J'attends deux jours pour la cérémonie suivante.
Le thé est encore plus acide, presque impossible à avaler. J'écrits avec trop de retard, la mémoire manque un peu . Je suis une fois de plus perturbé par la présence féminine, en la personne de Silvia. Elle débute la séance, je bois, elle revient une heure après pour voir ou j'en suis. Je bois à nouveau, et elle chante quelques mantras, ou des chansons de sa composition...." Eu vem dou mar, eis que sei navegar" . Des mots qui semblent s'adresser à moi. C'est sûr, c'est plaisant une jeune femme qui vient chanter que pour soi, quand on est dans un état un peu altéré.....
Si j'ajoute à ça, la fâcheuse tendance que j'ai, à imaginer une relation intime possible avec toutes les filles mignonnes qui passent à proximité........
Je passe une grande partie de la soirée à penser à elle ; pourquoi elle fait ces cérémonies, quel besoin de "donner" ?? Je souris quand elle vient faire fumer de l'encens autour de moi. Ce sont des attentions chaleureuses, qui font plaisir, et en même temps, je sens de la souffrance chez elle, et envoyer un sourire c'est envoyer un peu d'amour, de tendresse, comme pour apaiser ses souffrances....
A un moment, je me tourne sur le coté, et j'ai tout à coup l'impression d'avoir son visage à la place du mien. Je comprends pas. C'est une impression assez étonnante, physique seulement. Je ne me sens pas avec, où à l'intérieur, de son mental. Un peu plus tard, je vois son visage comme entouré d'une dentelle de coton rosé. Et pas d'émotions, ou de pensées liées à ces images.
Pour la prochaine séance, mon intention sera de "vivre, rire, ne plus tomber amoureux"....
Je discute avec Silvia, pour lui dire que le thé est très difficile à boire. C'est la deuxième fois que je le lui dis. Je comprends vaguement que c'est volontaire, que cela devait me convenir, un peu comme une épreuve supplémentaire. Je comprend pas très bien.
Elle me promet de le changer. Je ne pourrais pas en boire une troisième fois.
Cette troisième cérémonie sera courte. Je bois un thé neuf, que je trouve acide quand même. Il est fort......Je vomis au bout d'une demi heure . Je n'en boirais pas plus.
Silvia se retire assez tôt, semble vexée.
Mon intention qui était "rire", se traduit par des visions de la famille. Je vois Michel, Annie, Coline,(cousin cousine nièce), dans des moments de liesse, de rires, et c'est bon....Puis j'imagine une sorte d'écran, à la droite duquel, il y a un bouton "rire". Chaque fois que je tourne mon regard vers ce bouton, j'ai envie de rire, et je souris. Je suis content, d'avoir une sorte de bouton automatique pour accéder au rire, et je vais m'en amuser un bon moment.
Le lendemain Silvia, comme d'hab, me demande comment ça c'est passé. Je lui dis que j'ai vomi très tôt, puis qu'il n'y a pas eu grand chose. Elle me reproche d'être trop avachi , il faudrait que je sois plus tonique . Et ça ne lui plait pas que je souris chaque fois qu'elle fait des gestes rituels. Elle pense que je me moque du religieux......
J'essaie de m'expliquer, et on reste sur un malentendu....
Je retourne à Itacaré, avec une mauvaise impression. Je n'ai pas du tout aimé sa façon de me juger. Elle ne me connaît pas, et son attitude de jugement manque de neutralité.
Quelques jours plus tard, je lui écris un mail pour m'expliquer.
Mais je reste avec une impression d'insécurité, et je ne sais si je vais pouvoir retourner à Borboletta.

Finalement , l'idée selon laquelle je faisais tout échouer, y compris peut-être Ayahuasca, a fait son chemin. C'est Silvia de Spirit Vine qui a attiré mon attention sur ce problème.
J'ai donc réussi à passer outre ce besoin "d'échouer", et je suis allé à une cérémonie commune, à Borboletta. Nous étions 13 . J'avais choisi mes "intentions" pour cette cérémonie : cesser d'avoir envie de mourir, cesser de tomber amoureux, et voir ce que Ayahuasca pourrait me montrer. Il y avait quelques personnes connues, dont Hugo et Laura. Ayahuasca était fort. Il m'a montré " google, facebook", et tout ce mental qui encombre mon esprit. Puis j'ai eu la sensation qu'il voulait me montrer comment je pouvais accéder à autre chose. J'ai vu comme un éclair d'orage, dans le cerveau, comme une sorte de connexion électrique. Puis j'ai vu un bleu profond, une étoile orange, comme si je voyais "l'espace infini". Cette porte s'est refermée sans que je comprenne comment elle s'était ouverte. Mais je suppose que mon être sait maintenant, et qu'il retrouvera le chemin.
J'ai aussi revu ma mère, et il semble que je suis en train de lui pardonner, de reconnaître que ça été suffisamment difficile pour elle.....
Et nous avons chanté, je murmurais la mélodie, ne connaissant pas les paroles. Puis je chantais ces mélodies un peu plus fort. J'attendais des images, et Ayahuasca me fit entendre la musique de Silvia et du groupe comme si j'étais au milieu d'eux. J'entendais très nettement un tambour derrière moi , alors qu'il était à gauche et devant. En écrivant, je me dis que c'était comme une acceptation réciproque. J'étais admis dans ce groupe, et j'acceptais d'y prendre part, et je chantais.
J'ai vomi une première fois, puis une deuxième fois juste après cette participation au chant. Comme si j'allais vomir "mon refus de vivre". Tout Ayahuasca est sorti, et rien d'autre. C'est fatiguant ces séances de vomissement............................
A la fin de la séance, Niou et Silvia sont venu me dire que j'avais bien travaillé, et qu'ils "voyaient" une bonne énergie.
En tout cas, c'était bon de chanter avec eux...
Une semaine passe, nous sommes le 10 mai, je suis retourné faire une cérémonie seul.
Silvia a bu aussi. J'ai demandé a être débarrassé de cette envie de mourir, et savoir d'où est venue cette violence que j'ai en moi. (c'est bizarre de "personnifier" Ayahuasca, mais bon, c'est pour éviter de le nommer "inconscient", ou subconscient,...). Je n'ai bu qu'une fois, d'une part parce que j'ai eu envie de vomir assez tôt. J'ai eu des renvois, mais pas de vrai vomissement. Et ce thé est très acide, j'ai beaucoup de difficulté à envisager d'en boire un deuxième verre. Ayahuasca m'a montré mon grand père, une "photo" de lui, puis une image du Maroc, sur une plage, et j'ai supposé que c'était très ancien, de mon enfance. Pas très précis ..plusieurs images, mais aucune information claire, sauf cette référence au passé, et ce sentiment que le passé a été, et qu'on ne peut le faire revenir, ni le changer. Plus tard après la cérémonie, alors qu'il est impossible de dormir, le mental reprend toutes les pensées, avec un point de vue différent. Il devient clair que l'envie de mourir est directement liée au manque de confiance dans la vie. C'est la réponse que je reçois. Rien d'autre sur ma violence.
Je pense que je vais prendre Ayahuasca une fois par semaine. J'ai besoin de cette bouée, comme l'espoir d'un avenir meilleur auquel me raccrocher.

Silvia m'annonce par mail qu'elle va passer à Itacaré, et me laisse son tel. Je l'appelle dans l'après midi, et on va prendre un pot. Ce fut un moment sympa, et bizarre. Je gueule après des gens qui utilisent mon zodiac. Elle m'explique qu'en tant qu'étranger, j'aurais intérêt à apprendre à parler plus gentiment, tout en disant ce que je veux dire. Elle a raison.... Je suis facilement en colère. Finalement, elle ne va pas aller à Piracanga. Je lui propose de dîner, mais elle n'en a pas envie. Et moi, pas vraiment non plus. C'est bizarre de la rencontrer comme ça en dehors du cadre habituel. Je crois qu'elle cherche à faire connaissance autrement, et je ne sais pas comment l'approcher. Elle me fait peur. J'ai un peu peur de sa façon très "sûre" de voir le monde, et je craind d'exprimer une façon de voir le monde qui va la choquer, l'éloigner. Je la suppose un peu rigide...
Je me rend compte que je réagis à tout, comme un sauvage, et que ma manière d'être n'est pas du tout en accord avec mes pensées.
Bon, j'ai l'impression qu'on pourrait apprendre à se connaître, mais ça semble devoir être difficile, ou délicat.

Je reviens à Borboletta, une semaine plus tard, le 13 mai, pour une cérémonie seul.
Suite à mes expériences précédentes, je me prépare avant, avec l'intention d'éviter la surprise désagréable d'un Ayahuasca très acide. Je défini aussi mes intentions, renforcer ma confiance, et accéder à des niveaux supérieurs, ou différents.
On commence toujours la cérémonie par un recentrage sur "intentions", et relaxation, trois "aum"....Silvia me tend le verre et je bois d'un trait sans difficulté, il n'est pas acide, mais amer normal. Ayahuasca me montre mon écran d'ordinateur, avec des textes écrits dans trois couleurs différentes. Rien de clair, toujours le mental qui semble trop dominateur. Puis je bois un deuxième verre issu de la même bouteille. Je le trouve excessivement acide, et je me rends compte que je suis en train de faire l'expérience de "la relativité du réel". Bien sûr j'ai lu et entendu des centaines de fois l'idée selon laquelle le réel était relatif, variable et dépendant de notre " point de vue ". Mais j'avais un rapport intellectuel avec cette idée...Je l'acceptais vaguement sans trop y croire. Là, Ayahuasca, me fait "connaître" cette idée. Et donc, ce n'est plus une idée, mais un vécu : je viens de boire deux fois le même breuvage à une heure d'intervalle, et mes sens, normalement infaillibles, me font ressentir différemment la boisson. C'est une sensation très forte, de toucher du doigt des théories longtemps étudiées, lues, mais distanciées.
Puis je vais vers une remise en cause de mes attitudes récentes avec des gens...Et je change de point de vue...Il va falloir que je demande pardon à Bob de l'avoir envoyé "chier", il faut que j'explique à ma mère ce qu'il s'est passé....qu'elle puisse se reposer....ça parait facile, évident. Puis je descends et je vomis abondamment, sans en avoir les prémices. Je vais vers des pensées difficiles, je pleure .....les émotions négatives continuent de s'évacuer . Puis je me lève à nouveau, et en posant la main sur la rambarde de l'escalier, je vois les visages de toutes les personnes qui ont touché cette rambarde...en tout cas, j'ai cette certitude que c'est ce qu'il se passe.
La soirée continue comme d'habitude, je retourne dans ma "chambre", et je ne dors pas. Le mental reconsidère toutes mes pensées habituelles ou anciennes, et les réajuste avec un nouveau point de vue. C'est apparemment le processus qui se reproduit, pour moi, après chaque cérémonie.

Une cérémonie de plus avec Silvia, qui m'invite à boire un thé chez elle. Elle est plus proche. Ensuite je bois Ayahuasca comme d'habitude. Il n'est pas trop acide. Silvia me laisse seul, comme d'habitude, après une demi heure, je me sens sur le point d'être emmené au loin.....mais il ne se passe rien. J'ai assez vite envie de vomir, mais ça ne viens pas vraiment. Le désir d'une relation est toujours là, obsédant.....Le mental travaille.....trop....Il ne se passe rien.......Silvia reviens, et je bois un deuxième verre....Je ressens cette fatigue, qui viens souvent...de la lassitude.
Silvia reste un moment, chante, j'aime bien l'entendre chanter. J'ai l'impression qu'elle cherche à m'aider dans sa méditation. En même temps je me demande si elle n'attend pas autre chose, et je m'embrouille comme d'habitude, avec des suppositions, du "mental" qui n'a rien à faire là. Je repense qu'elle avait dit, il y a quelques temps qu'elle "tombait" facilement amoureuse....et moi donc...Et l'autre jour, sur le bateau, pour m'expliquer le mot "tanto", elle me dit comme exemple : "eu gosto tanto voce".
Alors ses mots me reviennent, et je me dis que c'est étonnant qu'elle ai choisi cet exemple, ce n'est pas par hasard.
Silvia chante, et je me laisse bercer. Je nous vois dans un immense panier suspendu au "ciel", et qui tourne doucement, comme un manège.....
Avant de partir se coucher Silvia m'invite à venir prendre le petit déjeuner avec elle, demain, pour avoir le temps de parler un peu avant que je ne reparte pour Itacaré.
Je ne dormirais que vers deux heure du matin....toujours le mental...
Nous discutons un peu le matin, au sujet de la manière d'écarter le mental. Il semble qu'il n'y ait qu'à se recentrer sur les ressentis, la respiration, les bruits, la nature autour, les oiseaux...
Je retrouve Itacaré, le bateau, avec ce sentiment qu'Ayahuasca m'a clairement signifié cette fois, qu'il fallait que je fasse un réel effort pour limiter le mental. Cesser d'être sur l'ordi tout le temps, sortir plus, me consacrer plus à ce que je sens en moi.....En même temps, c'est à peine si je sais ce que celà signifie.....D'une certaine façon, sentir, ressentir, pour moi ça passe par le mental, et ce n'est pas de celà qu'il s'agit. Je découvre cette difficulté que je connaissais un peu, et celà paraît encore plus difficile....Car en fait tout ce qui arrive à ma conscience en terme d'émotion, de ressenti, est tout de suite passé à la "moulinette" du mental, cette sorte de raisonnement qui n'en est pas un, mais plutôt une agitation permanente de la pensée, qui juge toute émotion, toute envie, impulsion qui arrive et casse toute spontanéïté dans mes réponses.
Cette semaine, j'ai expérimenté une pensée plus volontaire. J'ai essayé de voir avec plus de précision mon fonctionnement. Silvia m'a invité à venir à un anniversaire.
ça me fait plaisir, et en même temps, c'est le genre de soirée ou je vais m'emmerder copieusement. Je me laisse difficilement aller à danser, et là, personne de connu.....
Donc une semaine à essayer d'exercer ce qu'Ayahuasca me montre depuis deux mois maintenant : "l'intention" . Je me mets donc en tête que je vais profiter de cette soirée, penser à une belle journée. La soirée a eu lieu, et je suis resté un bon moment à regarder passer la vie, le temps, puis j'ai un peu dansé, et c'était bon, de se laisser aller, sans cette peur du regard des autres. En fait le regard le plus dur, c'est celui que je porte sur moi même, en permanence.....Soirée Fantasia, pour laquelle je n'avais rien de spécial à mettre. J'ai fait un effort, un chapeau noir très paysant, une chemise à fleur verte, et un noeud papillon bricolé avec un ruban rose vif.........tout va bien. La soirée c'est bien passée. C'était assez positif pour ne pas avoir de jugement, ou de regrets.
Le lendemain, je reste à Borboletta dans l'attente de savoir si on fait une cérémonie le soir ou pas. Finalement, on la fera demain, et Silvia me propose de me ramener à Itacaré, car elle doit aller à la banque. Ok, je l'invite à déjeuner, et on passe une bonne matinée et journée, tranquille. Pourtant je la trouve très dure, dans ses réflexions au sujet de mon parlé brésilien. Elle me reprend assez souvent, ce que j'apprécie, car j'ai à m'améliorer sur ce plan. D'un autre coté, elle a une manière assez dure de dire ses remarques, et c'est assez difficile à supporter.
A la réflexion, j'ai l'impression qu'elle veut m'amener à plus de tonicité.....Je ne sais pas si c'est calculé, volontaire, ou pas.... Elle doit avoir raison....
Son ton agressif pour me reprocher des fautes de langages n'était pas calculé. Je m'en aperçois, car le lendemain, je reviens pour la cérémonie, et durant le trajet, j'ai droit à des compliments :" La plupart des français parlent moins bien brésilien en si peu de temps". Merci Silvia, je préfère les éloges, plutôt que tes dernières critiques un peu dures à mon goût. C'est ce que je lui dit.
En fait, ça je l'ai pas dit encore, mais il me semble qu'elle est plus "agressive" quand elle a fumé un peu d'herbe.
On se prépare pour une cérémonie avec quatre autres personnes que je ne connais pas, et qui viennent de Piracanga. Ils arrivent avec une heure de retard.
La cérémonie commence, comme nous sommes cinq, Silvia va chanter, et être un peu plus présente. Ayahuasca est acide....Pendant assez longtemps il ne se passe rien, j'ai été un peu perturbé par les autres, qui ont été très bruyants, celà semblait très douloureux pour eux..Après le deuxième verre je me décide à descendre pour vomir. Il semble que je vomi quand je veux. A un moment, je sens que c'est possible, et alors je choisi ou non d'y aller. Comme je suis presque à jeun, c'est moins désagréable, car je ne vomi que du liquide, et donc le "Cha" ou thé . Puis Silvia a commencé à chanter, et j'ai accompagné ses chants, et ce fut super, car des images sont venues accompagner les chants. Je voyais comme des dessins animés pour enfants, avec des papillons qui volaient au rythme de la musique. Dehors c'était encore la pleine lune, les arbres faisaient des ombres fantastiques, et c'était un peu comme si j'avais un concert pour moi tout seul....Un souvenir inoubliable. Plus de mental....Je me suis laissé aller au plaisir de la musique, que j'ai ressenti avec une intensité jamais vécue auparavant. Beaucoup de plaisir à écouter, et tenter de comprendre les paroles.
Après la cérémonie, j'ai pu dormir très vite après avoir mangé quelques pommes.
Je n'ai pas été envahi comme d'habitude par une activité mentale incontrolable.
J'ai l'impression qu'Ayahuasca m'a invité à prendre plaisir à la vie, et a trouvé le moyen de stopper mon mental.
"Silvia", est sympathique pendant la cérémonie, mais en dehors des cérémonies, c'est quelqu'un d'assez rigide, sans complaisance. Ce n'est pas forcément un tors. Elle se protège un peu comme un psychothérapeute qui garde ses distances avec les patients. Parfois ce n'est pas très plaisant.

A aujourd'hui 29 Mai, j'ai vécu 14 cérémonies avec Ayahuasca. On est bien copain maintenant......
Ce chemin est étonnant, et fort, je veux dire "efficace". Si dans le futur je pouvais amener des personnes à le suivre aussi, je serais assez heureux.
C'est tellement plus "réel" que la psychothérapie, et toutes ces démarches alternatives....
Oui, j'emploie à dessein ce mot de réel, car Ayahuasca te met en relation avec toi même.
Bien sûr une part un peu délaissée de soi.
Evidemment, parler de "réel", alors que j'évoque des cérémonies quasi religieuses, avec absorption d'un hallucinogène, c'est assez contradictoire, voir provocateur, ou délirant....Et bien non, rationnaliste, plutôt matheux, manuel aussi, je suis certain aujourd'hui "d'embrasser" un réel plus large, plus vrai, et surtout plus humain.
Ayahuasca semble faire avec une étonnante efficacité, ce que les religions cherchent aussi à faire avec tant d'errements : " nous relier à notre humanité ".
Quand je pense que c'est interdit en France......Mais qu'est-ce qui n'est pas interdit en france ???

 


Un papillon de 20 cm qu'on peut voir dans la forêt.........sans avoir rien "bu".....

15 ème cérémonie, celle commune du premier Juin. Je ne boirais qu'un verre, n'aurais aucune image, que le plaisir de chanter ensemble.
Silvia dira longuement au revoir à un des "frères"...Je suis jaloux....
Le lendemain, elle m'invite à venir prendre un café, avec Philippe, puis je reste seul avec elle. Philippe va me ramener à Serra Grande en voiture, et j'attends qu'il revienne. Il pleut, impossible d'aller se balader. On reste silencieux longtemps. Je suis bien. Cette présence me fait du bien.
On parle un peu, et je parviens à évoquer l'agressivité de Silvia. Je crois comprendre que c'est difficile de prendre en charge des personnes.
Je suggère qu'elle a dû vivre les mêmes difficultés avec Ayahuasca, et qu'elle les revit avec moi. Elle semble d'accord.
Mais je ne suis pas très sûr de la traduction de ce que je veux dire. C'est déjà difficile de parler dans sa langue maternelle....
Ce fut une superbe matinée à rester immobile, face au paysage, peu de mots, j'ai rarement eu autant de plaisir à être.
Mais c'est certain que je dois cet état à la présence de Silvia.......Impossible de savoir plus en détail.......ce qui se passe...

16 ème cérémonie, seul cette fois encore. celà se passe après que j'ai signalé à Silvia, ma tendance à tomber facilement amoureux,
et aussi comment ,après la dernière cérémonie, le lendemain j'avais vécu un très bon moment d'immobilisme, et de contemplation de la nature.
Après avoir bu le "cha", comme d'habitude, je vois des choses "bizarres", des formes et couleurs, avec cette impression d'un début, et qu'il va se passer autre chose.......Alors j'attends.....et rien de plus..
Voilà encore une soirée assez neutre en apparence.
Je vais faire une pause....Silvia part en voyage, et il me semble que j'ai besoin de digérer..
Quelques jours plutard, j'écrit, car le travail de changement de "point de vue" continu. Il devient très clair, que ayahuasca m'a placé à un autre point de vue, et que mon mental continue de revisiter tout mon passé pour le "voir" autrement.
Après des moments de découragement, je reprends confiance.
Cependant trois semaines passent, avec des moments dépressifs, puis une grippe qui m'allonge trois jours, sorti de ça, c'est une diarrhée pendant trois jours..... ça va pas fort. Puis apparait un léger eczéma autour du nez. ça c'est quand je sus pas trop bien.
17 ème cérémonie,bon, je décide de reprendre le chemin d'Ayahuasca, j'hésite, j'y vais ou pas....
Finalement j'y arrive, avec l'intention de demander à Ayahuasca, s'il peut me faire voir les choses en positif, au lieu de cette vieille négativité dont je n'arrive pas à sortir.
Car de celà, j'en ai une conscience plus nette. En effet, une part de moi, comme une instance supérieure, juge tout ce que je fais, ressent,vois, toujours en négatif, et juge aussi les autres, le monde. Et c'est celà qui doit changer.
Donc j'arrive avec ça en tête. Silvia dit que Ayahuasca peut changer " a strutura do pensamento". On va voir.
Je bois le "cha", Silvia me laisse seul, et je vois d'abord comme des images qui pourraient apparaitre...en fait, des images avec seulement les contours, mais pas le contenu...Celà me fait penser que c'est mieux que d'habitude, mais pas suffisant. Comme j'ai fait une diète plus sévère grâce aux deux "maladies" successives, j'ai l'impression que j'aurais pû avoir accès à autre chose, mais qu'il faudrait que je fasse une diète vraiment plus sérieuse, plus longue. Ensuite, je vois des dessins avec des signes géométriques, des ronds, des chiffres...etc...pas grand chose d'autre. Je bois un petit verre de plus pour aider à vomir, et je vomis. Je termine avec cette impression que je ne comprends rien à ce que Ayahuasca me montre. Puis cette impression se transforme en "il n'y a rien à comprendre", ou "ce n'est pas comprendre qu'il faut".
Effectivement la leçon est claire, il ne s'agit pas de comprendre, mais de changer de "point de vue" pour tout.
"Ayahuasca" insiste dans le sens prévisible...
Le lendemain, je suis plutôt bien....plus heureux....moins stressé avec ce terrain ....plus dans l'acceptation. C'est pas radical, mais agréable.
Je m'aperçois qu'en fait c'est une chance que je n'ai pas encore signer l'achat de cette terre, car l'héritier qui vient de se présenter aurait remis en cause cet achat........tout est pour le mieux.

19 Juillet 2013 - Je reviens à Borboletta Azul pour un week end de deux cérémonies. C'est bientot la pleine lune. Première cérémonie à 18h vendredi. Nous sommes 7 dont trois femmes et trois hommes en plus de Silvia. Je suis contrarié car une des femmes est une ancienne compagne de S....et j'ai entendu parlé d'elle. J'ai toujours aussi peu de tolérance, c'est un peu comme si je n'avais pas assez d'énergie pour accepter ce qui vient. La cérémonie sera tranquille. Pas de vision extraordinaire, seulement du bien être à chanter, écouter le vent dans les feuilles, la pleine lune, les oiseaux, grenouilles, et tous ces insectes qui, la nuit tombant, font un vacarme, ou une musique extraordinaire. Le lendemain, samedi, repos et chant vers quatre heure. J'ai beaucoup de plaisir à chanter ces mantras que nous propose Silvia. Je n'en comprends pas le sens, mais c'est agréable, et je ris de me "voir" chanter ces chants religieux. Ce sont , actuellement mes seuls moments de bonheur.
Le lendemain, réveil à 5h du matin, pour une deuxième cérémonie. Silvia nous fait boire un petit verre. Comme ce n'est pas suffisant, nous buvons une demi heure plus tard un verre de plus.
Cette fois Ayahuasca est plus fort, je suis d'abord assez triste, une envie de pleurer....puis viens le sourire, je revois Annie riant....et j'ai une vision d'un jaune orangé, avec des volutes.....qui s'accompagne d'un sentiment de bien être. Beaucoup de plaisir encore à chanter, et à entendre le vent dans les arbres. Les sensations sont fortes. Cet état va durer trois à quatre heures.
Ensuite je retourne dans ma chambre, et en allant aux toilettes, je vois l'intérieur de mes viscères, peut-être l'anus, mais de l'intérieur. Ce sont des visions sans conotations émotionnelles.
Je ressents ensuite une grande fatigue, mais pas d'agitation du mental.
On dirait que le mental est épuisé. Silvia nous ramène à Serra Grande, et nous déjeunons ensemble.
Il y a Alex et Sarah qui pensent descendre à Itacaré, sans trop savoir ou aller.
J'ai idée de leur proposer de venir dormir sur le bateau. Comme d'hab, mon mental vient controler et dire à quoi bon....Alors je me demande ce que j'aurais dit et fais si ce putain de mental ne venait pas tout négativer et dire non. Je parviens à les inviter, et je suis content de cette victoire.
Ce matin pourtant, crise de larme qui n'a pas prévenu. Un genre d'état dépressif. J'écrits le lendemain, et aujourd'hui, j'ai le sentiment d'être dans une autre vie. Il y a longtemps que j'ai l'impression d'être en prison, et là, aujourd'hui j'ai l'impression d'être sorti de cette prison.
Je suis assez content de voir que Ayahuasca continue de produire des effets positifs.
Il semble que je sois sorti du passé, avec une conscience plus claire et précise de ma façon inadéquate de faire des réflexions justes, mais trop pointues et désagréables pour les autres.
J'ai du travail à faire.......

Après une semaine de nav vers Barra Grande, puis Salvador, avec Alex et Tamar, puis Yan. Je retrouve le plaisir de naviguer . j'achète le saxo...et reviens avec Marion.
18 Aout, retour à Borboletta pour ma 20ème cérémonie. J'y vais avec Marc cette fois.
Silvia me donne à boire un petit verre, je ne suis pas bien, j'ai l'estomac dérangé, et rien ne viens.
Je bois un deuxième verre.....je ne sens pas la "force" du cha....puis je vomis un peu.....je suis las, fatigué de tout ça.....Je bois de nouveau un fond de verre, et vais tout vomir cette fois.
Rien de spécial, pas bien, pas en forme. Silvia s'approche plusieurs fois, et chaque fois je suis attiré par elle....Pourtant elle a été un peu dure avec moi, voir désagréable. Les autres sont dans leur trip.....Moi, je les regarde un peu.....Quand Silvia cloture, en chantant le "Aum", j'entends une autre voix faible, qui chante autre chose.....Je ne sais pas ce que c'est......
Voilà, la cérémonie est finie, et je ne sais pas trop ce que j'ai fait....j'ai attendu....rien.....
Je pense à arrêter tout ça.....et en même temps je voudrais arriver à mieux, mais je n'ai plus de force, plus d'énergie pour changer, pour progresser..........
Je n'ai plus la force de changer tout ce qu'il faudrait que je change en moi.
C'est trop difficile...Je suis comme je suis.......et merde......J'ai toujours cette violence , là , toujours prête à sortir.....
En écrivant celà, je me dis que c'est celà qui devrais sortir, peut-être. Mais je sais pas....
J'ai entendu d'autres crier, souffrir, mais moi rien.......Pourtant j'ai de la violence en moi....

En quinze jours les choses ont beaucoup changé, j'ai enfin signé l'achat de ce terrain...le 29 Aout 2013, et je suis en meilleure forme. J'ai lu "la pensée de Dieu" de Bogdanov, où il est question de ce monde gouverné par les nombres.L'hypothèse est que les "nombres" sont à l'origine de toute réalité. C'est très intéressant....et ça me ramène à une séance d'Ayahuasca, au cours de laquelle j'avais souhaité "voir" ce qui faisait marcher le monde. "Ayahuasca" m'avait alors montré des chiffres, des visions de quantité de chiffres entremêlés, et j'avais alors cru que celà voulait dire "arrête le mental ", alors que c'était peut-être une réponse plus directe : le monde tourne ainsi grâce aux chiffres.......C'est ce que disent les "Bogdanov" et de nombreux mathématiciens dans le monde depuis Einstein.....avec les "constantes" remarquables que sont π Pi , le nombre d'or, g , ...etc.......   
2 Septembre, 21 ème cérémonie
, nous y allons avec Marc.
Je bois un verre, le cha parait fort, puis, je suis mal, je me sens très fatigué.....Je vois de la couleur rouge sur Silvia, et des formes bizarres sur les visages des deux filles en face de moi.
Puis la vision de mon entourage devient instable, vibrante, et j'ai l'impression que je vais changer "d'espace temps". Il me revient cette impression d'être à la croisée de chemins . Que tout pourrait être différent si j'osais être ce que je suis, chanter, danser.....Je m'imagine danser sur les chants de Silvia, mais j'ose pas..........Je me vois me lever, danser comme "un danseur".
Je ne suis pas bien......las... j'ai la chiasse...je vais aux WC.....rien....., vomir....., rien , seulement le geste...ça ne sort pas. Je n'ai pas bu le deuxième verre...... Silvia est partie jouer un petit air de saxo, depuis sa maison . C'est super sympa. Quand elle revient, elle m'invite à en boire un petit, histoire d'arriver à vomir. Je vomis un peu, presque rien... Puis la cérémonie se termine, et pendant son rituel de fermeture, je suis particulièrement mal, à la limite du déséquilibre physique. J'ai envie de lui demander d'arrêter avec "son amour de Dieu ". Puis je cours vomir . C'est pas la première fois que je vomis au moment du rituel de sortie.... J'ai l'impression de vomir tout cet "amour de dieu " , malsain...factice.....Amour factice...celui de ma mère....
Enfin, c'était bien de se retrouver là, entendre chanter, et chanter les mélodies......

La signature de cet achat de terre change beaucoup mon état. Je suis à la fois libéré de cette anxiété, de cette tension, d'attente infernale, qui me laissait sans autre choix....Je n'arrivais pas à envisager l'échec de ce projet....Enfin j'y suis...j'ai acheté...Je ne comprend pas pourquoi ça été possible maintenant..??
L'avocate s'est décidée à faire enregistrer ce terrain au nom de la veuve, sans passer par une succession.
Je suis un peu déboussolé. Être resté sans rien faire ou presque , pendant un an et trois mois, je suis un peu rouillé. Faut se remettre en route. Tant de choses à faire tout d'un coup...Faire venir le reste d'économies de France, voir pour les droits de passage...voir comment ça va se passer avec Miguel,Dora, Wippie, qui vivent sur le terrain, voir qui peut réparer la toiture de la vieille maison, le quai à refaire, le restaurant....
Je commence par mettre le bateau à proximité de ma "Fazenda". Je suis assez fier...Je prends mes premiers repas dans "mon restau". Miguel et Dora respectent le contrat qui consiste à me faire un déjeuner tous les jours, en échange du restau dont je leur laisse la gérance.
Miguel me présente un gars pour refaire la toiture. Il me demande 3000 reais pour quinze jours de boulot. C'est beaucoup trop cher...Et je commence à être contrarié par Miguel qui me fait perdre du temps en me présentant ce gars qui exagère vraiment beaucoup...Le salaire minimum est de 680 reais par mois...
Puis je vais voir le voisin, Sr Osmar, dont Miguel me dit depuis huit mois qu'il est d'accord pour le droit de passage...Alors, oui, Osmar est d'accord , mais à condition que je paie une indemnité de 5000 reais. Je lui dis que ce n'est pas possible. Je pars, et rumine cette mauvaise surprise....Je suis persuadé que Miguel est dans le coup. Je l'accuse de m'avoir menti, et me mets dans une grande colère qui les horifie un peu. Après toute cette attente, voir les mauvais contacts que ce Miguel m'ammène, c'est une grande déception. Cet achat commence à devenir un cauchemar. Je dis clairement à Miguel que la seule aide qu'il peut m'apporter, c'est de parvenir à un accord meilleur, moins cher. Il va essayer.....Puis ils veulent voir le terrain que je vais leur donner. Je délimite 1000 m2, puis voyant sa mine grise, je rajoute 200m2, soit 30m par 40m . C'est sûr , c'est pas beaucoup, mais qui leur a déjà donné quelque chose..??? et moi ?? personne m'a rien donné . Quelques jours plus tard, il me montre ou il veut faire sa maison....en dehors des limites définies...300 m2 de plus . Je dis d'accord....en insistant pour dire , c'est la dernière fois, rien de plus, car je n'aime pas du tout être mis devant le fait accompli, et surtout me sentir contraint. En même temps, j'ai acheté une barque, et un moteur, car pour l'instant le seul accès à "ma fazenda" c'est par le Rio. Puis j'ai commencé à refaire cette toiture. D'abord l'escalier..Miguel me regarde commencer le matin, et finir cet escalier le soir. Je marque des points, dans le sens, ou il voit que je sais travailler, et aussi, ce que je leur disais est vrai..Ils m'ont bien aidé à réceptionner le bois , et les plaques de couverture à l'arrivée , même si je me suis tapé tout seul le chargement sur ma nouvelle barque en Alu.
Je contacte un gars pour refaire le quai..après trois jours de discussions, on tombe d'accord sur le prix, et le travail. Miguel me dit que ce "Dodo" n'est pas fiable....mon ami "Lupa" me dit de me méfier..J'hésite, et le fais venir quand même. Je paie les matériaux, et il se charge de les faire transporter. Le transport se passe bien.
Le lendemain, il commence à préparer les ferrailles, et je m'aperçois qu'il a diminué la hauteur des piliers. Je rentre dans une grande colère....Je lui dis que ça ne va pas. Lui dit que ça ira....Non....Il veut rallonger les ferrailles en faisant des raccords...Non, pas d'accord...De toute façon, il ne voudra pas creuser les 1m50 qui étaient prévus..Je lui dis de s'en aller. J'ai peur. Il est en colère lui aussi. Je reste très tendu...Puis il s'en va . Ouf, bon débarras.
Bon, je continue ma toiture....
Vers le 15 octobre, j'ai fini cette toiture..mais j'ai passé un mois et demi à être en colère contre ce Miguel.
A la suite de dispute sur ces droits de passage, je leur ai dit que je ne signerais leur donation que si j'ai les droits de passage.
On voit ensemble Osmar qui est d'accord pour signer ce droit de passage en échange de 3000 reais, je dis d'accord. On prend rendez vous pour Lundi, et Osmar ne viendra pas. Miguel me dit que sa femme a été hospitalisée....
Un peu plus tard, il voit Lupa et lui dit que Osmar et Neneu ne signerons que lorsque j'aurais signé la donation. Miguel dit partout que "Dodo" veut me faire la peau parce que je ne lui ai pas payé ses jours de travail....Travail fait contrairement au contrat passé, avec perte du matériel devenu inutilisable.
Les jours passent, je vois Osmar et lui demande comment va sa femme, "tudo bom graça deus". Elle n'a jamais été hospitalisée...Pas de nouvelle de "Dodo". Marc me conseille de payer Dodo. Ce que je fais, mais celui réclame encore plus...bref...je m'en tiens à un jour de paie pour un travail nul.
Je raconte à Miguel les réponses d'Osmar, dont la femme n'a jamais été malade...?????
Il me répond des histoires...pour garder la "face". Il me ment tout le temps..
Je fini par avoir peur de lui, mais je réussi quand même à lui dire que Lundi quand je signerais cette donation, au même moment, il me faudra les droits de passage signés par Osmar et Neneu.
Il acquiesce....
Je discute un peu avec Wippie , leur enfant adoptif qui a aujourd'hui 52 ans et qu'ils m'ont présenté comme étant un idiot...??? Il m'aide un peu, et ne me parait pas du tout idiot. Ayant vu que Miguel a commencé à construire sa maison, alors qu'il devait attendre, et qu'il lui a fait couper des arbres, je lui précise que c'est moi seul qui commande sur cette fazenda, et qu'il n'est pas l'esclave de Miguel. Je lui demande de voir s'il connait quelqu'un pour débroussailler un chemin, car tout ce que je demande à Miguel n'aboutit pas.
Le lendemain, Cosme se présente pour faire ce travail.
Je raconte tout ça, pour montrer que j'ai rien changé, toujours autant de violence en moi, des complications sans fin...Ayahuasca n'a rien changé , pas de baguette magique. Seule l'expérience reste présente, et me rappelle certaines prises de conscience. Je lache un peu plus de leste qu'avant, mais celà reste très léger, minime...

 

 

 

 

 

 
 
 


 
 


 

 

 


 

 
 

 

 
 


 
 
 
 

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